"Il faut s'engager et faire bouger les choses", avait dit Andy Egli lors de son arrivée au FCL Frauen. Le Zurichois (59 ans) tient promesse, lui qui se bat avec énergie pour la reconnaissance du foot féminin en Suisse.
RTSsport.ch: Quel regard portez-vous sur l'évolution du foot féminin en Suisse?
ANDY EGLI: Je pense que nous sommes sur la bonne voie. La participation de l'équipe de Suisse à la Coupe du monde au Canada en 2015 a été un grand pas en avant. Beaucoup de gens ont été surpris de la qualité de notre équipe nationale. Depuis quelques années, la plupart des joueuses évoluent à l'étranger et ont un très bon niveau. Il y a aussi de plus en plus de joueuses talentueuses qui émergent. La continuité est donc assurée.
RTSsport.ch: Sentez-vous une volonté de la part des clubs de développer le foot féminin?
ANDY EGLI: Oui, mais il y a encore beaucoup de travail. Les clubs masculins sont responsables de l'évolution du foot féminin. Ils ne peuvent plus ignorer le fait que le foot féminin est de plus en plus important et mérite du respect. Les femmes doivent être reconnues non seulement dans la société et le monde politique, mais aussi dans le sport. Pour ma part, je vais continuer à me battre pour qu'elles obtiennent cette reconnaissance.
Utiliser une excuse financière est trop facile
RTSsport.ch: Pourquoi certains clubs rechignent-ils encore à investir dans le foot féminin?
ANDY EGLI: Actuellement, les équipes féminines coûtent plus qu'elles ne rapportent. Il n'y a pas d'indemnité de formation et de grosses sommes de transferts. Les matches n'attirent pas beaucoup de spectateurs en Suisse. Au contraire, chez les hommes, on peut rentabiliser l'argent qui est investi. Mais utiliser cette excuse financière pour ignorer le foot féminin est trop facile selon moi. A long terme, je pense que les clubs qui soutiennent les femmes en profiteront.
RTSsport.ch: Le foot féminin n'est pas le seul à souffrir du manque d'argent en Suisse. D'autres sports connaissent aussi des difficultés...
ANDY EGLI: C'est vrai. Il y a sans doute un problème de mentalité en Suisse. Je crois que nous ne sommes pas un pays fait pour le sport d'élite. C'est peut-être à cause de notre conservatisme. Les Suisses ont tendance à aimer leur confort, à vouloir être dans la moyenne. On regarde d'un oeil méfiant ceux qui ont une trop grosse confiance en eux, qui sont très ambitieux. Cela n'amène pas vraiment une volonté de se surpasser et ne pousse pas à faire des choses extraordinaires.
Le foot féminin offre du spectacle
RTSsport.ch: Comment développer davantage le foot féminin en Suisse?
ANDY EGLI: Nous avons une qualité de formation excellente. Il faut poursuivre sur cette voie tout en développant des structures de plus en plus professionnelles. Les femmes doivent également prendre davantage de responsabilité dans les clubs. Il n'y en a pas encore assez. Si elles veulent obtenir plus de reconnaissance, elles doivent accepter d'assumer des responsabilités en tant qu'entraîneuse ou dirigeante. Ce serait bien que des joueuses qui évoluent actuellement à l'étranger le fassent lorsqu'elles finiront leur carrière.
RTSsport.ch: Que faire pour amener plus de public aux matches de foot féminin?
ANDY EGLI: Nous pouvons imaginer par exemple faire jouer les femmes après les hommes. A Lucerne, nous travaillons là-dessus. Nous avons joué contre Zurich dernièrement au stade. Il faut que cela devienne une habitude et que les gens deviennent plus sensibles au foot féminin. Ce foot offre du spectacle, le niveau technique est excellent. Et il y a moins de triche que chez les hommes!
RTSSport.ch: Regarderez-vous les matches de l'équipe de Suisse à l'Euro?
ANDY EGLI: Oui, bien sûr, je vais les suivre à la télévision. Je suis certain que les Suissesses vont passer la phase de poules. Cette équipe a de la qualité. Martina Voss-Tecklenburg a amené un esprit de combativité et son ambition aux Suissesses. L'équipe peut aussi compter sur des joueuses extraordinaires comme Ramona Bachmann ou Lara Dickenmann. Elles n'ont rien à envier aux hommes.
Lucerne, Jennifer Ballmer - @jenni_ballmer
Lucerne sur la bonne voie
Anciens joueurs de l'équipe nationale, Andy Egli et Alain Sutter partagent un autre point commun: ils s'occupent tous deux de clubs féminin, respectivement à Lucerne et à GC. "J'ai une sensibilité envers le foot féminin, raconte Egli. Il faut dire que j'ai quatre femmes à la maison! J'ai également déjà entraîné des femmes par le passé."
Le Zurichois n'a pas hésité longtemps avant d'accepter le poste de directeur technique du secteur féminin de Lucerne en novembre 2015. "Je connaissais déjà le niveau des joueuses dans la région. Et surtout, le potentiel des femmes est énorme. Elles sont certes moins nombreuses que les hommes à jouer au foot, mais leur qualité moyenne est meilleure. Elles progressent très vite, les améliorations sont rapidement visibles. C'est très motivant de travailler avec elles."
Lucerne a fini le championnat à la 4e place. "Nous avons fait un très bon championnat avec les moyens à notre disposition. Nous sommes sur la bonne voie. Je pense que le club peut faire partie des meilleures à l'avenir et être compétitif avec Zurich, YB ou encore Bâle."
UEFA Euro dames 2017, la sélection suisse
But: Seraina Friedli (Zurich), Stenia Michel (Bâle), Gaëlle Thalmann (Verona/ITA)
Défense: Caroline Abbé (Zurich), Sandra Betschart (Duisburg/GER), Jana Brunner (Bâle), Ana-Maria Crnogorcevic (Frankfurt/GER), Rahel Kiwic (Potsdam/GER), Noëlle Maritz (Wolfsburg/GER), Rachel Rinast (Bâle)
Milieu: Vanessa Bernauer (Wolfsburg/GER), Vanessa Bürki (Bayern Munich), Viola Calligaris (Young Boys), Lara Dickenmann (Wolfsburg/GER), Sandrine Mauron (Zurich), Martina Moser (Zurich), Meriame Terchoun (Zurich), Lia Wälti (Potsdam/GER), Cinzia Zehnder (Zurich).
Attaque: Eseosa Aigbogun (Potsdam), Ramona Bachmann (Chelsea/ENG), Fabienne Humm (Zurich), Géraldine Reuteler (Lucerne)
UEFA Euro dames 2017, programme de la Suisse
Groupe C:
Autriche - Suisse 18.07 18h Deventer
Islande - Suisse 22.07 18h Doetinchem
Suisse - France 26.07 20h45 Breda
Tous les matches de l'équipe de Suisse seront à suivre sur RTS Deux.