Volontiers bavard, le Calabrais de 34 ans a tiré un premier bilan de son aventure helvétique. De quoi répondre aux dizaines de demandes d'interviews reçues par le club: l'effet Gattuso ne se dissipe pas.
Quel bilan tirez-vous de vos quatre premiers mois en Suisse?
GENNARO GATTUSO:
Le bilan est vraiment positif. Notre équipe est compétitive, même si on peut encore plus. Le club est bien structuré et doit viser haut. Il faut au moins se qualifier pour l'Europa League. Le seul point négatif réside dans les changements d'entraîneur.
Durant mes vingt ans de carrière, je n'avais vécu que dix fois cette situation. Cela me fait bizarre.
"Je suis un homme de parole"
Comment avez-vous ressenti ces changements d'entraîneurs et plus particulièrement celui de Sébastien Fournier?
GENNARO GATTUSO: C'est une défaite pour l'équipe, le club et les fans.Mais cela ne doit pas servir d'alibi aux joueurs pour fuir leurs responsabilités. Je pense d'ailleurs que nous avons bien su réagir dans ces instants. Nous avions de très bons rapports avec Sébastien Fournier tant sur le plan humain qu'au niveau sportif. Nous étions proche et j'avais beaucoup de respect pour lui. Ce qui m'a le plus blessé est que certains médias ont prétendu que j'avais aidé le président à choisir son successeur. Ce n'est pas vrai!
Certaines rumeurs disent que le Milan AC vous aurait approché...
GENNARO GATTUSO: Je suis Calabrais, je suis un homme de parole. Je l'ai donnée en juin au président Constantin et je vais m'y tenir. Les gens de ma région n'abandonnent pas la barque. Ils la mènent jusqu'à bon port. Je veux continuer à m'investir pour ce club, l'aider à grandir, je crois en lui!
Puis, une chose très importante pour moi, je me sens bien ici et ma famille est bien intégrée. Et au niveau de la qualité de vie... la Suisse mène 10-0 face à l'Italie (rires). Le rythme est différent aussi. L'autre jour, je suis allé à Bologne. Les gens gesticulent beaucoup, s'agitent dans tous les sens.
Ici, c'est beaucoup plus calme et ça me plaît.
"J'aime l'atmosphère des vestiaires"
En avez-vous parlé à Alessandro Del Piero et à Gianluca Zambrotta, qui étaient pressentis à Sion?
GENNARO GATTUSO: Je n'ai parlé qu'à Del Piero. Je lui ai dit l'ambition qui était celle du président pour son club. J'ai évoqué la chaleur du peuple valaisan, mais je lui ai précisé aussi qu'il faudrait faire un "reset" avec ce qu'il a connu à la Juve, ne pas s'attendre à des structures similaires. C'est vraiment un autre monde.
Qu'est-ce qui vous motive encore?
GENNARO GATTUSO: Avec ma carrière, je suis devenu riche et connu, mais la gloire ne m'intéresse pas, elle ne me monte pas à la tête. Je me rappelle qui je suis et d'où je viens. Et puis, il y a la passion, l'adrénaline que j'éprouve en jouant. J'aime l'atmosphère des vestiaires, l'odeur des huiles de massage. C'est ma vie, c'est ma motivation.
Quel regard portez-vous sur les adversaires que vous rencontrez?
GENNARO GATTUSO: Je n'ai pas de respect pour eux sur le terrain. Le foot c'est un peu comme la guerre, même s'il faut rester fair-play. Je veux montrer à mes adversaires que je ne suis pas là pour rire et insuffler ce même esprit de guerrier à mes coéquipiers.
"Je suis venu pour jouer, pas pour entraîner"
On vous voit continuer à vous investir une fois sur la touche,
à encourager, à donner des consignes. Vous allez devenir entraîneur?
GENNARO GATTUSO: Oui, c'est mon projet et je vais tout mettre en oeuvre pour y arriver. J'avais déjà obtenu des diplômes avant de venir en Valais (ndlr: 2e et 3e degré au niveau UEFA, mais pas encore de licence UEFA pro).
Vous commencerez au FC Sion?
GENNARO GATTUSO: Ce n'est pas facile avec un président qui a changé une trentaine de fois d'entraîneur (rires). J'ai beaucoup de respect pour lui, mais je crois qu'il faut un projet vraiment solide ici. En attendant, si je suis venu à Sion, c'est pour jouer, pas pour entraîner!
Comment vont vos yeux?
GENNARO GATTUSO: Je souffre de myasthénie oculaire (ndlr: faiblesse musculaire). Cette maladie m'oblige à suivre un traitement régulier de cortisone. J'ai été remplacé à St-Gall parce que ma vision n'était plus optimale. Mais je dois faire avec. Certains ne quittent plus leur lit à cause de cette maladie.
Que pensez-vous de Johann Vogel et de Philippe Senderos qui sont passés par le Milan AC?
GENNARO GATTUSO: Vogel était un bon joueur et quelqu'un de très sympa. Senderos... il n'est pas Suisse lui, il est Napolitain (rires)! Il a une attitude positive, une vraie culture du travail. Tu lui demandais de s'entraîner jour et nuit, il le faisait.
Sion, Ludovic Perruchoud