"Il y a un lien particulier entre les Valaisans et la Coupe. En Valais on est fiers. Cela embête parfois un peu les gens, mais c'est comme ça. Il y a cette identité d'appartenir à un groupe. Cela se transpose dans le foot", explique l'ex-international suisse.
"Et la finale de Coupe représente le Valaisan au mieux: cela se joue sur un jour, il faut être au rendez-vous, il faut gagner et on l'a toujours fait."
Le décor est planté. Entre le FC Sion et la Coupe de Suisse, c'est une histoire qui dure et qui se termine toujours bien. Et Christophe Bonvin sait de quoi il parle.
"Douze sur douze, c'est irrationnel"
Né le 14 avril 1965, soit 5 jours seulement avant la première victoire en Coupe de Suisse du club sédunois, il a soulevé le trophée à quatre reprises avec le club sédunois en 1986, 1995, 1996 et 1997. Un record qu'il partage avec Alvaro Lopez, Jean-Paul Brigger et Stefan Lehmann.
Peut-on parler de "magie de la Coupe" concernant le FC Sion? "Douze victoires en douze finales, il y a quelque chose d'irrationnel. Quand on joue à Sion, on a vraiment une obligation de gagner, on n'a pas le droit d'être les premiers à la perdre. On est programmés pour ça, souligne l'ancien attaquant. Mon taux d'agressivité par rapport à ces matches-là a toujours été extrême. J'étais plus agressif, voire à la limite du fair-play, dans ces finales."
Le mythe de 1991
Pour Christophe Bonvin, le mythe s'est construit et s'est amplifié avec la sixième victoire contre Young Boys en 1991. "Elle symbolise la magie entre Sion et la Coupe. On est menés 2-0 à la pause et on finit par gagner 3-2 après avoir fait entrer deux jeunes (Orlando et Rey). En 1996, on remonte deux buts contre Servette, et en 1997, on égalise en fin de match contre Lucerne. On aurait dû la perdre 2-3 fois, mais on a toujours réussi à gagner."
"Tout ça donne maintenant une force au FC Sion mais procure également une pression supplémentaire à l'adversaire, qui sait qu'on a déjà renversé des situations incroyables lors de plusieurs finales."
Des finales qui ont souvent réussi à Christophe Bonvin sur un plan personnel, puisqu'il y a trouvé le chemin des filets à trois reprises. "Les buts marqués en finale ont une saveur particulière", glisse-t-il.
Trois buts, trois sentiments différents
"Le premier, en 1986, je suis remplaçant. J'entre en jeu, j'ai la chance de participer à cette grande fête. Brigger me passe le ballon et lève les bras avant même que je marque. C'est extraordinaire. Après, c'est le bonheur parfait, le match est presque terminé et on va gagner", se souvient Bonvin.
"Les deux autres sont différents. Contre Servette en 1996, on est menés 2-0, je marque le 2-1, j'ai la hargne, je veux gagner cette finale, ce n'est pas un souvenir très poétique mais un souvenir de combat. Le troisième contre GC en 1995 est assez rigolo, je suis poussé et je touche le ballon de la tête, un peu de la main, et il rentre."
"Les buts sont une chose, mais l'émotion est énorme au coup de sifflet final. Tu vas partager cette victoire avec le public, c'est très fort", ajoute-t-il.
"Le Valais s'approprie la Coupe"
Pour moi, outre la victoire, la Coupe de Suisse c'est la communion
avec le public et pas seulement les footballeurs ou fans de football. Tout le monde s'approprie la Coupe de Suisse. Tous les Valaisans n'aiment pas forcément le foot, mais tout le monde aime cette journée, comme on aime la Coupe du monde."
Quatre finales pour autant de victoires, cela laisse forcément des souvenirs marquants avec le recul. "En ce qui me concerne, c'est la première en 1986 qui m'a le plus marqué. Deux heures avant le début du match, on était entrés sur le terrain avec Vincent Fournier et on a vu ce mur rouge et blanc dans les tribunes. C'était une émotion très forte", raconte Bonvin.
"Je n'oublierai jamais quand on a remonté l'Avenue de la gare après le match. C'était la première fois pour moi. Tu vois quinze ou vingt mille personnes qui sont là pour toi, pour faire la fête et pour te dire merci."
"Si on en est convaincus, on la gagnera"
Par définition, toute série qui se prolonge tend inévitablement vers sa fin. Cette dernière pourrait-elle s'arrêter le 7 juin face au FC Bâle? "Je pense qu'on va gagner la 13e et je pense qu'il faut être convaincus qu'on va la gagner. Si on est convaincus en Valais qu'on va la gagner, on la gagnera", assure celui qui travaille désormais dans le commerce du vin.
"En championnat, on a une chance sur dix de battre Bâle. En finale de Coupe, on a neuf chances sur dix. La différence se fait dans les tripes. Sportivement, Bâle est plus fort, mais on va gagner", sourit Christophe Bonvin.
"La finale approche, la tension monte petit à petit. On en parle beaucoup, un peu partout. J'aurai moins de tension qu'en étant joueur, mais je serai quand même tendu au moment de partir pour le Parc St-Jacques", conclut-il.
Axel David - @axel_david7
Les quatre Coupes de Christophe Bonvin
1985/1986
FC Sion - Servette FC 3-1 (1-1)
Buts: 24e Schnyder 0-1, 42e/52e Balet 2-1, 82e Bonvin 3-1.
Sion: Pittier, Balet, Sauthier, O.Rey, Lopez, Cina (78'Bonvin), Bouderbala, Piffaretti (84'Perrier), V.Fournier, Perrier, Débonnaire, Brigger. Entraîneur: Jean-Claude Donzé
Servette: Burgener, Hasler, Geiger, Lei-Ravello, Bianchi, Schnyder, Favre, Decastel, Kok, Magnusson (84'Castella), Opoku N'ti.
Entraîneur: Jean-Marc Guillou
19 mai, Wankdorf (Berne): 39'000 spectateurs
Arbitre: Philippe Mercier (blessé et remplacé à la 85e par Georges Sandoz
1994/1995
FC Sion - Grasshopper 4-2 (2-0)
Buts: 5e Ouattara 1-0, 40e Assis (pen.) 2-0, 51e Vega 2-1, 68e Bonvin 3-1, 69e Willems 3-2, 84e Ouattara 4-2.
Sion: Lehmann, Wicky, Herr, Geiger, Quentin, Orlando, Milton, Fournier, Bonvin (74e Moser), Assis (88e Kunz), Ouattara. Entraîneur: Jean-Claude Richard
Grasshopper: Zuberbühler, Gämperle, Vega, Gren, Thüler, Magnin, Lombardo, Vogel, Sermeter, De Napoli, Willems.
Entraîneur: Christian Gross
5 juin, Wankdorf (Berne): 30'500 spectateurs
Arbitre: Werner Müller
1995/1996
FC Sion - Servette FC 3-2 (0-1)
Buts: 31e Karlen 0-1, 61e Neuville 0-2, 64e Bonvin 1-2, 67e Wicky 2-2, 74e Vidmar 3-2.
Sion: Lehmann; Gaspoz, Herr (58e Moser), Wicky, Quentin, Sylvestre (90e Zambaz), Lonfat, Colombo (46e Marandhina), Fournier, Vidmar, Bonvin.
Entraîneur:Michel Decastel
Servette: Pascolo; Aeby, Barea, Karlen, Ippoliti, Nemecek, Pizzinat (85e Fernandez), Barberis, Sesa (70e Weiler), Sogbie, Neuville.
Entraîneur: Umberto Barberis
19 mai, Wankdorf (Berne): 27'500 spectateurs
Arbitre: Urs Meier
1996/1997
FC Sion - Lucerne 3-3 (5-4 tab)
Buts: 1re Meyrieu 1-0, 15e Wolf 1-1, 28e Gaspoz 2-1, 42e Kögl 2-2, 68e Wolf (pen.) 2-3, 85e Lukic (pen) 3-3.
Tirs aux buts: Wolf 0-1, Lukic 1-1, Wyss 1-2, Ouattara 2-2, Moser 2-3, Zambaz 3-3, Kögl 3-4, Gaspoz 4-4, Sermeter -, Assis -, Sawu -, Quentin 5-4.
Sion: Lehmann; Milton (86'Quentin), Gaspoz, Biaggi, Wicky, Zambaz, Lonfat, Vega (68e Chassot), Meyrieu (100e Assis), Ouattara, Lukic.
Entraîneur:Alberto Bigon
Lucerne: Mutter; Gmür, Wolf, Van Eck, Baumann, Moser, T.Wyss, Koilov, Kögl, Yenay (86e Sermetter), Aleksandrov (75e Sawu).
Entraîneur: Kudi Müller
8 juin, Wankdorf (Berne): 28'400 spectateurs
Arbitre: Claude Détruche