Vingt-huit ans après ses premières expériences sur un banc,
Bernard Challandes a enfin garni son étagère d'un trophée. Champion
de Suisse avec Zurich, le Chauliers a mis un terme aux ragots qui
le présentaient certes comme un bon formateur, mais surtout comme
un serial-loser.
C'est que la perte de ce titre-là aurait certainement fait
beaucoup de mal à Challandes, qui fêtera ses 58 ans le 26 juillet
prochain. Le successeur de Lucien Favre au FCZ avait d'ailleurs
quelques craintes. «Ce fut un gros soulagement, surtout après
notre défaite contre Bâle la semaine passée. Nous nous sommes posé
plusieurs questions. Je me suis même demandé si nous n'avions pas
laissé filer le train...»
Soupe au lait
Ce sacre a du reste totalement balayé les envies du Neuchâtelois
de dire stop formulées en début d'année, après un énième coup de
gueule envers l'arbitrage. Il revient sur cet épisode avec recul.
«J'étais fatigué et déçu, je voulais réfléchir. Mais ce titre
ne change rien fondamentalement. Il y a toujours des choses dans le
football qui ne me plaisent pas. Et je crois être à un moment de ma
vie où je peux me permettre de le dire.»
Son honnêteté a fait de Challandes un personnage marquant du
ballon rond helvétique, sympathique malgré (ou grâce à) son côté
soupe au lait et entier qui lui a valu bien des débordements.
L'entraîneur de Zurich ne renie toutefois rien. «Je recherche
le plaisir et surtout l'harmonie avec ce que je suis et ce que je
fais.»
En ce sens, son premier titre de champion lui a psychologiquement
fait du bien. «Il me conforte dans mes idées. Tout le monde
disait toujours: 'Challandes met sur pieds des équipes joueuses,
mais c'est toujours un entraîneur-killer qui gagne à la fin.' Là,
ce n'est plus le cas.»
Et le natif du Locle de rendre hommage à ses joueurs. «Notre
victoire est méritée dans la mesure où l'équipe a été très
constante et qu'elle a su mélanger attractivité (ndlr: 2e attaque
de Super League) et solidité (ndlr: meilleur défense).» Une
flamboyance qui est venue «récompenser mon travail depuis des
années», et qui «n'est pas une consécration ni une revanche».
Pain noir
Pourtant, du pain noir, Challandes a dû en manger plus souvent
qu'à son tour. Après des saisons passées en ligues inférieures à
St-Imier (2L/1981-83) et au Locle (1L/1983-85), le Chauliers fait
le saut à La Chaux-de-Fonds (1985-87), qui vivait ses deux
dernières saisons de LNA. Une élite suisse que l'entraîneur ne
retrouve qu'en 1993, à la tête d'un Yverdon (1987-94) qu'il avait
promu en LNB dès son arrivée.
Relégué dans la foulée, Challandes quitte la Romandie en répondant
favorablement à l'invitation des Young Boys, alors en pleine
déchéance. Il ne tient pas jusqu'au bout de la saison et est libéré
par le club de la capitale qui milite alors contre la
relégation.
En avril 1995, d'entente avec les dirigeants d'YB, le Neuchâtelois
pose ses valises dans des Charmilles désertées par le Serbe Ilija
Petkovic. L'expérience n'est pas plus concluante qu'à Berne,
puisqu'il est remplacé par Umberto Barberis en octobre, tandis que
Servette sombre en fond de classement.
Formateur
Commencent alors onze ans de travail à l'ASF, à la tête des
équipes nationales juniors M17 à M21, avec qui il se hisse en
demi-finale de l'Euro après la «promotion» de Köbi Kuhn en équipe
A. Une activité de formateur qui le marque incontestablement et qui
en fait le parfait candidat à la succession de Favre à Zurich,
double champion de Suisse avec sa politique de savant mélange
entre
joueurs confirmés et jeunes loups.
Une philosophie que partage un Challandes à qui l'on ne donnait
pas beaucoup de chances de s'imposer sur les bords de la Limmat. Et
qui n'est pas mécontent de sa réussite après une première saison
insuffisante (3e loin derrière Bâle et YB). «Je ne suis plus
tout jeune. Quand je me retournais pour voir ce que j'avais
accompli, je me disais que ce n'était pas trop mal. Mais il
manquait quelque chose...»
si/bao
Portrait du FC Zurich
Couleurs: blanc et bleu.
Fondation: le 1er août 1896.
Stade: Letzigrund, capacité de 26 600 spectateurs.
Directeur technique: Fredy Bickel.
Entraîneur: Bernard Challandes (depuis 2007).
Budget: 18 millions de francs.
PALMARES:
12 titres de Champion de Suisse: 1902, 1924, 1963, 1966, 1968, 1974, 1975, 1976, 1981, 2006, 2007, 2009.
7 victoires en Coupe: 1966, 1970, 1972, 1973, 1976, 2000, 2005.
23 participations aux compétitions européennes: demi-finaliste de la Coupe des clubs Champions en 1964 contre le Real Madrid et en 1977 face à Liverpool.
CADRE:
Gardiens: Johnny Leoni (25 ans). Andrea Guatelli (It/26). Orlando Lattmann (19).
Défenseurs: Florian Stahel (24). Daniel Stucki (27). Philippe Koch (18). Alain Rochat (26). Heinz Barmettler (21). Remo Staubli (20). Hannu Tihinen (Fi/capitaine). Veli Lampi (Fi/24).
Demis: Xavier Margairaz (25). Tito Tarchini (19). Silvan Aegerter (29). Tico (Nig/27). Adrian Nikci (19). Dusan Djuric (Sd/24). Yassine Chikhaoui (Tun/22). Almen Abdi (22). Martin Büchel (Lie/22). Marco Schönbächler (19).
Attaquants: Alexandre Alphonse (Fr/25). Eric Hassli (Fr/28). Admir Mehmedi (18). Emra Tahirovic (depuis février 2009 à Örebro).
Autres news en bref
NE Xamax a annoncé l'engagement de ses 2 premiers renforts en vue de la saison prochaine. Omar Ismaeel (22 ans) et Fatadi Baba (23 ans), tous 2 internationaux au Bahreïn, ont signé un contrat de 3 ans. Les 2 milieux de terrain évoluaient dans le championnat du Qatar.
Aarau s'est attaché les services de Michele Polverino (24 ans) pour 3 ans. Le milieu liechtensteinois, en provenance de Vaduz, avait auparavant tenté sa chance en Italie dans le club d'Olbia.
Champion d'Allemagne avec Wolfsburg, Diego Benaglio a impressionné le magazine spécialisé "Kicker" durant cette saison de Bundesliga. L'Argovien figure ainsi au 5e rang du classement des meilleurs joueurs de l'exercice 08/09, derrière le buteur de Hoffenheim Ibisevic, le portier de Hanovre Enke, le demi de Bayern Munich Ribéry et l'attaquant de Wolfsburg Grafite. Alexander Frei pointe au 61e rang et au 10e du classement des meilleurs attaquants.