Drmic & Cie retrouvent la flamme

La formation de Vladimir Petkovic a joué durant un peu plus d'une heure la guigne collée aux basques. Des occasions à la pelle, un gardien adverse inspiré, un poteau (56e Admir Mehmedi), une réussite en berne: tous les éléments du scénario catastrophe étaient réunis. Mais la Suisse a dit non. Elle a refusé de revivre le cauchemar slovène et elle s'est libérée, avec les tripes.

La lumière est venue de Drmic

Sous la pluie battante, dans une ambiance morose, la lumière est venue de Josip Drmic. Tout un symbole. En panne de confiance, en manque de temps de jeu, l'attaquant du Bayer Leverkusen est allé au duel avec le portier Giedrus Arlauskis sur un énième corner botté par Xherdan Shaqiri.

A-t-il touché le ballon? Difficile de l'établir avec exactitude, mais il a gêné le gardien et le but libérateur est tombé (66e). Un but de raccroc, pas franchement beau, qui a enthousiasmé cependant les 17'300 spectateurs, qui les a sortis de leur torpeur. L'histoire est d'autant plus belle que le buteur avait été introduit par le sélectionneur deux minutes plus tôt.

Des signes qui ne trompent pas

Cette ouverture du score a scellé le sort de Lituaniens courageux, mais limités. Fabian Schär - 4e but en 9 sélections - a doublé la mise sur un nouveau corner mal dégagé deux minutes plus tard. Puis, le festival Shaqiri a commencé. Le lutin s'est offert un doublé, conclu sur une superbe talonnade, digne d'un joueur en pleine confiance.

Il est des signes qui ne trompent pas. Ils se lisent sur les visages, dans les attitudes, ils se mesurent à la ferveur d'un public soulagé, conquis. Et ils convergent vers une même vérité. Samedi, l'équipe de Suisse a brisé le signe indien. Elle n'a pas baissé les bras, elle a su se faire violence, s'extirper d'un "drame" en devenir.

Mention à Seferovic et Moubandje

Cette victoire est une récompense à une performance de groupe remarquable. Il y a eu des approximations, de la maladresse, des relances hasardeuses, du marquage un peu léger. Néanmoins, l'état d'esprit a lui été exemplaire.

A l'image de celui de Haris Seferovic. L'attaquant de Francfort, parfois nonchalant, n'a pas ménagé sa peine. Et sans un Arlauskis remarquable, il aurait marqué à la 18e sur une tête piquée ou encore sur un tir qui filait dans la lucarne à la 21e. Pour sa première titularisation, François Moubandje a lui aussi été excellent. Vladimir Petkovic peut souffler. Son équipe est désormais pleinement lancée vers l'Euro 2016 en France.

Drmic: "du bien d'être sur le terrain"

JOSIP DRMIC ("auteur" du 1-0, peut-être autogoal du gardien...): Chacun s'est vraiment battu pour l'autre ce soir, a couru pour l'autre. Collectivement, nous avons très bien joué. Mais nous nous sommes aussi montrés patients et, après ce moment "difficile", avec les ballons qui n'entraient pas, ce fut la libération. Et ça m'a franchement fait du bien d'être sur le terrain. L'inscription "Magi" sur mon t-shirt? C'est sur le surnom de mon oncle, très malade, et qui fêtait son anniversaire.

YANN SOMMER:Ce genre de match, j'en ai déjà joué beaucoup. Mais derrière, nous sommes toujours restés tranquilles. En même temps, les Lituaniens n'ont pas vraiment eu d'occasions... La situation s'améliore désormais dans le groupe!

Moubandje: "j'y ai pensé depuis Servette"

FRANCOIS MOUBANDJE (1ère apparition):J'étais un peu nerveux au début. L'équipe de Suisse, j'y ai pensé quand j'étais à Servette. Mais je n'aurais jamais pensé y être déjà 3 ans après mon départ de Genève! Sur mon "jaune", l'arbitre a été un peu dur. Le coach m'a ensuite sorti par peur d'un 2e avertissement. Sinon, j'aime porter le jeu vers l'avant, et aujourd'hui j'ai vraiment pu le faire. Les occasions, on les avait. On savait qu'à un moment ou un autre, on allait marquer.

XHERDAN SHAQIRI (auteur d'un doublé):Nous avons été très bons offensivement. Et nous ne leur avons rien laissés derrière. En plus, je ne marque pas tous les jours de la tête! Tout est devenu plus facile après le 1-0, c'est sûr.

Schär: "Je pensais être hors-jeu"

FABIAN SCHÄR (auteur du 2e but):Nous avons déjà livré une très bonne 1ère mi-temps. Il n'a manqué que les buts. Ensuite, dès le 1-0, nous avons encore mieux joué. A la pause, le coach nous a dit de rester calmes et patients, que ça allait venir.  Un match, ça dure 90' et il ne faut pas obligatoirement marquer dès la 1ère... Mon but? Franchement, je pensais être hors-jeu. Après, nous sommes une équipe et c'est donc bien égal qui marque.

HARIS SEFEROVIC:Les Lituaniens ont très bien joué pendant 50', et leur gardien a été très bon. Mais nous étions clairement meilleurs, et sans leur gardien, nous aurions gagné plus largement encore. Franchement, je n'ai jamais eu la moindre peur.

Behrami: "Toujours trop tôt pour regarder le classement!"

VALON BEHRAMI:Nous savions que la clé, ce serait de rester patients, et c'est d'ailleurs ce que le coach nous a rappelé à la mi-temps. Nous avons eu beaucoup d'occasions, mais finalement notre travail a fini par payer. Après le 1er but, c'est devenu plus facile pour nos attaquants, qui ont pu se faire plaisir et profiter de leurs qualités. Le classement? C'était déjà trop tôt avant le match, et c'est toujours trop tôt pour le regarder. Nous n'avons joué que 4 matches.

JOHAN DJOUROU:Contre ce genre d'équipe, c'est à la Suisse de faire le jeu. Mais au bout d'un moment, quand le ballon n'entre pas, tu as parfois ce "flashback" de la Slovénie. Car ce n'était pas 1-2 occasions, mais 3-4-5-6... A force de louper, tu finis pas te poser des questions (rires).

Saint-Gall, Ludovic Perruchoud et Daniel Burkhalter