FC Sion, Bosman: aux origines, pas de grands clubs ni de vedettes. Au début des années 1990, Jean-Marc Bosman, joueur belge de deuxième zone, voulait faire sauter les entraves de son club de Liège pour signer à... Dunkerque. Et en 1995, l'arrêt rendu par la Cour de justice des Communautés européennes (CJCE), qui porte depuis son nom, a fait voler en éclats le système des transferts alors en vogue pour les footballeurs professionnels. Ce fut, entre autres, la fin du quota des joueurs européens dans les clubs.
Le dossier de Sion est différent sur la forme mais sur le fond, les répercussions pourraient être de même magnitude.
Au départ, il y a un modeste club, le FC Sion, condamné par la Fédération internationale (FIFA) à une
interdiction de recrutement pour avoir forcé un joueur d'un club égyptien à rompre son contrat pour rejoindre la Suisse. Interdit de recrutement pendant deux périodes (mercato hivernal puis estival), le FC Sion a pourtant engagé six joueurs cet été.
La brèche
En multipliant les procédures, le très remuant président sédunois Christian Constantin déniche une brèche dans la justice locale suisse et les joueurs incriminés évoluent alors, notamment, en Europa League, compétition sous l'égide de l'UEFA.
Le FC Sion élimine en barrages le Celtic Glasgow, qui proteste et obtient gain de cause devant l'Union européenne (UEFA). Glasgow intègre le groupe I (avec Rennes, l'Atletico Madrid et Udinese) et Sion est exclu.
La FIFA craint des émules
Mais le bras de fer juridique continue. L'UEFA ne reconnaît que l'autorité du Tribunal arbitral du sport (TAS), que ne veut pas saisir Sion. Le club suisse trouve un écho favorable auprès des tribunaux civils: Michel Platini, président de l'UEFA, a même été entendu plusieurs heures mercredi par un procureur du canton de Vaud en Suisse!
La FIFA tire le signal d'alarme. Une résolution de son comité exécutif, gouvernement du football mondial, a souligné jeudi que le système des compétitions "ne serait plus possible si tous les clubs et joueurs allaient en justice devant un tribunal local quand ils sont en désaccord avec des décisions devenues définitives et contraignantes".
Consultation
L'UEFA a organisé vendredi "une réunion de consultation" sur le cas du FC Sion avec les responsables des quatre clubs engagés dans le groupe I de l'Europa League. Mais "aucune décision" n'a été prise, a annoncé Pierre Dreossi, le manager du Stade Rennais, engagé dans la poule avec l'Atletico Madrid, l'Udinese et le Celtic Glasgow.
"Il n'en est pas sorti grand chose, c'était une réunion de consultation sur l'éventuelle réintégration du FC Sion, mais il n'y a eu aucune décision, ce n'était pas l'objectif, a expliqué Dréossi. C'est l'UEFA qui prendra la décision. Nous comprenons les problèmes juridiques posés, mais tout cela n'est pas de notre ressort. C'est un problème entre Sion et l'UEFA."
agences/hdel
Sion montre la voie
Si Sion obtient gain de cause, au-delà du casse-tête de sa réintégration dans un calendrier déjà surchargé, l'UEFA aura du souci à se faire pour son prochain grand combat: le fair-play financier.
C'est la mesure phare du président Platini, qui implique qu'un club ne dépense pas plus d'argent qu'il n'en gagne, sous peine d'exclusion des compétitions européennes, dont la lucrative Ligue des champions. Le calendrier de cette nouvelle règle est connu: premiers audits dès 2011-12, équilibre à atteindre en 2013-14, et sanctions éventuelles, pouvant aller jusqu'à l'exclusion des compétitions, à partir de 2014-15.
"Les clubs (s'ils sont exclus de la Ligue des champions) nous traîneront en justice, je le sais. C'est la première chose qu'ils feront", reconnaissait Platini fin septembre dans la Gazzetta dello sport. Depuis, Sion a fourni aux éventuels futurs plaignants le mode d'emploi avec les cours de justice cantonales de Suisse, pays où sont basées FIFA et UEFA.