La Suisse passera l'hiver bien au chaud

Appliquée, concentrée, la formation de Vladimir Petkovic a livré la copie attendue face à des Féringiens valeureux. Seule ombre au tableau, un manque de réalisme qui a empêché la Suisse de vivre une soirée plus tranquille encore.

Les bons choix de "Petko"

Cette ombre ne résiste toutefois pas à la lumineuse réalité de ce parfait début de campagne sur la route de la Russie. Quatre matches, quatre victoires: une première depuis les éliminatoires pour l'Euro 1972 en Belgique.

Ce sans faute récompense le sélectionneur national qui a su petit à petit apposer sa patte, imposer sa volonté de jouer. "Petko" a surtout donné à la gestion de son effectif, qu'il fait régulièrement tourner, un côté humain dans lequel ses joueurs s'épanouissent. Ses choix lui sourient par ailleurs de manière de plus en plus éclatante. A l'image de la titularisation surprise d'Eren Derdiyok à la pointe de l'attaque dimanche dans l'écrin lucernois.

Un Derdiyok des grands soirs

L'attaquant de Galatasaray a réussi l'une de ses meilleures rencontres sous le maillot helvétique. Très présent dans la lutte physique imposée par l'adversaire, il s'est montré inspiré dans ses choix et ses tentatives. Ses efforts ont payé dès la 27e minute de la rencontre. Parti à la limite du hors-jeu, il a réussi un bijou d'amorti sur une longue ouverture de Valon Behrami avant d'enchaîner avec une frappe parfaite pour ouvrir le score.

De quoi permettre à Derdiyok d'écrire avec son onzième but en sélection le premier chapitre des belles histoires de la soirée. Lui qui n'avait plus connu les joies de la titularisation depuis le 12 octobre 2015 en Estonie, qui n'avait plus marqué depuis le 13... novembre 2015 contre Saint-Marin.

La rédaction du deuxième acte est revenue à l'irréductible capitaine Stephan Lichtsteiner, l'enfant du pays, sevré de temps de jeu à la Juventus. Le latéral lucernois de 32 ans a opposé victorieusement sa tête à un centre de Ricardo Rodriguez (83e) pour sceller le sort des Féringiens. Il n'avait plus marqué avec l'équipe de Suisse depuis le 3 juin 2014 en amical contre le Pérou dans cette même enceinte.

Edimilson Fernandes a lui aussi vécu une jolie soirée. Entré à la 69e à la place de Valentin Stocker, il a réussi une prometteuse première apparition sous le maillot rouge à croix blanche. Admir Mehmedi, qui a touché le poteau à la 78e, et Granit Xhaka, dont la reprise de la 25e a été détournée par le portier Gunnar Nielsen, auraient mérité plus de réussite sous la pluie lucernoise pour leur cinquantième cape.

La même - ou presque - opiniâtreté

Ces aventures personnelles, aussi sympathiques soient-elles, ne doivent pour autant pas occulter l'essentiel: la force collective de cette formation. Celle-ci a maîtrisé son sujet malgré quelques frayeurs et affiché une volonté autrement plus conquérante que lors du triste 2-1 arraché en Andorre un mois auparavant.

Il y a d'ailleurs matière à s'étonner du manque d'enthousiasme d'un public qui a répondu présent (14'800, stade plein) pour se révéler finalement bien silencieux. A l'exception peut-être de ce trompettiste solitaire, au souffle certes parfois court, mais dont l'opiniâtreté exprimée par ses multiples tentatives de mettre le feu n'est pas sans rappeler celle d'une équipe pleine de promesses.

Lucerne, Ludovic Perruchoud - Twitter @LPerruchoud

>> A lire aussi : "j'ai pu rendre à Petkovic la confiance qu'il m'a accordée", confie Derdiyok