Goran Obradovic (FC Sion), le dernier rescapé de 2006, à l'interview

Avec l'approche du printemps, les ambitions laissées en berne en automne renaissent à la Porte d'Octodure,quartier général du FC Sion. Pour le club valaisan, qui vise les sommets européens, la reprise est fixée dimanche à Neuchâtel.

Quatrième, à six points seulement de la première place lucernoise, la troupe du président Constantin n'a jamais si bien figuré sur le plan comptable depuis son retour en Super League (2006). Mais ce résultat ne satisfait pas grand monde à Tourbillon. Il se pourrait donc qu'une défaite initiale face à Xamax devienne déjà synonyme de décisions radicales de la part du président.

Terminer sur une victoire

Non, Sion n'est pas un club comme les autres. La passion du résultat est telle que les coaches passent et "trépassent" au gré de l'impitoyable totomat. En marge de ces changements réguliers, il est un homme, un technicien de génie sur le terrain, qui est devenu l'âme de l'équipe sédunoise. Dernier rescapé de l'épopée 2006, Goran Obradovic résiste encore à la pression inhérente au club.

Héros des finales de Coupe de Suisse remportées en 2006 et 2009, le Serbe vit sa sixième saison au coeur du tourbillon. A bientôt 35 ans, le capitaine du FC Sion espère terminer sa carrière sur une victoire en championnat.

tsrsport.ch: Comment s'est passée la phase de préparation hivernale?

GORAN OBRADOVIC: On a bien travaillé, comme d'habitude. On a aussi beaucoup parlé de ce qui nous a fait défaut au premier tour. On a également effectué un gros travail sur le plan mental avec notre nouveau coach mental (ndlr: Jean-Christophe Bruniaux). Il nous permet de mieux utiliser notre potentiel.

tsrsport.ch: Sion pointe à la 4e place du championnat et demeure toujours en course en Coupe de Suisse. Existe-t-il néanmoins des regrets après le premier tour?

GORAN OBRADOVIC: Je reste convaincu qu'on aurait pu figurer dans les deux premières places du championnat. On est contents de notre parcours en Coupe, mais on ne peut pas être satisfaits du championnat. A la maison, on n'a pas su produire le même jeu qu'à l'extérieur. On a perdu trop de points et souvent de manière naïve. On s'est trop concentrés sur l'attaque et pas assez sur l'aspect défensif, contrairement à ce que l'on fait sur la route.

tsrsport.ch: Sion reste néanmoins en course et peut nourrir de réelles ambitions...

GORAN OBRADOVIC: Oui, la victoire en championnat reste un objectif. Il faudra mieux jouer à Sion pour rester au contact de Bâle, qui demeure à mon avis le grand favori. Mais on le sait, il n'y aura aucune rencontre facile.

tsrsport.ch: Ces ambitions passent par Neuchâtel dès dimanche. Saviez-vous que Sion a perdu les quatre matches de reprise qu'il a disputés depuis sa remontée?

"Je suis fier de jouer en Valais"

GORAN OBRADOVIC: Non, je ne le savais pas. Mais les records, même négatifs, sont faits pour être battus (rires).

tsrsport.ch: Vous êtes le héros de la saison 2006, avec la promotion et le titre en Coupe, sous l'ère Bigon, le héros de la Coupe 2009. Les supporters vous adorent, vous êtes le joueur emblématique...

GORAN OBRADOVIC: Je suis très content et fier de jouer en Valais. Je suis heureux d'avoir vécu des moments merveilleux comme en 2006 ou 2009. Mon but a toujours été de donner mon maximum.

tsrsport.ch: Pensiez-vous en arriver là?

GORAN OBRADOVIC: Quand j'étais jeune, je rêvais de jouer au Partizan et à l'Etoile Rouge de Belgrade. A 16 ans, j'ai eu un voisin qui vivait aussi à Davos. Il faisait un peu de foot et avait une jolie voiture... (rires). J'ai donc rêvé de jouer en Suisse. Mais, j'ai toujours voulu jouer pour le plaisir avant tout. Et j'ai trouvé maintenant la meilleure équipe possible. La qualité de vie en Valais est excellente et ma famille s'y sent bien.

tsrsport.ch: Vous vous sentez Valaisan?

GORAN OBRADOVIC: Oui. Enfin, disons que je suis un Serbe et un Valaisan.

tsrsport.ch: A Sion, la pression est grande et les événements extra-sportifs sont très souvent mis en avant par les médias. Comment le vivez-vous?

GORAN OBRADOVIC: Cela peut affecter en dehors du terrain. Mais vous savez, on n'y pense plus une fois sur la pelouse. Personnellement, je suis un professionnel et je donne tout ce que j'ai autant à l'entraînement que lors des matches. C'est cela le plus important pour moi.

tsrsport.ch: Si nous évoquions la réaction de votre président concernant l'arbitrage?

GORAN OBRADOVIC: Notre président a du caractère et du charisme. Il a eu raison, je pense,d'agir comme il l'a fait. Si les joueurs s'étaient exprimés, ils n'auraient pas été crédibles. Et là, au vu des erreurs d'arbitrages et des matches où on a été "volés", je suis content qu'il ait réagi.

"J'arrêterai en juin"

tsrsport.ch: Vous aurez 35 ans le 1er mars. Votre contrat arrive à échéance au terme de cette saison. Qu'allez-vous faire?

GORAN OBRADOVIC: Normalement, je prends ma retraite. Mais si on gagne le titre, je signerais bien six mois de plus pour jouer la Ligue des champions (rires).

tsrsport.ch: Vous avez déjà des projets?

GORAN OBRADOVIC: Oui, je compte devenir agent de joueurs. Il faudra que je passe une licence en Serbie et après je rejoindrai un copain, qui a déjà sa licence et qui a une place pour moi.

tsrsport.ch: Vous allez donc rester dans le monde du foot. Que pensez-vous justement de ce milieu? A-t-il vraiment changé, comme on le dit souvent?

GORAN OBRADOVIC: Je pense. Sur le terrain, cela va beaucoup plus vite qu'à l'époque. Il y a moins de dribbles, à l'exception de Messi et de quelques autres, et les joueurs courent beaucoup plus. Les dix joueurs de champ parcourent souvent plus de 10km en un match.

tsrsport.ch: Et on parle beaucoup d'argent en dehors des terrains...

GORAN OBRADOVIC: On parle beaucoup d'argent et c'est vrai, l'argent est important. Aujourd'hui,des gosses de 18 ans peuvent déjà s'acheter des voitures de luxe... Après, cela dépend de l'éducation, du caractère, mais l'argent peut pourrir une carrière. A 20 ans, je ne gagnais pas autant que les jeunes footballeurs d'aujourd'hui.

tsrsport.ch: Les débordements des supporters font également les Unes, comme lors du match de qualification pour l'Euro 2012 Italie-Serbie...

GORAN OBRADOVIC: Je ne veux pas parler de cela, j'ai été très choqué.

Propos recueillis par Ludovic Perruchoud