Les Helvètes sur le chemin de la maturité

La rue Karl Johan du centre d'Oslo a perdu de ses couleurs. Même le ciel norvégien fait grise mine au lendemain d'une soirée où les rêves de Brésil se sont estompés à l'horizon d'une Norvège limitée et mue en victime de la Suisse. Cette dernière repart soulagée et heureuse d'une victoire (2-0), qui s'apparente à un rite de passage,

à une issue sereine à cinq jours placés sous le signe d'un "couac", des doutes, puis de la réaction,de la force de caractère

Pareille à une adolescente, parfois fougueuse, enthousiaste à en oublier la discipline, la jeune équipe de Suisse a fait un pas de géant vers la Coupe du monde 2014. Elle a surtout marché comme une grande vers l'âge adulte.

L'art de se compliquer la vie

"Nous sommes des experts pour nous compliquer la vie", assène Valon Behrami en référence à la rencontre face aux Islandais à Berne vendredi (4-4). "La jeunesse de l'équipe explique cela", poursuit le milieu de Naples.

A l'image de Fabian Schaer, capable de signer un doublé et coupable de légèretés en défense? "C'est devenu un joueur important dans notre groupe", analyse le dur au mal de 28 ans. "Mais il lui manque encore de l'expérience pour gommer les 30 secondes d'absence qu'il peut avoir lors d'un match". Le sourire est franc, la joie d'évoluer dans cette "Nati" frappante. Behrami ne condamne pas, il souligne presque avec tendresse ce défaut de jeunesse.

Von Bergen: "Avec le bon état d'esprit"

Steve Von Bergen abonde dans le même sens en évoquant la prestation de Ricardo Rodriguez à Oslo. "Il est jeune et possède des qualités extraordinaires. Avec les critiques auxquelles il a dû faire face, il a bien réagi".

Le défenseur neuchâtelois d'YB ne peut s'empêcher de sourire lorsqu'on évoque avec lui cet art, propre à la jeunesse, de se compliquer la vie. "On ne peut pas dire le contraire après le 4-4 face à l'Islande. Mais en même temps, ce nul nous a sans doute aidé à venir ici en Norvège avec le bon état d'esprit". Le nul et ses conséquences, à savoir la discussion entre des joueurs qui ont su se remettre en question et chasser le spectre d'une crise en devenir.

Pont: "Trouver de la constance"

Oui, l'équipe de Suisse a pris de la bouteille. Elle a gagné en lucidité, en maturité et a confirmé les promesses d'un bel avenir. Le tout en quelques jours, dont la bonne gestion lui a permis de renforcer de belles fondations.

Reste à bâtir sur ces bases un édifice solide et pérenne. "L'équipe s'est responsabilisée", se réjouit l'entraîneur-assistant Michel Pont avant de tempérer. "Elle a réagi en étant fidèle à notre philosophie de jeu et avec beaucoup de tempérament. Mais il faut continuer à travailler et trouver de la constance dans les performances". Et cela passe par des résultats à Tirana face à l'Albanie, puis à Berne contre la Slovénie (11/15.10).

Ludovic Perruchoud