Servette, un éternel recommencement

Cette situation fait d’autant plus tache que la formation sacrée championne de Suisse à 17 reprises vient de fêter son 125e anniversaire...

Quel destin attend désormais le SFC, mis en faillite en 2005, puis sauvé in extremis en 2012 par Hugh Quennec? Dix millions de francs étant requis -4 pour boucler cette saison et 6 pour la suivante-, on peut craindre le pire.

Quennec porte sa part de responsabilité

Après les présidences, souvent tragi-comiques, de Marc Roger (2004-2005) et de Majid Pishyar (2008-2012), on était loin de se douter que Quennec mettrait lui aussi Servette en difficulté. Le Canadien, auréolé de sa gestion efficace du GE-Servette depuis 2006, contraste en effet a priori fortement avec ces deux personnages. Et pourtant...

Certes, il a hérité de mauvaises finances et du contrat avec la Fondation du Stade de Genève, qui forçait le club à assumer les frais liés à celui-ci. Mais, si l’on en croit La Tribune de Genève du 29 mai, Quennec aurait éconduit plusieurs investisseurs sérieux après sa prise de pouvoir. Il porte donc aussi sa part de responsabilité.

Trois cas de figure

De plus, on peut, comme beaucoup, se demander s’il était bien judicieux d’avoir mis sur pied un staff si pléthorique (11 personnes en tout dans les staffs médicaux et technique) pour une équipe de deuxième division.

Quoi qu'il en soit, trois cas de figure se présentent désormais pour Servette. Première option, idyllique: le club obtient sa licence, ne fait pas faillite et continue en Challenge League.

Deuxième option, le SFC n'obtient pas sa licence mais ne fait pas faillite, et donc poursuivra en Promotion League. Enfin, dans le pire des scénarios, il ne reçoit pas sa licence et fait faillite. Et militera par conséquent en 2L inter la saison prochaine. 

Les joueurs ne perdent pas espoir

Dans ce contexte chaotique, les joueurs, qui attendent toujours leurs salaires d'avril et de mai, ne perdent malgré tout pas espoir. "J'ai totalement confiance en notre président", affirme ainsi Tibert Pont (31 ans).

Le capitaine de Servette aurait pourtant de quoi perdre pied, lui qui a traversé toutes les tempêtes de "son" navire grenat depuis 2004.

N'est-il pas lassé par ces ennuis financiers récurrents? "C'est malheureux de vivre ça. On préfère évoluer dans un club qui a des finances saines, mais c'est comme ça, il faut se battre", rétorque le milieu genevois, pur produit du SFC et vrai clubiste.

"On s'est préparé en professionnels"

Après avoir longtemps lutté pour la promotion en Super League, les Grenat, deuxièmes de Challenge League, ont donc un pied en enfer.

"Je ne vous cache pas qu'il y a eu une décompression après le match de lundi contre Le Mont (réd: revers 2-1), concède Pont. Mais pour notre dernière partie de la saison, samedi contre Winterthour, on s'est préparé comme des vrais pros. Et ce afin de donner la meilleure image possible du Servette".

Pour Pont, le SFC, qui est l'un des emblèmes de la Cité de Calvin à l'étranger, mériterait enfin un soutien concret des politiques. Et pas seulement des mots creux. Des mots, les dirigeants du club genevois, contactés, n'ont quant à eux pas daigné nous en offrir.

Michaël Taillard