- La phase de groupes de la Ligue des champions n’a jamais commencé aussi tard dans l’année. Existe-t-il encore de la place pour une nouvelle urgence, une nouvelle situation difficile?
ALEKSANDER CEFERIN: Je suis un optimiste et je suis sûr que nous allons sortir de cette terrible situation très bientôt. Je pense que la saison se terminera normalement, je pense que les fans reviendront bientôt dans les stades, je veux et nous devons être optimistes, nous devons amener de l’espoir aux gens et pas être inquiets en permanence et penser au pire scénario. J’ai toujours en tête le meilleur scénario, c’est ce qui vous fait vivre, qui vous rend fort. Et si quelque chose arrive nous nous adapterons, nous avons montré que nous pouvons le faire.
- Nous parlerons bien sûr du retour des fans dans les stades, mais avant cela j’aimerais revenir à la façon dont vous avez géré la fin de la saison dernière, avec notamment le Final 8 pour la Champions et l’Europa League. Ca a été vu comme un succès, vous-même avez dit qu’il s’agissait d’un format très intéressant. Est-ce que nous avons vu là un aperçu de ce que pourrait être le futur, par exemple sous la forme d’un final 4? Ou en êtes-vous après y avoir réfléchir quelques semaines de plus?
ALEKSANDER CEFERIN: Tout d’abord, oui ça a été très intéressant et il est clair que chaque situation difficile est aussi une opportunité. Je doute que nous parvenions à refaire un final 8 en raison du calendrier très tendu. Mais pour moi, même si nous n’en avons pas encore discuté précisément, un final 4 pourrait être intéressant dans le futur. Quoi qu’il en soit, rien ne changera avant 2024, car le produit jusque là a déjà été vendu.
Des stades remplis à 30%
- L’un des aspects de ce final 8 bien sûr, a été de voir tous ces matches se tenir à huis clos. Jusqu’à quand devrons-nous accepter, nous habituer à voir des matches internationaux se jouer sans public?
ALEKSANDER CEFERIN: Nous avons décidé, aujourd’hui-même, à l’UEFA, que nous allons autoriser des spectateurs jusqu’à 30% de la capacité des stades, sous réserve d’autorisations de chaque gouvernement et en respectant strictement le protocole sanitaire. A partir de la semaine prochaine, nous aurons donc du public aux matches, pas des stades pleins bien sûr mais jusqu’à 30%, mais ça dépendra des pays.
- Les protocoles sont évidemment aussi sur le devant de la scène lorsqu’on parle des équipes et de leurs voyages. Lorsqu’elles restent dans leur pays nous avons maintenant appris à organiser les matches avec une certaine sécurité. Mais à quel point est-ce difficile de travailler avec ces mêmes clubs, les différents gouvernements, pour que les rencontres internationales puissent continuer ? Je parle tout autant des compétitions de clubs que d’équipes nationales.
ALEKSANDER CEFERIN: C’est un très gros challenge. Les discussions avec les différents gouvernements sont difficiles. Nos fédérations nationales nous aident beaucoup, certains gouvernements sont ouverts à la discussion, d’autres ont peur de décider quoi que ce soit. Croyez-moi, nous n’avons pas beaucoup dormi depuis le mois de mars.
- Avez-vous dû beaucoup lutter pour maintenir cette saison de ligue des nations, par exemple contre certains clubs puissants qui ne sont pas très heureux de la voir se tenir ?
ALEKSANDER CEFERIN: Vous serez surpris d’apprendre que nous n’avons pas eu à lutter du tout. Je dois dire que cette situation a été, comme je le disais avant, une opportunité de se montrer solidaire. Nous avons été les premiers à le faire à l’UEFA, en reportant l’Euro et à laisser les championnats nationaux aller à leur terme. Les ligues ont montré beaucoup de solidarité envers nous, tout comme les clubs. Ils comprennent que la situation est difficile, que nous devons nous aider que c’est seulement ainsi que nous serons forts et que l’ecosystème ne s’écroulera pas.
- Cet ecosystème, vous en êtes le coeur. Vous parlez avec les clubs et les fédérations, quelles sont les peurs principales du moment dont ils et elles vous font par, et à propos desquels ils et elles ont besoin de votre aide ? L’argent?
ALEKSANDER CEFERIN: Les clubs, surtout les clubs, et aussi les ligues, sont frappées durement par l’absence de spectateurs. En raison des stades vides, ils sont en manque de revenus et ils doivent continuer de payer des salaires souvent élevés, et la situation ne peut pas durer indéfiniment. Pour l’heure, la situation est encore tenable, mais nous espérons tous que le vaccin arrivera aussitôt que possible, car nous n’aurons des stades pleins qu’une fois que nous aurons un vaccin.
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"Pacte de solidarité"
- Vous avez récemment aidé les fédérations nationales à travers le projet hat-trick, mais de manière générale avez-vous le sentiment, sachant que ces dernières années les plus gros clubs ont gagné en influence et que c’est pas toujours chose facile pour l’UEFA, que cette situation et la notion de solidarité qu’elle a impliqué, a renforcé le rôle de l’UEFA dans le football européen ? D’une certaine manière, ça a rappelé pourquoi vous comptiez ?
ALEKSANDER CEFERIN: Absolument, la chose la plus importante dans le football est ce pacte de solidarité. Je dis toujours que les joueurs dans les grands clubs ne viennent pas tous de grands pays. Ils viennent du monde entier et bien sûr de toute l’Europe. Et si nous n’aidons pas tout le monde à jouer au football en Europe, les grands clubs auront moins de bons joueurs. Le rôle de l’UEFA est de développer le football, le football chez les jeunes, les enfants, les femmes. C’est un challenge mais je dois dire que les clubs, même les grands, comprennent l’importance de la solidarité et je crois que l’ecosystème est solide.
"Optimiste pour l'Euro"
- A quel point êtes-vous confiant sur le fait que dans 8 mois et demi l’Euro 2020 aura lieu dans le format qui a été imaginé il y a quelques années?
ALEKSANDER CEFERIN: Je crois que d’ici-là nous aurons du public sur le terrain, enfin pas sur le terrain j’espère (rires) mais plutôt dans les tribunes, et que nous aurons un Euro tel qu’il doit être. Mais si nous nous sommes adaptés une fois, nous pouvons le faire à nouveau. Encore une fois, nous sommes optimistes, nous nous préparons à toutes les situations mais surtout celle d’un Euro normal, avec du public, et avec un festival fantastique de football en Europe.