Prévenu de banqueroute frauduleuse, gestion déloyale et abus de confiance, il est incarcéré à la prison de Champ-Dollon.
Le juge d'instruction ne veut pas relâcher Marc Roger, l'ex-patron du Servette FC, incarcéré depuis mardi à la prison préventive de Champ-Dollon. Marc Tappolet entend prolonger sa détention pour une durée de trois mois.
«C'est une affaire qui peut durer un certains temps», a-t-il expliqué vendredi. La demande de prolongation de la détention du Français devrait parvenir vendredi à la Chambre d'accusation du canton de Genève.
Maus inculpé
En revanche, Olivier Maus, arrêté jeudi matin, a pu regagner son domicile jeudi soir après avoir été entendu par le juge d'instruction. Le milliardaire genevois, héritier de la famille Maus, est inculpé de gestion fautive. «Il s'agit d'une version allégée de la banqueroute frauduleuse», a précisé Marc Tappolet.
La faillite du Servette est une affaire aux nombreuses ramifications en raison surtout de l'origine internationale des fonds qui ont servi au financement du club. «Mais pour l'heure, je n'ai pas reçu de plainte émanant d'autres investisseurs, comme l'ex- président du Real Madrid Lorenzo Sanz», a ajouté le juge.
Le mécène du Servette, âgé de 60 ans, associé gérant de la société Maus Frères SA, actionnaire, avec la famille Nordmann, du grand distributeur Manor, a été entendu jeudi après-midi par le juge d'instruction en charge du dossier. Son inculpation devrait être confirmée vendredi, a précisé la police cantonale.
"On cherche là où il y a de l'argent"
Pour son avocat, Me Jean-Charles Roguet, Olivier Maus est tout à fait incapable de la moindre action malhonnête. «Je le connais depuis de nombreuses années. Qu'on le traite aujourd'hui comme un criminel me choque énormément», a-t-il déclaré. «Mais comme toujours en cas de faillite, on cherche là où il y a de l'argent. C'est de bonne guerre», a ajouté Me Roguet.
Une plainte des anciens joueurs et entraîneur du club genevois, déposée mardi matin auprès du procureur général Daniel Zappelli, a enclenché la procédure.
Olivier Maus et Marc Roger ont été administrateurs du Servette FC en 2004. Les joueurs plaignants représentent une créance d'environ douze millions de francs. Dans ce montant sont inclus les salaires impayés et le droit à l'image.
Plainte des joueurs
Mardi, la brigade financière avait interpellé Marc Roger sur mandat des juges d'instruction Marc Tappolet et Carole Barbey.
«Notre plainte est extrêmement solide, accablante même», a déclaré François Canonica, avocat des 25 joueurs du FC Servette. Certains indices sérieux laissent à penser que des détournements de fonds ont pu se produire. Marc Roger a été convoqué dans le bureau du juge Tappolet mercredi matin pour se voir signifier son inculpation.
Le juge a encore indiqué que les trois perquisitions avaient eu lieu dans les locaux du Servette au stade de La Praille, ainsi que deux sociétés liées à la tenue de la comptabilité ou la révision des comptes du club de football. Il a promis plus d'informations dans un communiqué qui devrait être publié dans la journée.
tsr.ch avec les agences
Olivier Maus: présent depuis 1975
Membre éminent du Servette FC depuis trente ans, Olivier Maus a occupé à plusieurs reprises la charge de vice-président. Il était, tout récemment encore, le seul administrateur aux côtés du Français.
En 1975, le président Roger Cohannier l'avait propulsé au comité afin surtout de remercier Madame Maus mère pour ses largesses. Après sa mort, son fils Olivier continua à apporter un soutien financier à géométrie variable.
Lorsque le promoteur immobilier Carlo Lavizzari accédait à la présidence en octobre 1980, Olivier Maus s'effaçait de l'avant-scène, tout en restant un membre bienfaiteur. Il revenait en force en 1990.
Au grand banquet du centenaire du club, en l'absence du président Richard Ambrosetti, c'est lui qui officiellement saluait les autorités locales.
A nouveau relégué au second plan lors du règne de Paul-Annick Weiller entre 1992 et 1997, il bénéficiait de toute la considération des gens de Canal +. Olivier Maus s'engageait personnellement dans le financement du Centre de formation.
En septembre 2001, lorsque Michel Coencas succédait à Christian Hervé de Canal + à la présidence, Olivier Maus était vice-président. A la démission de Coencas en avril 2002, Olivier Maus demeurait l'un des quatre membres du comité restreint de gestion.
C'est alors que Pierre Aeschlimann était nommé directeur du club. Mais le pouvoir réel se trouvait entre les mains de Maus.
Il provoquait le limogeage de Lucien Favre et endossait la responsabilité d'une campagne de transferts pour le moins fort critiquable. A l'automne 2002, il donnait sa démission après le refus de ses collègues de céder le club à Marc Roger.
Revenu dans les bagages du Français au printemps 2004, il démissionnait de son poste d'administrateur le 24 novembre de la même année. Mais le 12 décembre, lors du dernier match de Servette FC en Super League au stade de la Praille contre le FC Saint-Gall, l'héritier du groupe Manor semblait encore solidaire de Marc Roger. Sa présence était très remarquée à la salle de presse.