Christian Constantin est prêt à tout pour ramener le trophée

Toute série qui se prolonge tend inévitablement vers sa fin. Un adage auquel aucun supporter du FC Sion ne croit. Le club valaisan espère remporter dimanche son 12e trophée en Coupe en 12 finales.

Christian Constantin est lui conscient qu'une défaite va forcément arriver un jour, et peut-être bien contre Xamax. "Les Neuchâtelois ont toutes les armes pour nous battre", explique le président sédunois, statistiques à l'appui.

"CC" disputera sa 6e finale à la tête de son FC Sion. Malgré ses paroles, il avoue être "prêt à tout pour emmener son équipe à la victoire". Confidences du patron avant le grand rendez-vous.

"Les angoisses commencent deux jours avant"

tsrsport: Cette finale de Coupe accapare-t-elle toutes vos pensées, comme c'est le cas pour beaucoup de Valaisans, depuis la qualification contre Bienne?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Non, mes priorités étaient d'abord que Sion soit en Europa League et que les M21 du club se maintiennent en 1ère ligue. Ce n'est que le week-end dernier que ces deux conditions ont été remplies. Concernant la Coupe, c'est ma 6e finale et je sais que les angoisses commencent deux jours avant le match, pas un mois avant.

tsrsport: Pour la première fois, Sion disputera sa finale à Bâle et non pas à Berne. Etes-vous superstitieux?

CHRISTIAN CONSTANTIN: La seule chose que je sais est que le terrain à Bâle, comme à Berne, a des dimensions de 105m x 64m. Il y a deux ans, j'avais assez gueulé parce qu'on jouait sur du synthétique à Berne. Je serais malhonnête de me plaindre cette année puisqu'on joue à Bâle sur une vraie pelouse.

tsrsport: Avez-vous un rituel avant chaque finale de Coupe?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Il faut soigner tous les détails, savoir garder son sang-froid et se rendre compte qu'il y aura des faits d'armes importants. Comme par exemple être mené 2-0. Si c'est le cas, il faut continuer à jouer et ne pas avoir la tête dans le sac.

tsrsport:

Si Sion est mené 2-0 en finale de Coupe, c'est plutôt bon signe, non?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Je n'aime pas perdre 2-0 en finale de Coupe mais c'est arrivé trop souvent (ndlr: en 1991, 1996 et 2009) et j'ai eu peur de ne pas revenir. On sait qu'un jour Sion va forcément perdre une finale, et ça peut être celle-ci. Mais si on a peur de perdre, on ne doit plus aller en finale. Je préfère avoir mon équipe en finale dimanche que de la voir déjà partir en vacances.

"La Coupe, un événement que les Valaisans veulent vivre"

tsrsport: Il y aura environ 25'000 Valaisans dans les tribunes. Comment expliquez-vous cet engouement pour la Coupe?

CHRISTIAN CONSTANTIN: C'est exceptionnel pour une ville de 30'000 habitants! Je pensais qu'on vendrait entre 15 et 20 mille billets. Le club suscite un intérêt parce qu'il se passe toujours quelque chose lorsque Sion joue une rencontre de Coupe. Ce n'est jamais un match avec un encéphalogramme plat.

C'est une fierté pour les gens d'avoir un club qui défend sa bannière et qui est capable de donner une unité entre les deux parties linguistiques du canton. Il faut d'ailleurs préciser qu'on vend des billets dans toutes les régions du canton. Il y a encore beaucoup de personnes qui ont vu la première victoire en Coupe (ndlr: en 1965). Ils l'ont racontée à leurs enfants, puis petits-enfants. Du coup, c'est un événement que les Valaisans veulent vivre.

tsrsport:

Quel sera votre rôle lors de cette finale? Président, motivateur, coach-adjoint, entraîneur?

CHRISTIAN CONSTANTIN: C'est de mener mon équipe à la victoire. Si je peux rester les pieds en éventail dans la tribune, je le ferai. Si je dois retrousser les manches, je le ferai également, donc je suis prêt à tout! La seule chose que j'exige est que tous les joueurs et le staff donnent jusqu'à leur dernière goutte de sang pour ramener le trophée en Valais!

tsrsport: Dans l'optique de cette finale, on a du mal à comprendre pourquoi vous avez laissé Bernard Challandes signer à NE Xamax?

CHRISTIAN CONSTANTIN: J'aime l'honnêteté et je me bats pour les choses justes. J'aurais été un très grand malhonnête si je l'avais empêché de travailler. Certains l'auraient peut-être compris mais mon coeur pas.  Mais je ne suis pas complètement con, je sais très bien que c'est un apport pour Xamax. Neuchâtel a toutes les armes pour gagner cette finale. Il nous a battu trois fois lors des quatre dernières confrontations (ndlr: en ne comptant pas le match "particulier" de mercredi).

tsrsport: Mais si vous perdez cette finale, certains diront que c'est de votre faute. Il ne fallait pas laisser Challandes aller chez "l'ennemi".

CHRISTIAN CONSTANTIN: Oui, mais je m'en fous!

tsrsport: Quel est votre pronostic pour cette finale de Coupe?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Sion va perdre... mais la prochaine! (rires)

tsrsport: En cas de victoire, quel sera la prime pour chaque joueur?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Elle a été fixée en début de saison mais je n'ai pas la mémoire des chiffres... (ndlr: lors de la victoire en Coupe contre YB en 2009, chaque joueur avait reçu 15'000 francs).

"Ca serait un cataclysme"

tsrsport:

Avec cette place en Coupe d'Europe, la saison de Sion est-elle réussie quelle que soit l'issue de la finale?

CHRISTIAN CONSTANTIN: On a atteint un objectif en championnat. Maintenant si Xamax remporte la Coupe, la pilule sera amère pour nous. Ca serait un cataclysme puisque Sion aurait perdu sa première finale. L'histoire s'arrêterait et le FC Sion redeviendrait humain.

tsrsport: L'avenir de Laurent Roussey sur le banc du FC Sion dépend-il alors du résultat de cette finale?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Très franchement, je vous dirais non. J'ai convenu avec l'entraîneur qu'on ferait le point à la fin de la saison. Quand il est arrivé, l'objectif assigné était une place en Coupe d'Europe et aller au bout en Coupe. On est à mi-chemin...

tsrsport: Roussey est-il meilleur que son prédécesseur?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Les mathématiques répondent oui. Challandes avait une moyenne de 1,4 point par match, ce qui n'aurait pas fait de Sion un qualifié pour l'Europe. Roussey a augmenté la moyenne de points d'environ 20% ce qui nous a conduit à cette 4e place.

tsrsport: Qu'a-t-il apporté de plus?

CHRISTIAN CONSTANTIN: C'est difficile à dire...

tsrsport: Il y a forcément une explication.

CHRISTIAN CONSTANTIN: Oui, il y a une raison mais je ne peux pas la dire ici (rires).

"Je placerai le FC Sion en Challenge League..."

tsrsport:

Un mot sur la reprise de Xamax en mains tchétchènes.

CHRISTIAN CONSTANTIN: L'avenir de Xamax peut être radieux! Je ne connais pas le dossier. Tout ce que je sais est que Sylvio Bernasconi a été un bon président. Il n'a trouvé personne dans la région pour reprendre ce club alors il a fait le maximum qu'il pouvait.

tsrsport: Pourriez-vous à un moment donné en faire de même, vendre le club à des investisseurs étrangers?

CHRISTIAN CONSTANTIN: Non, à Sion la position est très claire. J'ai déjà laissé une fois le club à des personnes qui croyaient que l'argent poussait dans les champs, on a vu le résultat. Le club était au bord du gouffre. C'est simple, le jour où je déciderai d'arrêter, je placerai le FC Sion en Challenge League, là où est sa vraie place avec un budget raisonnable! C'est un choix logique compte tenu du potentiel économique de la région.

Propos recueillis par Stéphane Altyzer