Christoph Spycher: "Un match difficile"

Forts de leur convaincante démonstration en amical face au Brésil de Neymar (1-0), Xherdan Shaqiri et ses coéquipiers sont donnés favoris face aux Islandais. D'autant qu'ils ont remporté les cinq précédents duels qui ont opposé les deux nations. Le dernier en date, un 2-0 à Reykjavik grâce à Barnetta et Gavranovic en octobre dernier, montre que la Suisse a largement les moyens de s'imposer.

Malgré leur statut d'épouvantails, leur confiance et leurs certitudes, les joueurs d'Ottmar Hitzfeld se devront de garder en mémoire qu'ils ont longtemps buté sur la muraille islandaise avant de trouver la solution, tout comme ils ont peiné à s'emparer de la forteresse chypriote (0-0/1-0).

Le match de vendredi s'apparente donc sous bien des aspects à une peau de banane, qu'il faudra soigneusement enjamber pour défier la Norvège à Oslo, l'Albanie à Tirana et la Slovénie à Berne en position de force.

Rencontré quelques jours auparavant, l'ex-international Christoph Spycher demeure confiant. La Suisse ira au Brésil selon le capitaine d'YB (35 ans).

"Ce n'est pas la blessure qui reste"

RTSsport.ch: Votre aventure avec l'équipe de Suisse s'est terminée sur une blessure (déchirure des ligaments au genou gauche) qui vous a empêché de disputer le Mondial 2010 en Afrique du Sud...

CHRISTOPH SPYCHER:Oui, c'est clair que sans cette blessure... Cela aurait été merveilleux de pouvoir finir sur la Coupe du monde. Mais ce sont des choses qui arrivent dans la vie.

C'était déjà évident dans mon esprit que le moment était venu pour moi d'arrêter en équipe nationale. D'un côté, j'étais revenu à Berne, je voulais vraiment me concentrer sur mon devoir envers le club et y mettre toutes mes forces. D'un autre côté, j'étais devenu papa pour la deuxième fois. Il y avait plusieurs raisons pour lesquelles j'avais envie de mettre un terme à ma carrière internationale. La blessure ne changeait rien à ces raisons. Je ne pouvais pas soudainement dire "ces raisons n'ont plus de valeur" et changer d'idée, continuer.

RTSsport.ch: Vous en gardez des regrets?

CHRISTOPH SPYCHER:Non. Car finalement lorsque vous me parlez de l'équipe nationale, ce n'est pas la blessure qui reste. Ce sont les émotions.

RTSsport.ch: On imagine sans peine que vous suivez encore les matches de l'équipe nationale. Avec quel regard?

CHRISTOPH SPYCHER:

Un regard spécial. Dès que j'entends l'hymne national, cela me fait quelque chose pour l'avoir souvent vécu sur le terrain (47 sélections). Il y a tous les souvenirs qui remontent, les qualifications pour l'Euro 2004, les Mondiaux 2006 et 2010, les participations aux grands tournois internationaux et toutes les émotions que j'ai connues dans ces moments-là.

"Il m'arrive d'aller rendre visite à l'équipe"

RTSsport.ch: Vous restez visiblement très attaché à l'équipe de Suisse...

CHRISTOPH SPYCHER:Oui. Si la Suisse joue à Berne, il m'arrive d'aller rendre visite à l'équipe à l'hôtel. J'y ai encore des coéquipiers, des joueurs avec qui j'ai joué par le passé aussi et des amis.

RTSsport.ch: Le prochain match, ce sera justement à Berne le 6 septembre face à l'Islande. Comment s'annonce cette rencontre selon vous?

CHRISTOPH SPYCHER: Difficile. Les équipes nordiques sont tactiquement très au point, physiquement intéressantes et elles défendent bien. Elles ont un peu le style que la Suisse avait à mon époque et qui posait passablement de problèmes aux grandes équipes. Nous avions par exemple réussi de super matches contre la France.

Mais lorsqu'il s'agissait de faire le jeu, nous avions toujours plus de difficultés. C'est toujours un peu le cas maintenant, je pense, même si l'équipe a fait de gros progrès sur ce point. Ce sera difficile oui, mais je suis persuadé que la Suisse va se qualifier directement pour le Mondial au Brésil et je crois que tout le pays doit être derrière cette équipe.

Je le souhaite à tous les joueurs en tout cas. Une Coupe du monde au Brésil c'est un événement très très spécial. Pour les membres de l'équipe, ce serait une expérience exceptionnelle. Il faut vraiment tout faire pour participer à ce Mondial là-bas.

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Propos recueillis par Ludovic Perruchoud