Après 22 minutes, l'arène des "Taureaux" autrichiens, qui a fait le plein de spectateurs pour la quatrième fois de la saison, a mugi de plaisir: 1-0. Logique. Le but de Jonatan Soriano, son huitième en EL, a récompensé un début de match tonitruant des Salzbourgeois, plus tranchants qu'à l'aller (0-0).
A cet instant de la partie, plus grand monde n'a pu se targuer d'y croire encore. Les "Rotblau" ont semblé condamnés à boire le calice jusqu'à la lie.
Quand des "fans" dérapent
Une poignée de "fans" bâlois ont ainsi exprimé toute leur désillusion de la plus stupide des manières, en balançant des projectiles sur la pelouse. L'arbitre Manuel Graefe a alors pris la décision de renvoyer les équipes aux vestiaires pour calmer le jeu. Le président Bernhard Heusler a lui-même (!) traversé la pelouse pour essayer de ramener à la raison des "supporters" du FCB.
Après l'expulsion de Marek Suchy pour un tacle aussi stupide qu'assassin (9e) et le 1-0, le match a paru s'acheminer vers la catastrophe. Mais la quinzaine de minutes d'interruption forcée a agi comme un détonateur, celui qui a mené les Rhénans à se révolter face à un destin tout tracé.
Dix minutes complètement folles
C'est le capitaine Marco Streller qui s'est chargé de faire basculer le match. L'ancien international suisse a placé un coup de tête victorieux, sur corner, à la 50e minute. Fou, complètement fou. D'autant qu'Arlind Ajeti a bien failli voir rouge dans la foulée.
Le défenseur a répondu aux provocations d'Alan par un léger "coup de boule", qui aurait dû lui valoir l'expulsion. Le directeur du jeu s'est montré clément, le FCB peut lui dire merci. Car quelques minutes plus tard, sur un nouveau coup de coin, le même Ajeti a livré un duel acharné de la... tête. La balle est revenue sur Gaston Sauro qui ne s'est pas fait prier (60e). En dix minutes, Bâle a écorné le taureau.
Une leçon bâloise de ténacité
De ce duel à la rare intensité émotionnelle, bien des images demeureront: l'ambiance de feu de l'arène autrichienne, l'interruption du match, les deux expulsions (Alan a été exclu pour un deuxième jaune à la 86e), le retournement de situation, les multiples occasions de Salzbourg, sa maladresse dans les derniers gestes et, surtout, le caractère du leader de Super League.
L'attaquant Giovanni Sio l'avait prédit, les Rhénans devaient faire preuve d'une volonté de fer pour se qualifier. Il a été plus qu'entendu. Car dans la paisible nuit autrichienne, Bâle a donné une leçon de ténacité. Reste à espérer que l'imbécillité de quelques pseudos supporters ne gâchera pas la fête.
Yakin: "L'équipe la plus intelligente"
MURAT YAKIN (COACH BALE): L'équipe s'est bien battue. Elle n'était pas la meilleure sur la pelouse, mais peut-être la plus intelligente. Mes joueurs n'ont jamais abandonné et ont livré une très bonne deuxième mi-temps.
GASTON SAURO (BALE/1-2): Je pense qu'on s'est vraiment battu jusqu'à la dernière minute. On savait qu'il ne nous fallait qu'un but après avoir perdu la première période 1-0, alors on a tout donné. L'interruption nous a permis de mieux nous organiser pour la suite du match. Une faute sur mon but? Non (rires), je ne pense pas. Ajeti s'est battu dans son duel, moi aussi et voilà.
Streller: "Un scénario fou"
MARCO STRELLER (BALE/1-1): On a fait preuve d'une incroyable solidarité, d'un remarquable esprit d'équipe. Je suis très fier de notre performance. C'était une rencontre avec un scénario fou. Salzbourg est une équipe très rapide, très dangereuse comme on a pu le voir. Mais on s'est bien battus pour décrocher notre qualification. Quand on joue pendant 80 minutes à 10 contre 11, on peut dire qu'on la mérite, même s'il est vrai qu'on a eu un peu de réussite.
Mon record (ndlr: avec son 23e but, il passe devant son "pote" Alex Frei, qui avait inscrit 22 buts avec le FCB sur la scène européenne)? Cela fait plaisir, mais le plus important pour moi est la qualification en quarts.
Mon but? Je me suis dit d'abord qu'il était tombé un peu tôt, mais avec le 2-1... (rires)
Sommer: "toujours cru en nos chances"
YANN SOMMER (BALE): On a toujours cru en nos chances même si tout s'est ligué contre nous en début match. Cela a été très difficile, la rencontre a été intense, très engagée. On n'a pas hésité à se livrer à fond dans les duels. L'expérience? Elle a peut-être joué, c'est difficile à dire. Mais je crois surtout qu'on une superbe équipe. Peu importe l'adversaire en quarts, c'est déjà magnifique d'y être,
GIOVANNI SIO (BALE): Un miracle? Oui et non. La situation était difficile, mais on est toujours resté confiant. On s'est montré très combatif, on s'est créé des occasions et on a cru en nos chances. Le but de Streller nous a libérés, on a plus osé par la suite.
Mané: "Salzbourg méritait de gagner"
SADIO MANE (SALZBOURG/suivi par quelques scouts dont celui de Manchester City, présent en Autriche): Je ne sais que dire, c'est difficile. On mérite vraiment de gagner ce soir. On a eu pas mal d'occasions, j'en ai eu deux, mais on a pas réussi à marquer et on a perdu. Il faut aller de l'avant, la saison n'est pas finie, il nous reste encore des matches, il faut se concentrer dessus.
RAMALHO (SALZBOURG): Notre équipe a été la meilleure sur les deux matches. Ce soir, ils avaient un joueur de moins, on menait 1-0 et ils ont marqué sur leurs deux seules occasions de la rencontre. On aurait dû faire plus attention sur ces coups de pied arrêtés.
Salzbourg, Ludovic Perruchoud