Le foot anglais vers une grosse gueule de bois?

Avec trois clubs sur quatre, Manchester City, Manchester United et Chelsea, menacés d'élimination dès le premier tour, l'Angleterre redoute de récolter son pire millésime du siècle en Ligue des champions, mardi et mercredi, lors de la 6e et dernière journée des poules.

En cas de triple échec, il n'y aurait qu'un seul représentant de la Premier League dans les 16 derniers prétendants au titre, Arsenal, déjà assuré de qualification pour les huitièmes de finale. Il s'agirait d'une première depuis que l'épreuve-reine est passée à 32 clubs en 1999/2000.

Situation très critique pour les Citizens

Manchester City est dans la situation la plus critique. Il lui faut obligatoirement battre le Bayern Munich à domicile mercredi, mais aussi compter dans le même temps sur un match nul ou une défaite de Naples à Villarreal pour passer. Or les Espagnols n'ont pas encore marqué le moindre point en cinq rencontres...

Le panorama est à peine moins inquiétant pour Chelsea. Si Valence vient l'emporter mardi à Stamford Bridge, ce que deux équipes, Arsenal et Liverpool, sont parvenues à faire ces dernières semaines en Championnat, ou décroche un match nul autre que 0-0, les "Blues" seront absents au rendez-vous des 8es pour la première fois depuis 2003.

Manchester United semble un peu plus à l'abri de ce qui serait seulement sa troisième sortie à ce stade de la compétition en 17 ans. Les "Red Devils" ne seront éliminés qu'en cas de défaite à Bâle, or ils n'ont perdu en déplacement qu'une seule fois lors des cinq dernières campagnes, contre un adverse bien plus fort que les Suisses (le Bayern Munich en 2010).

L'affaiblissement du football anglais?

Quel que soit son dénouement, cette première phase de la Ligue des champions confirme l'affaiblissement des clubs anglais dans le concert européen, déjà visible ces deux dernières saisons.

Alors qu'elle avait placé trois clubs en demi-finales trois fois de suite (de 2007 à 2009) et connu la consécration d'une finale anglo-anglaise - Manchester United contre Chelsea, en 2008 -, la Premier League n'avait plus aucune équipe dans le dernier carré en 2010 et une seule, le finaliste Manchester United, la saison dernière.

L'ex-joueur écossais Alan Hansen, devenu l'un des commentateurs les plus écoutés, n'hésite pas à en conclure que la "domination anglaise sur le football est morte", dans sa chronique pour le "Daily Telegraph". Une domination qu'il faudrait d'ailleurs relativiser car après tout l'Angleterre n'a gagné que trois des 27 dernières éditions de la Ligue des champions.

Vieillissement, manque d'expérience, etc.

L'explication des difficultés actuelles varie selon les clubs. Ainsi Chelsea souffre surtout du vieillissement de ses stars (Didier Drogba, Frank Lampard, John Terry), qui ont tous dépassé la trentaine. Le club londonien connaît les mêmes problèmes en Championnat où il accuse dix points de retard sur le leader Manchester City.

Pour échapper à cet essoufflement, Alex Ferguson a pris les devants en intégrant de nombreux jeunes joueurs (Jones, Smalling, Welbeck...) dans l'équipe de Manchester United, au prix de résultats moins réguliers. Dans le cas de Manchester City, inarrêtable en Championnat, c'est plutôt le manque d'expérience collective en Ligue des champions que le club découvre, et plus probablement la priorité accordée, consciemment ou non, à la Premier League, qui expliquent les performances européennes décevantes.

agences/dbu