João Alves: "Le PSG aura son mot à dire!"

Non, João Alves n'est pas seulement un entraîneur. Avant de mener le Servette FC en Super League en 2011 et en Europa League en 2012, le Portugais a fait des ravages sur les pelouses en tant que joueur. Principalement au Portugal, mais aussi ailleurs en Europe et notamment en France, au Paris Saint-Germain.

C'était à l'été 1979. João António Ferreira Resende Alves, de son nom complet, brillait de mille feux avec Benfica et la sélection portugaise mais se décidait à quitter son petit confort. Arrivé au sein d'un PSG ambitieux avec le statut de vedette, il n'est resté qu'une saison dans la capitale. Une saison qui marquera à jamais le triple nominé pour le Ballon d'Or (1975, 78 et 79).

Dans l'attente "d'un projet intéressant" depuis son départ de Servette en septembre dernier, João Alves

a pris le temps de revenir sur son escapade parisienne au moment où "son" PSG s'apprête à défier le grand FC Barcelone en quarts de finale de la Ligue des champions.

Devant Johan Cruyff!

RTSsport.ch: João Alves, vous étiez une star du championnat portugais. Pourquoi avoir quitté votre "cocon" en 1979, à 26 ans?

JOAO ALVES: A l'époque, j'étais un joueur majeur du Benfica Lisbonne et de l'équipe nationale. J'avais été élu meilleur joueur étranger du championnat d'Espagne la saison précédente lorsque je jouais pour Salamanque devant Johan Cruyff! Mais le championnat portugais manquait de reconnaissance et j'avais des envies d'ailleurs. Bordeaux et son président Claude Bez m'avaient fait une proposition, puis le PSG est également venu se renseigner.

"J'étais arrivé au PSG avec beaucoup d'espoir"

RTSsport.ch: Et votre choix s'est porté sur le PSG...

JOAO ALVES: Oui, je suis finalement parvenu à un accord avec le président Francis Borelli. Le club était très ambitieux et avait monté une belle équipe. Ils avaient les moyens de leurs ambitions. J'avais d'ailleurs été acheté pour une grosse somme (réd: près d'un demi-million d'euros, le plus gros transfert de 'histoire du PSG à l'époque). Le club, la ville, l'importante communauté portugaise habitant à Paris, tout cela m'avait séduit. Je traversais une très bonne période et j'étais arrivé au PSG avec beaucoup d'espoir.

RTSsport.ch: Mais tout ne s'est pas déroulé comme vous l'espériez...

JOAO ALVES: Tout avait bien commencé. Lors de la 1ère journée du championnat, nous avions ramené un match nul de Lyon (1-1), puis avions battu Marseille 2-1 au Parc. Cela reste, à mon avis, mon meilleur match sous le maillot parisien. Puis tout s'est écroulé lors de la 3e journée à Sochaux. Sur un tacle, Bernard Genghini m'a brisé la jambe. J'ai été opéré deux fois et il m'a fallu près de six mois avant de pouvoir rejouer. J'ai encore aujourd'hui une plaque avec dix vis dans ma jambe.

RTSsport.ch: Ca a également été une période difficile, psychologiquement parlant...

JOAO ALVES: Oui, c'est vrai. Le club visait le titre et moi, je ne pouvais pas répondre à la confiance qu'on m'avait donnée, c'était dur. J'ai perdu l'envie de continuer et je suis parti en fin de saison pour retourner à Benfica. Peut-être que c'était une bêtise. J'aimais vivre à Paris. Le club, la ville, il y avait tout pour réussir. C'est dommage. Je regrette vraiment ce match à Sochaux...

RTSsport.ch: Vous avez côtoyé de nombreux joueurs dans la capitale, lesquels vous ont le plus marqué?

JOAO ALVES: Le premier nom qui me vient à l'esprit est Mustapha Dahleb, il avait un talent incroyable. Je jouais milieu offensif, comme lui. Il y a aussi Luis Fernandez dont j'étais proche et qui était en début de carrière. Comme il était d'origine espagnole et que j'avais joué là-bas, je l'ai pris sous mon aile. Il avait énormément de talent et de volonté. Je pourrais ajouter Dominique Bathenay, qui était capitaine, et Sarr Boubacar, qui avait un sens du but hors-normes.

RTSsport.ch: Etes-vous resté en contact avec certains d'entre eux?

JOAO ALVES:

Avec quelques-uns oui, notamment Dahleb, Fernandez et Abel Braga. Je suis aussi retourné à quelques reprises au Parc des Princes pour y disputer des matches avec d'anciens joueurs du club.

Alves, l'homme aux gants noirs

RTSsport.ch: Vous étiez célèbre pour vos talents de footballeur, mais aussi pour être "l'homme aux gants noirs"...

JOAO ALVES: Ha je tiens ça de mon grand-père, qui était international portugais et qui jouait à Porto. Avant un match important en championnat, une jeune femme lui a donné des gants noirs  qui lui porteraient bonheur. A la mi-temps, son équipe perdait. Il a alors décidé de porter ces fameux gants... et Porto s'est imposé! Il m'avait demandé de "perpétuer" la tradition, mais j'avais refusé. Il me l'avait à nouveau demandé avant de mourir. Lorsqu'il nous a quittés, j'ai porté des gants noirs pour lui rendre hommage et ils ne m'ont plus quittés jusqu'à la fin de ma carrière de joueur.

RTSsport.ch: Le Paris Saint-Germain a pris une nouvelle dimension cette saison. Qu'en pensez-vous?

JOAO ALVES: Comme à mon époque, le PSG est ambitieux et veut devenir le plus grand club de France. Maintenant, le club a la chance d'avoir beaucoup d'argent. Logiquement, il a toutes les chances de devenir le meilleur club de l'Hexagone, mais également l'un des meilleurs du monde. J'espère que le PSG atteindra les sommets européens!

"60-40 en faveur de Barcelone"

RTSsport.ch: Justement, le PSG va se frotter à ce qui se fait de mieux face à Barcelone en quarts de finale de la Ligue des champions...

JOAO ALVES: Ils ont des arguments à faire valoir sur le plan européen. Ils ont donné une très belle image face à Valence. Solides derrière et en milieu de terrain, du talent devant... Ca sera très compliqué contre Barcelone, mais ils auront leur mot à dire.

RTSsport.ch: Quelles seront les clés pour battre le Barça?

JOAO ALVES: Le Barça est clairement favori. L'équipe change assez peu depuis plusieurs années et compte Lionel Messi dans ses rangs. Mais ils peuvent connaître de mauvais moments, ça peut être la chance du PSG. Les Parisiens peuvent gagner au Parc des Princes au match aller. Le problème sera d'aller jouer au Camp Nou. Mais Paris est dirigé par un excellent entraîneur: Carlo Ancelotti. Il a l'expérience de la Ligue des champions. J'avais joué contre lui lors d'un quart de finale de Coupe UEFA entre Benfica et l'AS Rome (réd: lors de la saison 1982/1983). Tactiquement, il était déjà au-dessus du lot. Si je devais donner un chiffre, je dirais que c'est du 60-40 en faveur de Barcelone.

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Propos recueillis par Axel David