Cana: "mon parcours est lié à la Suisse"

Partie en 1989 avant la guerre des Balkans, la famille Cana a rejoint le canton de Vaud. Lorik y a vécu de 6 à 16 ans, avant de porter les couleurs du PSG, de l'OM, de Sunderland, de Galatasaray et de la Lazio, depuis 2011.

"Je sais d'où je viens", a expliqué Cana, joint par téléphone. "Mon parcours en tant que personne et joueur est lié à la Suisse. Je n’oublierai jamais Lausanne! J’y vais 2 fois par année".

"Du bon travail au niveau de la formation"

RTSsport.ch: Petit, rêviez-vous d'une telle carrière?

LORIK CANA: C'était un rêve puis un objectif. J’ai eu la chance de disposer de bonnes structures. C'est la Suisse qui m’a offert les conditions pour devenir un bon joueur. Puis je suis parti à Paris pour compléter ma formation.

RTSsport.ch: La Suisse vous a donc servi de rampe de lancement?

LORIK CANA:Tout à fait. La Suisse fait du bon travail. Il y a des talents extraordinaires en Suisse. Des Suisses mais aussi une génération d'émigrés.

RTSsport.ch:Comme des Behrami, Xhaka, Shaqiri...

LORIK CANA: Les garçons que vous citez mais aussi Xhaka ou Dzemaili ont eu une belle opportunité. Et ils l'ont saisie! Pour être très honnête, je suis convaincu qu’il y a des Behrami, Mehmedi, Shaqiri, Xhaka en Albanie... Malheureusement, ils ne bénéficient pas des structures nécessaires pour progresser. C’est dommage. J’ai eu la chance d’avoir grandi en Suisse.

"On est très envieux"

RTSsport.ch:Plusieurs joueurs albanophones ont choisi de porter le maillot de l'équipe de Suisse. Ils feraient beaucoup de bien dans votre sélection!

LORIK CANA: C'est incontestable. Mais je ne souhaite pas faire de polémique à propos des joueurs qui ont choisi le maillot de l’équipe de Suisse. Je connais Xhaka depuis très longtemps. C’est quelqu’un de très bien. Behrami et Dzemaili, je les fréquente dans le championnat italien. On est très envieux car ce sont tous de très bons joueurs qui ont atteint un niveau international.

RTSsport.ch:Même si l'espoir est très mince, l'Albanie croit-elle en une place de barragiste?

LORIK CANA: On va jouer notre carte au maximum. Cette campagne de qualification nous servait au départ de phase de transition, avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur et l’intégration de plusieurs joueurs. Les bons résultats (10 points à 3 longueurs de la 2e place) nous ont ouvert l’appétit. On va essayer de battre le record de la génération précédente entraînée par Briegel, qui avait obtenu 13 points.

Pour l’heure nous avons accompli quelque chose de très bien. Avec les 2 derniers matches qui nous restent on va essayer d’accomplir quelque chose de fantastique pour faire progresser l’Albanie dans le classement FIFA (actuellement: 45e).

"On va jouer pour gagner"

RTSsport.ch:A vous entendre, vous allez vendre chèrement votre peau vendredi. Ce sera très chaud pour l'équipe de Suisse.

LORIK CANA: On va jouer pour gagner. Nous avons mis toutes les équipes du groupe en difficultés. Notre équipe va tout donner. Quant au public il nous a toujours soutenus. Ce sera le dernier match à domicile de cette campagne donc on fera le maximum pour régaler nos supporters.

RTSsport.ch:Avez-vous un message à faire passer à l'équipe de Suisse?

LORIK CANA: Non rien à l’équipe. Par contre au peuple suisse, j’ai simplement envie de lui dire que ce sera surtout une fête entre deux pays qui sont amis. Pendant le match, il y aura beaucoup de rivalité, mais c’est normal. La Suisse est la meilleure équipe du groupe. Nous sommes des compétiteurs et nous avons envie de gagner.

Je pense que tout se passera très correctement. Nous l’avons vu lors du match aller à Lucerne (succès 2-0 de la Suisse). L’état d’esprit était extraordinaire. Les gens étaient mélangés. Vous savez, nous sommes des personnes très terre à terre. Nous savons ce que notre pays doit à la Suisse. La Suisse a permis à bon nombre de nos compatriotes de pouvoir travailler.

RTSsport.ch: D'un point de vue plus personnel. Peut-on imaginer vous voir finir votre carrière au Lausanne Sport?

LORIK CANA:(Rires) Et pourquoi pas? C’est mon premier club et ce serait un sacré clin d’oeil du destin. On n'oublie jamais son premier club. J’ai encore beaucoup d’amis à Lausanne. Je m'y rends deux fois par année.

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Propos recueillis par Miguel Bao