Jean-Michel Aeby et Christian Zermatten à l'interview

Neuchâtel Xamax n'a pas préparé la phase retour de la Super
League de manière idéale. Doux euphémisme. Camp d'entraînement en
Arabie Saoudite annulé, neige au Tessin, départ de Nestor Clausen
le 30.01... Autant dire que les 7 plaies d'Egypte se sont abattues
sur le club!



Dans ce contexte difficile, on attend des nouveaux coaches, Alain
Geiger et Jean-Michel Aeby, qu'ils assurent le maintien du club
dans l'élite helvétique. Le Valaisan, qui avait déjà dirigé Xamax à
2 reprises (de 1998 à 2002 et de 2004 à 2005), travaillera en
collaboration avec le Genevois, qui ne possède pas la fameuse
licence UEFA-Pro.



tsrsport.ch Comment vous sentez-vous à
quelques heures de coacher votre premier match en Super
League?



JEAN-MICHEL AEBY: Je ressens une grande émotion.
Entraîner en Super League, c'est une chance qui n'est pas donnée à
tout le monde! Je suis impatient de pouvoir démontrer mes qualités.
Le challenge que je dois relever est vraiment excitant. Pour moi,
le foot est plus qu'un métier, c'est une passion. J'ai donc une
chance exceptionnelle de me retrouver à la barre de Neuchâtel
Xamax, un club dont l'histoire est riche.



tsrsport.ch Avez-vous été surpris du brusque
départ de Nestor Clausen?



JEAN-MICHEL AEBY: Cette décision a été prise par
le club. Il me faut en faire abstraction. J'ai accepté de prendre
le relais, je n'ai donc ni le droit de parler de Clausen, ni de
cracher dans la soupe et de critiquer son travail.

Préparation difficile

tsrsport.ch Vous n'avez en tout cas pas eu
beaucoup de temps pour faire passer votre message à
l'équipe...



JEAN-MICHEL AEBY: C'est vrai. Je ne vais de toute
façon pas chambouler la tactique. Mon principe de base est de
travailler en zone. Le système? Il évolue toujours en cours de
partie, je n'en privilégie pas un en particulier.



tsrsport.ch De plus, la préparation ne s'est pas
déroulée de manière optimale...



JEAN-MICHEL AEBY: Lors de mon entrée en fonction,
j'ai trouvé une équipe en assez bonne forme. Preuve en est notre
succès en amical contre Bâle (2-0). A l'entraînement, les joueurs
en veulent.



tsrsport.ch Que répondez-vous si on vous reproche
votre inexpérience en Super League?



JEAN-MICHEL AEBY: Eh bien regardez Laurent Blanc:
il a du succès à la tête de Bordeaux sans avoir jamais entraîné
auparavant. Comparativement, on peut même dire que je suis plus
expérimenté que lui à ses débuts, car j'ai oeuvré durant 5 ans en
Challenge League, et connu deux promotions dans cette ligue (Meyrin
& Servette).



tsrsport.ch Vous affrontez des adversaires
directs dans la lutte pour le maintien lors de vos 5 premiers
matches (Lucerne, Aarau, Sion, Bellinzone, Vaduz).



JEAN-MICHEL AEBY: C'est bien de tout de suite
être dans le vif du sujet, ainsi nous serons fixés rapidement. Nous
devrons jouer 5 matches de Coupe. Je n'ai pas d'autre objectif que
le maintien.

Pas de renforts

tsrsport.ch Le retour de Tariq Chihab,
blessé depuis le 25.10.08, est salutaire, non?



JEAN-MICHEL AEBY: Il n'est pas encore tout à fait
au mieux de sa forme. Il ne s'entraîne que depuis environ 10 jours.
Il a encore un peu de retenue, c'est normal. On décidera en fin de
semaine s'il est apte à jouer contre Lucerne.



tsrsport.ch Vous ne recevrez votre licence
d'entraîneur UEFA-Pro, indispensable pour pouvoir entraîner en
Super League, qu'au printemps. Que pensez-vous de la nomination
d'Alain Geiger, comme entraîneur principal?



JEAN-MICHEL AEBY: Ce problème administratif
concerne en premier lieu la direction. Je n'ai pas vraiment le
temps de penser à cette affaire. Mon souci principal est de gagner
dimanche.



tsrsport.ch Xamax n'a pas engagé de
renforts.



JEAN-MICHEL AEBY: Notre groupe a de la qualité. C'est avec lui que
nous devons obtenir des résultats, voilà tout.

SION AVEC DAVANTAGE DE SERENITE

Sion, de son côté, a préparé la reprise
avec davantage de sérénité que Neuchâtel Xamax. Cependant, un
simple coup d'oeil au classement permet de se persuader que les
Valaisans se gardent bien de fanfaronner en ce moment. L'objectif
de Christian Constantin est donc le maintien et une victoire en 1/4
de la Coupe contre St-Gall.



Umberto Barberis -déjà présent à la barre du club de 93 à 94- et
Christian Zermatten vont oeuvrer en duo pour y parvenir. Deux
hommes du pays, qui connaissent bien la maison. Vont-ils rester en
poste jusqu'à la fin de la saison? Un brin de stabilité serait le
bienvenu...

tsrsport.ch:

Comment se passe votre
collaboration avec Umberto Barberis?

CHRISTIAN ZERMATTEN:

Nous nous entendons bien. On
se connaît depuis longtemps, c'est intéressant de travailler avec
lui. Nous nous sommes affrontés à plusieurs reprises, en tant
qu'entraîneur (en Challenge League) ou en tant que joueur. Toutes
nos décisions sont prises en commun.

tsrsport.ch:

Qu'apporte chacun en
particulier?

CHRISTIAN ZERMATTEN:

Bertine amène son expérience
et une certaine maturité dans la manière de parler aux joueurs. De
mon côté, j'apporte mon approche technique et mes méthodes de
travail.

tsrsport.ch:

Quel est l'état d'esprit? Les
nouveaux venus se sont-ils bien intégrés?

CHRISTIAN ZERMATTEN:

Oui. Cela est dû au fait que
le cadre n'a pas subi trop de modifications, au contraire des
années précédentes. Ne pas être parti à l'étranger a soudé les
joueurs, qui ont passé beaucoup de temps ensemble dans notre
nouveau centre sportif à Riddes.

Vingt-cinq changements d'entraîneur

tsrsport.ch: Un mot sur vos 2 principales
recrues, Yusuf Mohammed et Afonso?



CHRISTIAN ZERMATTEN: Mohammed a remporté 2 fois
la Ligue des champions africaine (2003 & 2004). C'est un
latéral rapide et technique. Afonso est longtemps resté inactif, il
doit travailler. Mais il a un gros mental et est adroit devant le
but.



tsrsport.ch: Sion a changé 25 fois
d'entraîneur sous l'ère Constantin. L'image du club en pâtit
beaucoup, vous ne croyez pas?



CHRISTIAN ZERMATTEN: Certainement. Mais "CC" a
repris Sion à un moment où il était presque mort. Chaque club doit
franchir des étapes dans son histoire. C'est comme lorsqu'un groupe
de Sherpas (ethnie du Népal) amène du matériel en haut de la
montagne: certains d'entre eux meurent avant le sommet...



tsrsport.ch: Certes, mais cette instabilité
du poste d'entraîneur à Sion, pèse-t-elle?



CHRISTIAN ZERMATTEN: J'ai appris à l'étranger,
lors de mes divers séjours, que le rôle d'entraîneur est éphémère.
Je connais les règles du jeu.



tsrsport.ch: Justement, parlons de vos
expériences hors de Suisse. Vous avez coaché en D1 malaise,
algérienne, malienne et ivoirienne. Un joli parcours!



CHRISTIAN ZERMATTEN: C'était intéressant à
plusieurs égards. Sur le plan humain, cela m'a appris à gérer des
joueurs provenant de cultures différentes. Sur le plan sportif,
j'ai obtenu de bons résultats, avec notamment une demi-finale en
Ligue des champions africaine et une victoire en Coupe de la Côte
d'Ivoire.

Douze nationalités différentes

tsrsport.ch: Sion a plusieurs Africains.
Etes-vous leur interlocuteur privilégié?



CHRISTIAN ZERMATTEN: J'ai la même relation avec
eux qu'avec les autres, mais je les comprends peut-être
mieux.



tsrsport.ch: Le contingent recense 12
nationalités différentes. N'est-ce pas un problème pour la cohésion
de l'équipe?



CHRISTIAN ZERMATTEN: Pas du tout. Barcelone et
Chelsea ont du succès et n'alignent pas 11 locaux sur le terrain.
L'important pour un club est de posséder une ligne de conduite, peu
importe l'origine des joueurs.



tsrsport.ch: Avez-vous un voeu
personnel?



CHRISTIAN ZERMATTEN: Outre le maintien, qui
accapare déjà assez de mon énergie, je souhaite qu'à la fin de
notre mission, le club ait le sentiment que M.Barberis et moi-même
n'avons pas été des tricheurs.



Propos recueillis par Michaël Taillard