Le FC Porto a remporté l'Europa League à Dublin en battant Sporting Braga 1-0 dans un derby portugais inédit mais de qualité décevante. Falcao a inscrit le but décisif juste avant le repos. Il s'agit du quatrième titre gagné par Porto sur la scène européenne, après deux Ligues des champions (1987/2004) et une Coupe UEFA (2003).
L'équipe de Villas-Boas, qui a écrasé la concurrence dans son championnat (27 succès et 3 nuls en 30 matches, champion avec 21 points d'avance), ponctue ainsi de belle manière une saison exceptionnelle. Ce sacre répond aussi à une certaine logique au regard des forces en présence, Porto disposant d'un budget environ trois fois plus élevé que celui de son adversaire. Ce duel portugais n'a jamais véritablement décollé. Mis à part le premier quart d'heure, encore assez rythmé et durant lequel Custodio (4e) pour Braga puis Hulk (7e) en face se faisaient menaçants, le jeu n'a pas atteint des sommets, tant s'en faut.
De nombreuses fautes et mauvaises passes ont régulièrement cassé la fluidité de la rencontre. Pour contrer la supériorité tant collective qu'individuelle de Porto, les joueurs du Sporting misaient comme à leur habitude sur une discipline défensive très stricte, avec en prime une agressivité certaine dans les duels. Les limites étaient parfois franchies, comme sur un incroyable tacle par derrière de Silvio sur Hulk (30e).
L'arbitre faisait preuve d'une magnanimité coupable en ne sortant qu'un carton jaune, alors que le rouge semblait vraiment s'imposer.
Falcao évidemment
Alors que la mi-temps approchait et que l'ennui s'installait, Porto trouvait l'ouverture sur sa première occasion. Sur un centre de la droite de Guarin, Falcao marquait de la tête (44e). Le Colombien inscrivait du coup son 17e but en Europa League cette saison.
Les grands clubs du continent vont sans doute faire le forcing cet été pour recruter ce prolifique buteur. Sa clause libératoire serait fixée à 30 millions d'euros. La réussite de Falcao modifiait théoriquement les données tactiques du match.
Braga ne pouvait dès lors plus s'appuyer uniquement sur son organisation défensive et se voyait dans l'obligation de desserrer le frein à main. Pour ce faire, l'entraîneur Domingos Paciencia effectuait deux changements à la pause.
Joli cadeau pour Helton
L'un des nouveaux entrés, Mossoro, bénéficiait après quelques secondes d'une énorme occasion d'égaliser quand il se présentait seul face à Helton, qui sauvait du pied droit (46e). En la circonstance, le portier brésilien se faisait un joli cadeau d'anniversaire le soir de ses 33 ans... La seconde période, elle aussi, ne proposait guère d'actions croustillantes. Porto gérait sans trop de problème son avance, contre un rival très limité dans son expression offensive.
Villas-Boas, plus jeune entraîneur vainqueur d'une Coupe d'Europe
L'entraîneur du FC Porto, André Villas-Boas, est devenu à 33 ans et 213 jours le plus jeune technicien à soulever une Coupe d'Europe après la victoire de son équipe face à Braga. Villas-Boas bat ainsi le record jusque-là détenu par l'Italien Gianluca Vialli, qui a remporté en 1998 la Coupe des coupes avec Chelsea à l'âge de 33 ans et 308 jours.
Villas-Boas a commencé sa carrière au FC Porto à l'âge de 17 ans aux côtés de Bobby Robson. Après le départ de l'Anglais et un bref passage comme sélectionneur des Iles Vierges britanniques, il devient le bras droit de José Mourinho chez les Dragons.
Avec le "Mou", Villas-Boas est de tous les succès de Porto (Coupe de l'UEFA 2003, Ligue des champions 2004) et accompagne ensuite son compatriote à Chelsea et à l'Inter Milan. D'où son surnom de "Special Two".
En 2009, il décide de voler de ses propres ailes et prend la direction de l'Academica Coimbra. Après un maintien assuré, il prend les rênes du FC Porto et réalise un sans faute: un titre de champion remporté haut la main devant le vieil ennemi, le Benfica Lisbonne, et l'Europa League.
Qualifié pour la finale de la Coupe du Portugal, le 22 mai contre le Vitoria Guimaraes, Villas-Boas pourrait réaliser un magnifique triplé pour clore en beauté sa première saison chez les Dragons à même pas 34 ans.
Plus jeunes entraîneurs vainqueurs d'une Coupe d'Europe:
1. 33 ans et 213 jours: André Villas-Boas (FC Porto, Europa League 2011)
2. 33 ans et 308 jours: Gianluca Vialli (Chelsea, Coupe des coupes 1998)
3. 34 ans et 102 jours: Sven-Göran Eriksson (IFK Göteborg, Coupe UEFA 1982)
4. 34 ans et 163 jours: Victor Fernandez (Real Saragosse, Coupe des coupes 1995)
5. 36 ans et 101 jours: Joaquim Rifé (FC Barcelone, Coupe des coupes 1979)
6. 36 ans et 128 jours: Valery Lobanovsky (Dynamo Kiev, Coupe des coupes 1975)
agences/bao
Europa League, finale à Dublin (18.05)
Porto - Braga 1-0 (1-0)
44e Falcao 1-0.
Aviva Stadium, Dublin. 45391 spectateurs.
Arbitre: Velasco Carballo (Esp).
FC Porto: Helton; Sapunaru, Rolando, Otamendi, Alvaro Pereira; Guarin (73e Belluschi), Fernando, Moutinho; Hulk, Falcao, Varela (79e J. Rodriguez).
Sporting Braga: Artur; Miguel Garcia, Paulao, A. Rodriguez (46e Kaka), Silvio; Custodio, Hugo Viana (46e Mossoro), Vandinho; Alan, Lima (66e Meyong), Paulo César.
Notes: Porto sans Fucile et C. Rodriguez (blessés).
Avertissements: 23e Hugo Viana, 30e Silvio, 49e Sapunaru, 55e Miguel Garcia, 59e Mossoro, 79e Kaka, 90e Helton, 93e Rolando.
Braga banlieue de… Thoune
Ce qu’il y a de merveilleux dans le sport, et dans le football plus singulièrement, c’est que rien n’y est impossible. Dans le court terme en tout cas. La présence en finale de l’Europa Ligue de Braga, surclassé en Ligue des champions, en est une démonstration étincelante. Et le verdict de cette finale contre le voisin et grand frère Porto ne change rien à l’affaire.
Club inconnu hors du Portugal comme l’était Thoune, hors de Suisse, à l’époque de sa folle aventure en Ligue des champions, Braga nous rappelle que les plans d’affaires les plus affinés ne sauraient modifier la glorieuse incertitude du sport. Sur le terrain, hier soir, ils étaient onze contre onze, pas un de plus, pas un de moins. A armes égales. Ou presque, s’il n’était la longueur du banc comme le veut une expression contemporaine amusante mais fort pragmatique. Car dans une compétition comme le championnat, l’importance du contingent permet à l’entraîneur de procéder à des rotations et d’aligner en permanence une formation compétitive. Cela fait la différence et Porto n’a jamais douté de son nouveau sacre dans le championnat lusitanien. En coupe, qu’elle soit d’Europe ou nationale, tout se joue en quelques minutes et la longueur du banc ne peut intéresser que les ébénistes au chômage.
Porto a gagné. De justesse. Goliath a terrassé David. Même si David ne répond plus tout à fait à cette description car Braga s’est renforcé depuis quelques saisons et vient déranger avec succès le monopole de Porto, Benfica et du Sporting dans la compétition nationale.. Grâce à un entrepreneur du bâtiment entièrement acquis à la cause de son club et étroitement lié aux intérêts du pays.
La parabole du pauvre et du riche, de l’humble et de l’arrogant, m’inspirait particulièrement. L’honnêteté intellectuelle m’amène malheureusement à constater que David a posé sa fronde pour se munir des mêmes armes que Goliath. Et il les a rendues, dans l’ennui et sans audace, à Dublin, en même temps que son âme.
Alain Meury