Retour de Didier Drogba à Marseille

Six ans après son départ de Marseille, Didier Drogba revient au Vélodrome sous le maillot de Chelsea pour le choc de la 6e journée de la prestigieuse Ligue des Champions. Adulé dans la cité phocéenne qu'il avait abandonné en héros, ce retour aux sources ouvre l'armoire à souvenirs.

Comme par exemple celui de cette fameuse demi-finale retour de coupe de l'UEFA contre Newcastle le 6 mai 2004. Dans une ambiance indescriptible, au sommet de sa carrière marseillaise, il propulse l'OM en finale. Ses deux buts, le premier après une pichenette du talon qui feinte le dernier défenseur anglais, le second sur un coup franc de Batlles en retrait, font exploser le stade et le mettent dans un état second...

Les larmes aux yeux

Moins de trois mois plus tard, l'Ivoirien s'engage à Chelsea la mort dans l'âme, les larmes aux yeux. Marseille ne peut refuser l'offre mirifique du club anglais, soit 37 millions d'euros (48 mio de francs) de transfert (toujours objet par ailleurs d'une enquête préliminaire pour des soupçons de malversations). Et un salaire quasiment quadruplé.

"J'ai vraiment l'OM dans le coeur. C'est comme avec une femme, quand on doit s'en séparer, ça fait mal", lâche-t-il devant la presse ce 19 juillet, avant de s'éclipser dans le vestiaire, seul, pour la dernière fois. Il venait d'inscrire 19 buts avec Marseille, un an après avoir été acheté 6 millions d'euros à Guingamp.

Un déchirement

"Il a vécu son départ comme un déchirement, et moi aussi, car j'étais venu pour lui. Il n'était pas de ces joueurs déclarant subitement leur flamme pour l'OM une fois leur contrat signé", se souvient l'ancien président et manager général Pape Diouf, qui était son agent avant de devenir dirigeant. Les deux hommes se croiseront sans doute mercredi, pour ce dernier match de la première phase, sans enjeu sportif. Drogba retrouvera aussi José Anigo, actuel directeur sportif, qui fut son entraîneur de janvier 2004 à son départ.

"Nous avons vécu une sacrée belle aventure... Avec lui, j'ai été un entraîneur heureux et chanceux. Il m'a permis de m'épanouir à tous niveaux", raconte Anigo aujourd'hui, l'émotion à fleur de voix.

"Par son attitude, il était vraiment le relais de l'entraîneur. C'était un bonbon pour moi! Dans le vestiaire, il réglait les microconflits, les soucis d'ego. En certaines occasions, il demandait au staff de quitter le vestiaire 5 minutes avant le match, pour prendre la parole. Quand il parlait, tout le monde se taisait. Il arrivait à souder tout le monde, comme lors des anniversaires que nous fêtions ensemble sur un bateau au Vieux-Port, un truc qu'il avait contribué à instaurer".

Hommage attendu

"Je l'ai vu comme une météorite", poursuit Anigo, eu égard au passage express, mais si marquant, de cet attaquant qui sauva quasiment à lui seul grâce à son parcours en coupe d'Europe la saison de l'OM, terminant à une peu reluisante 7e place en L1. Le club devrait lui rendre un hommage symbolique mercredi, sans en rajouter. "Je suis très excité à l'idée de ce match", a déclaré récemment Drogba, qui sort progressivement d'une crise de malaria l'ayant affaibli. "Tout le monde sait ici combien j'aime Marseille. Ca va être la première fois que j'y retourne sur le terrain. Cela va être extraordinaire".

Le Vélodrome, dont les virages entonnent régulièrement une ode à son nom, devrait lui réserver un accueil chaleureux. Au Panthéon de nombreux supporters, il a délogé Papin et Skoblar "alors qu'il n'a joué qu'une saison, et que l'OM n'a pas gagné de titre avec lui, c'est du domaine de l'irrationnel", remarque Michel Tonini, vice-président du groupe des Yankees. "Drogba, c'est comme une étoile filante qui serait restée 10 ans... Son départ a créé une nostalgie et une sorte d'amour inachevé. Heureusement ce match n'est pas décisif, et on ne pourra pas dire, s'il marque, qu'il a éliminé l'OM...", conclut Tonini.

agences/lper