Douze sur douze pour Sion. 0 sur 5 pour Xamax

Douze sur douze pour Sion! L'histoire d'amour entre Sion et la Coupe de Suisse se poursuit. Sous le soleil bâlois du Parc St-Jacques, les Valaisans n'ont pas tremblé la moindre seconde en finale face à un Xamax impuissant (2-0). Même si le premier but sédunois est entâché d'un hors-jeu de Vanczak, le sacre des hommes de Laurent Roussey ne souffre aucune discussion.

En face, Neuchâtel n'y était tout simplement pas. Les Rouge et Noir, pour leur 5e finale perdue, ont fait peine à voir (mis à part le poteau de Tréand/84e et un retourné de Niasse/87e). Mené 2-0 après 6 minutes (!), Xamax a vécu un cauchemar.

Il faut bien l'avouer, le succès valaisan est sans doute l'un des plus facilement acquis dans la "légende" FC Sion. Les 2 buts inscrits lors des 6 premières minutes ont très vite "tué" tout suspense.

Si Prijovic (13e et 28e) n'avait pas manqué des "montagnes", la troupe de Roussey n'aurait pas "tremblé" inutilement en fin de rencontre. Trembler est un bien grand mot, car jamais NE Xamax n'a donné l'impression de croire en ses chances. Un comble!

Un Neuchâtel Xamax transparent

Sion a vécu un match tellement tranquille que Christian Constantin n'a même pas dû descendre de la tribune! Le président sédunois est certes allé parler à ses joueurs durant la pause, sentant peut-être que son équipe se la jouait trop "facile".

On ne saura jamais comment auraient réagi les joueurs valaisans si Xamax avait marqué. Mais les Neuchâtelois, malgré 2 occasions en fin de match, ont été bien maladroits. Ce succès en Coupe, ajouté à la 4e place en championnat, devrait permettre à Laurent Roussey de prolonger son bail sur le banc sédunois. Le Français a rempli les deux objectifs assignés.

Sion a appris à gagner, pas Xamax

NE Xamax ne gagnera sans doute jamais la Coupe. Attribuer à "pas de chance" 1 voire 2 défaites en finale, peut-être, mais alors 5! Le pire, c'est que Xamax n'a jamais, à l'exception de 1990 face à GC (2-1), semblé proche de la gagner.

Le meilleur exemple reste ce tristement fameux 0-6 face à Bâle, il y a 8 ans. Le problème semble bel et bien mental. Comment expliquer autrement sinon ce début de match cauchemardesque des "rouge et noir", avec 2 buts pris sur balles arrêtées en moins de 6 minutes?

Psychologiquement et mentalement, Sion est prêt à gagner sa finale, et a appris à le faire. A Xamax, on a toujours perdu au dernier stade. Comment donc, à Neuchâtel, saurait-on gagner?

L'heure des questions à Xamax

Alors que Sion fêtera très certainement cette 12e Coupe toute la nuit Place de la Planta, au sein de Xamax, c'est la tête pleine de questions qu'on s'en retournera à Neuchâtel...

On le sait, Bulat Chagaev, le nouveau patron tchétchène a des ambitions élevées. On le voit donc mal garder tout son monde... La première interrogation concerne évidemment Challandes. Sera-t-il toujours à la barre des "rouge et noir"?

Le maintien a certes été assuré, mais la performance en Coupe ne joue pas pour lui. Concernant les joueurs, on peut donc s'attendre à un "brassage". Certaines rumeurs d'arrivées alimentent d'ail- leurs déjà les discussions: Cissé, Govou, Toulalan, etc. On verra bien.

Roussey: "Prijovic aurait pu être l'homme de cette finale"

LAURENT ROUSSEY (entraîneur):

"C'est un rêve! On aurait dû mener 3 ou 4-0 à la demi-heure. Prijovic aurait pu être l'homme de cette finale mais il lui manque cet

esprit de tueur. Après, on s'est mis en difficulté tout seul. La pression? Ce n'est pas pesant, c'est surtout l'adversaire qui la ressent. Toute cette énergie apportée par nos fans nous donne des ailes. De cette façon, Sion ne pourra jamais perdre une finale de Coupe de Suisse! Mon avenir? Je souhaite poursuivre mon aventure à Sion, mais avant on va d'abord savourer cette victoire".

GORAN OBRADOVIC (capitaine): "C'est une grande victoire pour moi, ma famille et bien sûr tout le peuple valaisan. La pression était énorme, donc là c'est aussi un grand soulagement. C'est dommage de ne pas avoir marqué ce 3e ou 4e but. Après, on n'a joué trop défensivement mais 2-0 ce n'est pas un score facile à gérer. Mon avenir? Là, je pense que je vais continuer ma carrière à Sion mais maintenant on va faire la fête. La nuit sera longue et je pense que les enfants n'iront pas à l'école lundi!"

Constantin: "on aurait dû tuer le match en marquant ce 3e but"

CHRISTIAN CONSTANTIN (président):

"Je suis très content, bien sûr. L'équipe a réussi une bonne entame de match, qui a insufflé le doute dans les têtes neuchâteloises. Avec deux buts d'avance, le but était ensuite de faire circuler le ballon pour fatiguer l'adversaire. Mais on aurait dû tuer le match en marquant ce 3e but.

L'avenir de Laurent Roussey? On prendra une décision autour d'un café ces prochains jours. Après la fête, je dois déjà commencer à préparer la saison lundi matin. Il faudra équilibrer l'équipe. Il y aura, je crois, beaucoup de prétendants la saison prochaine".

DIDIER CRETTENAND (il disputait dimanche son 2e match de la saison, quatre jours après le 1er!): "Jouer une finale de Coupe avec le FC Sion, c'est mythique. Les trois quart du stade étaient "rouge et blanc". J'ai eu la chair de poule lors de l'entrée des équipes sur la pelouse. J'ai montré au coach ce dont j'étais capable et il m'a informé vendredi que j'allais être titulaire. J'espère continuer l'aventure au FC Sion."

MARCO PASCOLO (entaîneur des gardiens): "L'émotion est différente que quand tu es joueur. Mais cette communion entre les joueurs et les supporters est un moment magique et unique."

FABRIZIO ZAMBRELLA: "C'est le premier titre de ma carrière, donc cette victoire est très importante pour moi. Il s'agissait de ma première finale de Coupe avec Sion, et cet engouement des supporters est incroyable. Les consignes étaient d'entamer la rencontre très fort. En marquant très vi te, ça nous a libérés. S'il y avait eu 0-0 longtemps, la pression sur nos épaules aurait augmenté au fil du match. C'est juste dommage de ne pas avoir marqué le 3-0. Si Xamax avait réduit le score, le doute aurait pu s'installer. C'est le succès du collectif, le groupe était très uni tout au long de la saison".

Ursea: "la Coupe, cela aurait été la cerise sur le gâteau"

ADRIAN URSEA (entraîneur adjoint):

"Il n'y a pas grand-chose à analyser. Il est difficile de revenir dans le match après avoir pris 2 buts en 6'... C'est difficile à expliquer. Ces duels, on devait les gagner! C'est seulement à 0-2 qu'on a commencé à faire du jeu... Il y a peut-être eu une certaine usure après une saison très difficile, et ça se

ressent dans les moments-clés. Reste que l'objectif de la saison, le maintien, est assuré. Gagner la Coupe, cela aurait été la cerise sur le gâteau".

MICKAEL FACCHINETTI: "Ca s'est passé, c'est comme ça! Sion, c'est peut-être une équipe de Coupe, mais elle était largement prenable. C'est dommage pour mon grand-père (réd: Gilbert), ça aurait été le plus beau cadeau pour lui".

LUCA FERRO: "Nous n'avons pas assez d'expérience dans ce genre de matches, et avons donc eu peur au début. Après, il était difficile de remonter ces deux buts. Mais avec un peu de chance, on aurait pu revenir à 2-1, et le match aurait pu être différent. A mon avis, on a même été meilleurs que Sion en 2e mi-temps, après avoir repris confiance".

Besle: "M.Chagaev n'était pas content"

FREDERIC PAGE: "On ne peut quand même pas dire que nous avons fait un mauvais match. Si nous avions marqué en 2e mi temps, c'était faisable. Ce serait faux de penser à l'avenir déjà maintenant. Partons en vacances et nous verrons ensuite".

STEPHANE BESLE: "C'est difficile d'imaginer gagner en ne jouant qu'une mi- temps... Il nous a fallu 45' pour entrer dans le match. Mais voilà, on n'oublie pas une saison comme celle-là en 3 jours seulement. La cicatrisation prend du temps. M.Chagaev est venu dans le vestiaire à la pause et en fin de match. Il n'était vraiment pas content, et avait toutes les raisons à cela... Si j'ai peur de l'avenir? Tout le monde a peur de demain... Mais moi je n'ai jamais triché et si les nouveaux dirigeants veulent que je sois là, je le serai à 110%. Sion? Le Sion du championnat n'est pas le même que celui de la Coupe, ça il n'y a aucun doute!"

Nuzzolo: "nous avons essayé, mais sans grand danger"

RAPHAEL NUZZOLO: "Prendre 2 buts sur balles arrêtées, alors que nous tra- vaillons ça toute l'année, c'est impensable. En plus, on sait tous que Vanczak est le meilleur joueur de Suisse dans ce genre de situation... Ensuite, nous avons essayé, mais sans grand danger. Ce qui m'ennuie, c'est que j'ai 27 ans, et je ne sais pas si je jouerai une autre finale de Coupe..."

JEAN-FRANCOIS BEDENIK: "Ces 2 buts du début de match, c'était un véritable coup sur la tête. Il était ensuite difficile de revenir, alors qu'on voulait tous réussir une belle finale. M.Chagaev a crié à la mi-temps, ça a un peu secoué tout le monde. On a d'ailleurs montré plus de jeu ensuite,mais voilà".

Les coulisses de la finale

TRANSHUMANCE: impressionnante, la marée valaisanne qui a déferlé sur Bâle. Sur la route du Parc St-Jacques, toutes les aires d'autoroute étaient "squattées" par les supporters "rouges et blancs". Ce ne sont pas moins de 255 cars qui ont fait le déplacement du Valais, sans compter les milliers de voitures "VS" et les convois en trains. Et à la gare de Bâle, les voyageurs ont eu droit à l'accueil d'une marée blanche et rouge.

TRAMS: pas toujours très intelligents, les supporters. Ceux du FC Sion - enfin certains! - ont eu la bonne idée de jouer à "sautiller" dans le tram, agitant vraiment la voiture. Après 2 avertissements, le conducteur a prié tout le monde de descendre. C'est donc à pied que nous avons rejoint le stade!

PRIME: chaque joueur sédunois a touché une prime de 18'000 francs, généreuse ment offerte par le président Constan tin pour ce sacre. C'est 3000 francs de plus que lors de la dernière victoire en 2009. A titre de comparaison, chaque joueur du FC Sion avait reçu une prime de... 500 francs lors du 1er succès en Coupe en 1965. Une autre époque!

TRADUCTION ARRETEE: C'est Andrei Rudakov qui a servi d'interprète quand Bulat Chagaev est venu expliquer son fait à ses joueurs en fin de match. Mais au bout d'un moment, le président xamaxien a mis un terme à la traduction. "Ca vaut mieux pour tout le monde...".

Bâle, Stéphane Altyzer et Daniel Burkhalter