Sur le toit du foot helvétique depuis une décennie, le FC Bâle prend une nouvelle dimension cette saison, au-delà des frontières de la Suisse. En lice pour une place en quarts de finale de la Ligue des champions, les Rhénans ont fait le pari de la jeunesse. Un pari gagnant.
Mené par une génération dorée incarnée par Shaqiri, Xhaka, Sommer et Cie, le FCB vient titiller les grands d'Europe. Les victoires face à Manchester United (en poules) et au Bayern Munich (huitième de finale aller) viennent ainsi récompenser le travail de formation "made in FCB". Car du côté de Bâle, on a vite compris que le succès passait par la relève.
Sans formation, pas de succès
Chaque année, le club rhénan consacre 4 millions de francs pour la formation de ses jeunes talents. Un investissement qui vaut la chandelle si l'on se fie aux résultats enregistrés par ses équipes de jeunes. Ainsi, ses M18, M16 et M15 occupent la tête de leurs championnats respectifs.
"Il n'est pas possible pour un club suisse de réussir sur la durée sans avoir un centre de formation de qualité", explique Carlos Bernegger, responsable du secteur juniors du FCB.
Encadrée par une dizaine d'entraîneurs professionnels, la relève du FC Bâle (environ 250 juniors) évolue donc dans le meilleur environnement possible afin de suivre les traces de leurs idoles.
Identification au FC Bâle
"Pour chaque catégorie d'âge, nous fixons des objectifs et adaptons les entraînements. Nous souhaitons que les jeunes jouent un maximum de temps ensemble afin de créer un collectif et le consolider", glisse Bernegger.
"Mais ce qui nous tient le plus à coeur, c'est que chacun s'identifie au FC Bâle peu importe son âge. Il est très important de stimuler les jeunes dans ce sens. Il faut qu'ils se reconnaissent dans le maillot du club!"
Une philosophie similaire à celle du FC Barcelone, la référence en matière de formation? "Il est dangereux de comparer les deux clubs. Barcelone a 30 ans d'avance sur nous", sourit Bernegger.
"Du caractère pour en arriver là"
Et quoi de mieux pour motiver la relève bâloise que les exploits accomplis par Yann Sommer et ses coéquipiers en Ligue des champions? "Ce sont des joueurs qui ont fait preuve de caractère pour en arriver là", souligne le responsable de la formation bâloise.
Si Shaqiri (20 ans), Sommer (23), Xhaka (19), Stocker (22) et Fabian Frei (23) font aujourd'hui le bonheur de la première équipe bâloise et de la sélection nationale d'Ottmar Hitzfeld, tout n'a pourtant pas été facile pour eux.
A force de travail et de sacrifices, ils ont fait leur trou. Sommer (à Vaduz et GC) et Frei (à St-Gall) ont du reste fait l'objet d'un prêt afin de glaner du temps de jeu et de l'expérience avant de gagner le droit de défendre les couleurs rouge et bleu.
Les meilleurs ont leur chance
Les diverses sélections nationales constituent également une excellente expérience pour ces espoirs en quête de gloire. Ainsi, Granit Xhaka a été sacré champion du monde M17 en 2009 et a emmené l'équipe de Suisse en finale de l'Euro M21, l'été dernier au Danemark, aux côtés de Yann Sommer et Xherdan Shaqiri.
Si tous les talents formés à St-Jacques ne finissent pas par percer, les meilleurs sont néanmoins assurés d'avoir leur chance. Telle est la politique adoptée par les dirigeants du club.
Mais s'il existe une ouverture sur le monde du foot professionnel au FCB qu'on ne retrouve pas dans les autres clubs, il y a peu d'élus au final.
Le revers de la médaille
Si jouer la carte de la jeunesse comporte de nombreux avantages, le revers de la médaille ne tarde pas à se faire sentir. Difficile en effet de lutter face aux riches clubs européens. Le FC Bâle court ainsi le risque de se faire dépouiller de ses meilleurs talents.
A l'image de Xherdan Shaqiri, qui évoluera au Bayern Munich la saison prochaine, les autres pépites "rotblau" sont d'ores et déjà convoitées. Flamboyant au match aller contre le Bayern, Yann Sommer est dans les petits papiers des plus grands clubs. Fabian Frei et Granit Xhaka ont également tapé dans l'oeil des recruteurs.
Un retour sur investissement
La question n'est dès lors pas de savoir si départs il y aura, mais quand ils interviendront. Le FC Bâle investit beaucoup pour la formation mais touche également un joli retour sur cet investissement.
L'exemple d'Eren Derdiyok va dans ce sens. Découvert à Bâle, l'international suisse a rapporté 5 millions au club rhénan lors de son transfert au Bayer Leverkusen (GER) en 2009.
Ainsi va la vie du FC Bâle. Dénicheur de talents, il doit se résoudre un jour à les voir partir sous d'autres cieux. Il est alors temps de se remettre à la recherche des talents de demain. Encore...
Axel David