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Orlando et Rey, les héros du rêve de 1991

Rey exulte, il vient d'inscrire le 3-2 pour le FC Sion.
Rey exulte, il vient d'inscrire le 3-2 pour le FC Sion.
Le FC Sion et la Coupe de Suisse? Un mythe dont la pierre angulaire est peut-être à chercher dans un rêve un peu fou. Celui partagé par deux jeunes Valaisans de 19 et 18 ans. Celui que David Orlando et Alexandre Rey ont transformé en réalité le 20 mai 1991.

S'il est bien une finale, dont l'écho résonne encore dans les coeurs du Vieux Pays, c'est celle-ci: un soleil de plomb sur un Wankdorf chauffé à blanc par 50'000 fans; un YB favori; une dramaturgie hellénique, de celles à travers lesquelles se forgent les héros. "Nous avons eu chacun nos carrières", sourit Rey aux côtés de son compère Orlando. "Mais c'est vrai que c'est ce moment-là qui ressort pour les gens."

"Très tendance"

Et pour cause! Les Jason de cette épopée ce sont eux, ces guerriers des temps modernes à la "toison" capillaire, la fameuse coupe mulet: "c'était très tendance à l'époque", se marrent le Montheysan et le Sédunois.

Un but contre son camp d'Alvaro Lopez et une réussite de Dario Zuffi en première mi-temps précipitent leur destinée. Young Boys, dans son écrin de la capitale, mène 2-0. Et c'est là que le narrateur Enzo Trossero se pique d'introduire deux "nouveaux" personnages. "Nous étions déjà heureux de faire partie du cadre des seize", se souvient Orlando. "Personnellement, c'était ma première saison à Sion. Dix mois avant je jouais encore à Monthey en 1L."

Bonvin, Rey et Orlando prennent la pause avec la Coupe de Suisse. [Droits réservés]
Bonvin, Rey et Orlando prennent la pause avec la Coupe de Suisse. [Droits réservés]

Des regards qui se croisent

"'Ciccio' Lopez a fait signe à Trossero qu'il ne pouvait plus continuer. Le regard du coach a croisé le mien et...", relate Rey. La légende ne tient parfois qu'à un fil. Ou à un coup d'oeil. Celui aussi qu'avouent avoir échangé les deux comparses lors de l'échauffement avant d'entrer dans le grand bain de la finale.

"Nous étions deux jeunes, Sion perdait 2-0 et nous n'avions rien à perdre. Nous ne pouvions qu'amener quelque chose", explique Orlando.

"L'insouciance de la jeunesse"

La suite? Une reprise croisée de ce dernier sur une remise de Rey (50e), une ouverture géniale de Blaise Piffaretti et une volée sous la latte (78e): le Montheysan signe le doublé. Le récit s'emballe, le scénario devient fou. Une minute à peine après l'égalisation, Mirsad Baljic délivre un bijou de centre, Rey est à la réception. Le public valaisan s'enflamme de ce dénouement totalement inespéré, le FC Sion tient sa sixième Coupe de Suisse.

"C'est l'insouciance de la jeunesse", résume le buteur décisif qui a également porté le maillot de Bâle, Xamax, Lucerne et Servette durant sa carrière. "A 18 ans, on ne se rend pas vraiment compte de ce qu'il se passe." L'histoire est magnifique, peut-être même fondatrice de ce mythe si cher aux Valaisans.

"Un rêve étrange"

Elle en demeure tout du moins l'un des épisodes les plus marquants. Un épisode que les deux héros ont partagé dans un rêve commun. "La veille du match, nous nous réveillons (ndlr: avec Alexandre Rey) de la sieste de l'après-midi. Je lui dis: 'écoute j'ai fait un rêve un peu étrange'. Il me répond: 'ah, toi aussi, de quoi tu as rêvé'", développe David Orlando.

"Nous savions que nous allions être remplaçants", poursuit-il avant de livrer la teneur de sa réplique: "J'ai rêvé que nous entrions et faisions cette finale. Et il ajoute: 'j'ai rêvé de la même chose'." Pour les deux anciens joueurs sédunois, il s'agit là du "souvenir le plus fort". Cette anecdote onirique, ils l'ont encore partagée en se marrant sur la ligne de touche avant d'entrer.

Après cinq ans avec Sion et deux ans avec Bâle, David Orlando s'engage avec Carouge. Il y joue une saison (1997-1998). [Fabrice Coffrini]
Après cinq ans avec Sion et deux ans avec Bâle, David Orlando s'engage avec Carouge. Il y joue une saison (1997-1998). [Fabrice Coffrini]

La même passion

Ils l'ont aussi et surtout transformée en une réalité, dont ils ont pris peu à peu conscience. Mais non pas déjà lors du retour à Sion, trop impressionnés par l'impact de ce succès historique. "Quand tu reviens, que tu vois les ponts couverts de gens, quant tu rentres en Valais, à Sion, que tu vois l'avenue de la gare bondée de monde, c'est fou", relève encore Rey.

La finale du 7 juin face à Bâle, ils ne la suivront "pas au stade, mais avec un groupe d'amis." Car, en définitive, au terme des belles épopées, les héros coulent des jours tranquilles, loin du fracas de leurs exploits passés, proches pourtant de leurs souvenirs qu'ils conteront toujours avec la même passion.

Ludovic Perruchoud

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Finale Coupe de Suisse 1991

1990/1991

FC Sion - BSC Young Boys 3-2 (0-2)
Buts: 4e Lopez (CSC) 0-1, 45e Zuffi 0-2, 50e/78e Orlando 2-2, 79e Rey 3-2.

Sion: Lehmann, Geiger, Clausen, Brigger, Sauthier, Piffaretti, Lopez (46e Rey), Calderon, Gertschen, Tudor (46e Orlando), Baljic.
Entraîneur: Enzo Trossero

YB: Pulver, Baumann, Wittwer, Weber, Gottardi, Bohinen, Bregy, Hänzi, Jacobsen, Löbmann, Zuffi.
Entraîneur: Martin Trümpler

20 mai, Wankdorf (Berne): 50'000 spectateurs

Arbitre: Kurt Röthlisberger