Cette image reste encore dans toutes les mémoires. Ce jour-là, en 1991, les deux "gamins" David Orlando (2 buts) et Alexandre Rey permettaient au FC Sion, alors mené 2-0 par Young Boys en finale au Wankdorf, de remporter sa 6e Coupe de Suisse (3-2)...
Vingt ans ont passé. Alexandre Rey (39 ans) a troqué le costume de footballeur international pour celui de dirigeant. A Sion? Non, à Neuchâtel Xamax, là où il a mis un terme à sa carrière en 2006, après des passages à Bâle, Servette et Lucerne.
Directeur de Pro'Imax - société visant à promouvoir l'image de Xamax - et membre du comité central de la SFL, Rey "le Valaisan de Neuchâtel" évoque la prochaine finale de Coupe de Suisse face à Sion et les derniers événements xamaxiens...
"Mon coeur n'est pas partagé"
tsrsport.ch: Que représente cette finale pour vous, le Valaisan de Neuchâtel?
ALEXANDRE REY: La question est souvent revenue ces derniers temps: "ton coeur est-il partagé?". Je ne vais pas me faire d'amis en Valais, mais en tant que dirigeant de Xamax, mon coeur ne peut pas être partagé, c'est impossible.
tsrsport.ch: On a pu lire que vous vous sentiez vraiment neuchâtelois, maintenant...
ALEXANDRE REY: Oui, je me défonce pour Neuchâtel Xamax. Et même si Sion gagne cette finale, je serais déçu, malgré mon passé au FC Sion. On veut écrire l'histoire avec Xamax, et même doublement! Avec une première victoire pour nous et la première défaite en finale du FC Sion... Alors oui, si on devait perdre, je serais très déçu. En plus, il y a une Coupe d'Europe à la clé...
"Une équipe qui a tout gagné, une qui a tout perdu"
tsrsport.ch:
On a envie de dire que cette finale Xamax-Sion est très ouverte...
ALEXANDRE REY: Il y a quand même un favori, Sion, et un outsider, Xamax si on s'en tient aux statistiques. Je ne pense pas que la cote de Xamax sera très élevée ce jour-là... Cela fait 11 fois que les gens me disent que Sion va bien finir par en perdre une! Oui, ça va sûrement arriver un jour, espérons que ce soit cette année! Mais je le répète, l'histoire peut être belle, avec l'affrontement entre une équipe qui a toujours gagné et une qui a tout perdu.
tsrsport.ch: Xamax a joué sa dernière finale de Coupe en 2003, à Bâle, face au FCB. Vous en aviez pris six...
ALEXANDRE REY: On est tout simplement tombé sur un FC Bâle qui avait une dimension Champions League, et qui évoluait en plus à domicile. Si je me souviens bien, il avait sorti Liverpool cette saison-là, non? C'était certainement le plus grand FCB de ces dernières années. C'est dommage, quand je repense à l'euphorie qui avait suivi notre demi-finale... Mais après, quand tu en prends 6 dans le cigare, tu as juste envie que le match finisse très vite. Après le match, j'avais dit que ce FCB était un vrai rouleau-compresseur. Les Bâlois attaquant à neuf, c'était juste hallucinant! Cette année-là, Bâle était vraiment très très fort, et je ne pense pas que ça aurait changé quelque chose de les jouer ailleurs...
"La Romandie doit être fière d'avoir une finale 100% romande"
tsrsport.ch:
Cette fois, c'est Xamax qui sera le club recevant. Un avantage?
ALEXANDRE REY: Difficile à dire. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'il s'agira de la première finale de Sion hors de Berne, ça peut jouer un rôle. Ensuite, j'ai juste envie de dire bravo au foot romand, qui n'a que deux clubs en Super League et les deux sont allés au bout. C'est une sacrée performance! La Romandie doit être fière d'avoir une finale 100% romande.
tsrsport.ch: Que faudra-t-il faire pour battre Sion ce jour-là en finale?
ALEXANDRE REY: Il faudra amener de la folie, jouer son va-tout et sans frein à main. On a un atout avec Bernard Challandes, qui connaît bien l'adversaire. En plus, on évoluera dans un stade où il y aura davantage de Valaisans que de Neuchâtelois, donc moins de pression sur nos épaules.
tsrsport.ch: Déçu que les billets se soient mieux vendus en Valais qu'à Neuchâtel?
ALEXANDRE REY: Non, car c'est un paramètre contre lequel on ne pouvait pas lutter. L'histoire de Sion en Coupe de Suisse est ce qu'elle est. On sera content avec 8 à 10'000 Neuchâtelois à Bâle.
tsrsport.ch:
Franchement Alex, cette finale, vous êtes impatient d'y être, non?
ALEXANDRE REY: Pour le moment, pas encore. Nous avons quand même un maintien à assurer. Et aujourd'hui, tout est focalisé là-dessus! On aimerait vraiment qu'après le match à Sion on puisse se consacrer totalement à cette finale. La priorité, c'est le championnat.
tsrsport.ch: Vous avez été joueur. Est-il vraiment possible de ne pas y penser?
ALEXANDRE REY: Ca, c'est le travail du staff! Mais si on veut être performant dans cette finale, la savourer pleinement, ça ne passe que par le maintien. Le choix des joueurs pour la finale se fera aussi sur le match à Sion...
Propos recueillis par Daniel Burkhalter
"Une certaine logique que Bernard vienne chez nous"
tsrsport.ch: Comment analysez-vous la saison de Xamax, loin d'être facile...
ALEXANDRE REY: C'est une saison en dents de scie, inconstante. On a alterné de très grosses performances avec d'autres, piètres. Ca n'a jamais été stable à aucun niveau, et ça s'est ressenti sur les résultats. Nous avons manqué d'animation à la Maladière, où nous avons connu beaucoup de défaites. Pour moi, le gros point d'interrogation, c'est notre incapacité à nous transcender face à des équipes comme Bellinzone. Nous réussissons de gros trucs contre Bâle ou Zurich, mais avons été incapables d'assurer contre les "petits".
tsrsport.ch: L'arrivée de Bernard Challandes, motivateur hors pair et de surcroît neuchâtelois, semble donc idéale...
ALEXANDRE REY: C'est effectivement une belle histoire, qui pourrait même être très belle. Et par rapport à sa carrière et à son attachement à Neuchâtel, il y a une certaine logique que Bernard vienne chez nous. Comme je l'ai appris, il a souvent flirté avec Xamax. Là, ça s'est fait et c'est une bonne chose.
"IL NE FAUT PAS PEINDRE LE DIABLE SUR LA MURAILLE"
tsrsport.ch: Un mot sur la reprise du club par Bulat Chagaev?
ALEXANDRE REY: Ce qui me dérange, même si c'est un peu "normal", c'est la méfiance des gens, qui font tout de suite de mauvais amalgames. M.Bernasconi et le comité ont annoncé il y a 8 mois qu'ils ne solliciteraient pas de nouveau mandat. Et une seule personne, M.Knöpfel, s'est manifestée. Mais il n'avait pas les moyens financiers pour garder un club en Super League. Maintenant, il ne faut pas peindre le diable sur la muraille. Une reprise par un investisseur étranger est une chose fréquente en Europe. Si M.Chagaev avait été canadien, personne n'aurait rien osé dire...
tsrsport.ch: Mais on a parlé de jouer le haut du tableau dans le championnat, la Champions League, etc. Le public se pose des questions, c'est normal, non?
ALEXANDRE REY: Oui, et alors? Tout dépend des moyens que l'on se donne. Le championnat de Suisse est un tremplin "simple" pour la Champions League ou l'Europa League. Dans le cadre d'un championnat à 10 équipes, on a le pourcentage d'équipes qualifiées le plus élevé d'Europe. Thoune a bien joué la Champions League et Lausanne une brillante Europa League! Je ne pense pas que ce soit utopique d'y croire.
Il faut être réaliste. Neuchâtel, sa région et son économie, n'a pas les moyens d'avoir un club en Super League. Là, M.Chagaev espère offrir du rêve et j'espère qu'engouement il y aura. Encore une chose: des Gigi Oeri, des Bernasconi ou des Constantin, il n'y en a pas beaucoup en Suisse...
"ON NE PEUT PAS AVOIR TOUT ET TOUT DE SUITE"
tsrsport.ch: Vous, comment réagissez-vous à cette reprise? Elle vous fait rêver?
ALEXANDRE REY: Je reste très réaliste, sachant qu'on ne peut pas avoir tout et tout de suite. Et la situation actuelle du club étant ce qu'elle est, ne voyons pas trop loin! Mais le foot n'est pas une science exacte, avec un petit club qui peut aller très loin sur la scène européenne et les "gros" se planter! Moi, je suis très content que cette reprise ait eu lieu, car c'était quand même un peu à la vie ou à la mort. On n'avait pas 36 solutions non plus... Là, quelque chose va se faire, mais il faut y aller pas à pas. Et le premier pas, c'est le maintien! Si au moins une fois cette saison nous n'étions pas obligés de regarder le Teletext pour voir ce qu'ont fait nos adversaires...
Coupe, les finales de Neuchâtel Xamax
1974: Sion - Neuchâtel Xamax à Berne (3-2)
1985: Aarau - Neuchâtel Xamax à Berne (1-0)
1990: Grasshopper - Neuchâtel Xamax à Berne (2-1)
2003: Bâle - Neuchâtel Xamax (6-0)
2011: Neuchâtel Xamax - Sion à Bâle (?)
COUPE, LES FINALES DE SION
1965: Sion - Servette à Berne (2-1)
1974: Sion - Neuchâtel Xamax à Berne (3-2)
1980: Sion - Young Boys à Berne (2-1)
1982: Sion - Bâle à Berne (1-0)
1986: Sion - Servette à Berne (3-1)
1991: Sion - Young Boys à Berne (3-2)
1995: Sion - Grasshopper à Berne (4-2)
1996: Sion - Servette à Berne (3-2)
1997: Sion - Lucerne à Berne (3-3 ap 5-4 tab)
2006: Sion - Young Boys à Berne (1-1 ap 5-3 tab)
2009: Sion - Young Boys à Berne (3-2)
2011: Sion - Neuchâtel Xamax à Bâle (?)