Dans sa décision, la Chambre d'accusation rappelle que Marc
Roger ne s'est plus présenté devant la justice genevoise depuis sa
remise en liberté en juin 2006, malgré le versement d'une caution
de 300'000 francs. En outre, le risque de fuite est concret, en
raison de la nationalité du prévenu, de ses liens étroits avec son
pays et de son état de santé, soulignent les juges. Enfin, les
charges se sont aggravées depuis son arrestation en mars 2005.
Le Français ne s'est pas présenté vendredi devant la Cour et a
demandé le huis-clos, à l'insu de son avocat. «Mon client a invoqué
des problèmes de santé», a souligné l'avocat Alain Marti. A la
demande de Marc Roger, la lecture de la décision de la Chambre
d'accusation s'est par ailleurs déroulée à huis clos.
Lourdes charges
Les juges ont estimé «graves et suffisantes» les charges
pesant
sur l'ex-patron du Servette. Marc Roger est inculpé de gestion
fautive, de banqueroute frauduleuse, d'escroquerie, d'abus de
confiance et de faux dans les titres. Selon la justice genevoise,
il aurait notamment puisé dans les caisses du club pour alimenter
son train de vie. Par ailleurs, il s'est vu signifier de nouveaux
chefs d'inculpation à son retour en Suisse le 11 octobre dernier.
En outre, deux expertises financières ont alourdi son
dossier.
Le versement d'une nouvelle caution n'inciterait vraisemblablement
pas le prévenu à se représenter devant le juge d'instruction
genevois Marc Tappolet. La Chambre d'accusation souligne en effet
que Marc Roger semble disposer de sommes importantes. Lors de son
arrestation à Séville en février dernier, il était en possession de
34'000 euros.
Procès au printemps
Poursuivi pour la faillite du club de football, Marc Roger était
arrivé d'Espagne par un vol spécial à l'aéroport de Genève-Cointrin
le 11 octobre, avant de retrouver la prison de Champ-Dollon.
Il a déjà effectué 11 mois de détention préventive et restera en
prison jusqu'au 19 décembre prochain. Sa détention pourrait ensuite
être à nouveau prolongée. Son procès pourrait avoir lieu au
printemps prochain. Il risque jusqu'à 7 ans et demi de
prison.
ap/ats/bri
Péripéties judiciaires
Marc Roger avait été arrêté une première fois à Genève en mars 2005. Il avait été libéré sous caution en juillet de la même année. A peine sorti de Champ-Dollon, il s'était réfugié en France et ne s'était plus présenté aux audiences d'instruction menées par le juge Marc Tappolet, avançant des raisons de santé.
Le magistrat genevois avait alors lancé un mandat d'arrêt international à l'encontre de l'ancien patron du Servette. La France n'extradant pas ses ressortissants, Marc Roger était à l'abri s'il ne quittait pas son pays. Il a toutefois commis l'erreur de se rendre en Espagne, où il a été arrêté en février.
Après une longue procédure d'extradition, Marc Roger a été remis aux autoritiés judiciaires suisses la semaine passée. La Chambre d'accusation n'a pas voulu se prononcer, comme l'aurait souhaité Marti, sur les conditions du transfert du Français, estimant que ce point était de la seule compétence de la Confédération.