"Nous avons plus d'attentes envers nous-mêmes"

"L’Euro est dans un petit coin de ma tête, car l'échéance se rapproche de plus en plus, confie la capitaine helvétique Caroline Abbé. A chaque rassemblement avec l’équipe de Suisse, on en parle, on se prépare pour ce tournoi, donc forcément on y pense."

Les Suissesses ont commencé leur préparation pour l'Euro en janvier à Valence par une lourde défaite contre l'Espagne dans un match non-officiel (8-1). "Ce match a agi sur nous un peu comme une alarme. On s’est toutes remises en question."

Une remise en question salutaire, qui leur a permis de rebondir à la Cyprus Cup. Après un match nul contre la Belgique et deux succès contre l'Italie et la Corée du Nord, elles se sont imposées en finale contre la Corée du Sud (1-0).

Un succès historique à Chypre

"C’est la première fois qu’une équipe nationale féminine remporte un tournoi international, rappelle la gardienne Gaëlle Thalmann avec le sourire. C'est un événement positif pour le groupe. Cela nous permet d'aller de l'avant. Après la Coupe du monde, il y a peut-être eu une petite baisse de régime, car il y a désormais plus d’attentes, plus de concurrence... Ce succès à Chypre nous a redonné un élan positif."

"On est toujours contentes de se retrouver. Cela n'a pas toujours été le cas par le passé. Mais je crois que nous avons réussi à construire quelque chose de sincère dans cette équipe depuis 2013. Et cette bonne ambiance est bénéfique lors de nos matches", poursuit la Fribourgeoise.

"Les gens attendent plus de nous"

Grâce à cet état d'esprit et leurs performances, les Suissesses progressent d'année en année. Après une première participation à une Coupe du monde en 2015 et une campagne de qualification pour l'Euro 2017 terminée invaincue, un nouveau palier a été franchi à la Cyprus Cup, selon Abbé. "Cette victoire a provoqué un déclic dans nos têtes. Cela nous a prouvé qu'on est capables d'obtenir un tel résultat et qu'on peut rivaliser avec de très bonnes équipes comme la Corée du Nord et la Corée du Sud."

Avec de telles performances, les exigences ne deviennent-elles pas plus grandes? "C'est clair qu'on a plus d'attentes envers nous-mêmes, acquiesce Thalmann. C'est positif, cela montre qu'on a atteint un autre niveau."

Un avis partagé par sa capitaine qui souligne que "la pression vient aussi de l'extérieur. Avec nos résultats, le gens attendent de plus en plus de nous. C’est ce qui nous a fait passer d’outsider à favori, notamment en qualifications. A nous d'assumer ce changement de statut."

Objectif minimum: les quarts

La sélection de Martina Voss-Tecklenburg est donc bien loin de l'image de "la petite Suisse" qu'on lui prêtait encore il y a une dizaine d'années. Mais les joueuses helvétiques gardent les pieds sur terre et se montrent réalistes à l'heure d'afficher leurs ambitions pour l'Euro. "On sait qu'on n'a pas encore notre place tout en haut avec les grosses équipes. On est encore en train d'évoluer", explique la Genevoise Abbé.

Une élimination en phase de groupes à l'Euro serait toutefois une déception. "Notre objectif est d'atteindre les quarts, même si cela ne sera pas facile, confirme Thalmann. La coach nous a parlé des demi-finales. On ne sait jamais. Sur un match, tout peut arriver!"

Kloten, Jennifer Ballmer - @jenni_ballmer