Pierrot Georgy, à jamais le premier

Le natif de Sierre se rappelle de ce 19 avril 1965 comme si c'était hier. Alors âgé de 25 ans, il était le capitaine du FC Sion victorieux 2-1 de Servette au Wankdorf.

"La finale se jouait le lundi de Pâques. Même à l'époque, on allait se mettre au vert. On avait fait un entraînement en fin d'après-midi le vendredi avant de partir pour le Gurten. On disait toujours à l'époque que ceux qui se préparaient au Gurten gagnaient la finale", sourit Pierrot Georgy.

Germanier et la descente du Gurten

Capitaine exemplaire, qui prônait le collectif avant tout le reste, il garde en mémoire la descente vers Berne. "André Germanier, qui avait joué tous les matches, avait été remplacé au poste de latéral droit par Jean-Pierre Jungo pour cette finale. Je me rappelle comme si c'était hier de notre descente du Gurten en téléphérique. Je vois encore sa tête, c'était terrible", confie-t-il.

"Tout le monde était très concentré. Nous n'étions pas favoris. A l'époque, Sion naviguait entre la 8e et la 10e place, alors que Servette était dans les deux premiers. Même si on était le "petit", on avait bon espoir de gagner", souligne celui qui était alors prêté au FC Sion par... Servette.

Le mauvais tour du transfuge

Clin d'oeil du destin, le transfuge a joué un bien mauvais tour à son employeur en ouvrant la marque dès la 13e minute. "C'était sur un corner de Stockbauer, j'ai marqué de la tête. Après, on avait été plutôt dominés. Notre gardien Vidinic avait fait une grande partie. Puis Gasser a marqué le 2-0 à dix minutes de la fin, avant que Servette ne réduise la marque."

"C'était un match assez tendu, poursuit l'ancien milieu de terrain. Servette avait battu Young Boys au Wankdorf en demi-finales et il y avait eu des accrochages. Ce qui fait que le public bernois était plutôt favorable au FC Sion, en plus des 17'000 supporters valaisans qui avaient fait le déplacement."

Un engouement présent dans les travées du Wankdorf, mais aussi et surtout dans le Valais tout entier. "Nous étions allés à Berne en train, à l'époque on se déplaçait toujours en train. On a été accueillis à la gare à notre retour à Sion. L'Avenue de la gare était remplie. J'ai vu des gens de mon village, Ardon, qui n'étaient jamais venus à un match de football, mais qui étaient là pour fêter ça."

"J'ai piqué le ballon du match"

L'histoire d'amour entre Sion et la Coupe de Suisse est ainsi née ce jour d'avril 1965. "On n'aurait jamais pensé que cette victoire serait suivie de tant d'autres", dit-il. Outre des souvenirs à la pelle, Pierrot Georgy conserve depuis 50 ans une relique de ce jour mémorable.

"Le ballon? Je l'ai piqué (rires). J'ai fait une touche vers Stockbauer, qui m'a rendu le ballon. L'arbitre a alors sifflé la fin, j'ai pris le ballon que j'ai caché sous mon maillot avant de traverser le terrain en courant. Ma femme dit que je n'ai jamais couru aussi vite."

Malheureusement, il ne reste aucune trace des maillots portés par les Sédunois lors de la finale. "On avait cousu le blason du Valais à la place de celui du club sur nos maillots exprès pour cette finale. On n'avait pas pu les récupérer car on jouait le dimanche suivant contre Lausanne. Ces maillots ont ensuite disparu. Il paraît qu'ils ont été revendus à un club valaisan dans le canton de Neuchâtel. C'est dommage", soupire Georgy.

"Beaucoup de symboles"

Et comment Pierrot Georgy voit-il la finale du 7 juin entre "son" FC Sion et Bâle? "Sion a une certaine pression parce que c'est la 13e, on fête les 200 ans de l'entrée du Valais dans la Confédération, il y a beaucoup de symboles. Et soyons justes, Bâle, sportivement parlant, est une meilleure équipe", analyse-t-il.

"Mais les Bâlois vont avoir cette pression de se dire que Sion n'a jamais perdu une finale. Je pense et j'espère qu'on va la gagner. Le premier qui marque aura un gros avantage. Mais le FC Sion a déjà renversé quelques situations compliquées, donc... Je serai au stade. Je n'ai pas assisté à toutes les finales, mais celle-là, je vais y aller."

Axel David - @axel_david7