L'Inter résiste au Barça et se hisse en finale

L'Inter Milan s'est qualifié pour la finale au détriment du
tenant du titre Barcelone, au terme d'une incroyable prestation
défensive qui lui a permis de ne s'incliner, en infériorité
numérique, que 1-0. Vainqueurs 3-1 à l'aller, les Italiens
affronteront Bayern Munich le 22 mai à Madrid.



"C'est le moment le plus beau de toute ma carrière. Le plus
beau de tous. Pour les joueurs, les tifosi, pour moi, c'est le plus
beau. Cela faisait 28 ans que l'Inter n'avait pas joué une
finale", a réagi à chaud Jose Mourinho. "Cette équipe
n'est pas une équipe de jeunes joueurs qui peuvent encore attendre
15 ans pour jouer une finale. Elle n'aura pas dix autres occasions
d'en jouer une. C'est ça la plus grande satisfaction. Mais la
saison n'est pas finie ici. Il ne nous reste plus que cinq matches
à jouer (toutes compétitions confondues), plus que des
finales".



Ceux qui attendaient un grand spectacle ont été déçus. Plus proche
d'une rencontre de handball sans but que d'une partie de football,
ce match s'est résumé à un solo interminable (75% de possession de
balle!) mais laborieux d'un Barcelone cherchant en vain à fissurer
la muraille nerazzurra. Hormis le but à la 84e de Piqué, les seules
véritables occasions de but nettes côté blaugrana avaient été
jusque-là un tir de Messi magnifiquement détourné en corner par
Julio Cesar à la 33e et une tête non cadrée de Bojan à la 82e.

Le coup de "Mou"

Fidèle à
son habitude, Jose Mourinho réservait à l'opposition une surprise
de dernière minute en titularisant Christian Chivu dans un milieu
de terrain renforcé, prétextant une blessure de Pandev pourtant
annoncé titulaire vingt minutes encore avant le coup d'envoi. Le
plan était clair: verrouiller le côté droit barcelonais d'Alves et
Messi, tout en transformant l'axe en un oppidum imprenable.



D'ailleurs, au moment de l'exclusion (très sévère) de Motta pour
un léger coup au visage d'un Busquets tragédien à la 28e,
l'entraîneur portugais de l'Inter demanda à Eto'o de changer de
bord et de reprendre le rôle de Chivu, replacé au centre. Au
passage, cette décision de l'arbitre belge Frank De Bleeckere, qui
n'a de loin pas été la seule mauvaise de la soirée, ne fit au final
pas vraiment les affaires des Catalans.



"Contre Barcelone, c'est difficile à onze, mais à dix, c'est
un exploit historique (de gagner). C'est la plus belle
défaite de ma vie. Le match a été extraordinaire", a lâché
l'entraîneur intériste.

32 ans d'attente

Encore plus regroupés qu'auparavant, les Interistes furent
admirables de maîtrise tactique, même si leurs nombreuses simagrées
pour perdre du temps donnèrent à leur performance d'ensemble des
allures moins flamboyantes. Deux fois lauréat dans la compétition
(1964 et 1965), l'Inter n'avait plus atteint la finale depuis sa
défaite contre l'Ajax en 1972. Il s'offrait ce cadeau tout en
rendant service à son rival l'AC Milan, qui demeure donc la
dernière équipe à avoir soulevé deux fois le trophée de suite, en
1989 et 1990.



Cette qualification de l'Inter a une première conséquence pour les
livres d'histoire de la C1. Ernst Happel et Ottmar Hitzfeld ne
seront en effet plus, dès le 22 mai, les deux seuls entraîneurs à
avoir triomphé avec deux clubs différents. L'Autrichien avait
conduit Feyenoord (1970) et Hambourg (1983) au sacre, tandis que le
sélectionneur de l'équipe de Suisse a lui goûté aux joies de la
victoire à la tête de Borussia Dortmund (1997) et Bayern Munich
(2001).



Or, une finale Bayern Munich-Inter Milan transformera forcément ce
duo en un trio, Louis Van Gaal et Jose Mourinho ayant déjà été
titrés, respectivement avec Ajax Amsterdam (1995) et Porto (2004).
Un match qui aura comme un goût de revanche pour les deux hommes
aux parcours atypiques, autant décriés qu'admirés au fil de leurs
carrières.



si/seb