L'échiquier du football suisse a connu un net glissement vers l'ouest cette saison, avec les promotions en Super League de Lausanne-Sport et Servette, ainsi que le 12e sacre en Coupe de Suisse du FC Sion. Néanmoins, les rois du pays demeurent en terres alémaniques.
Tombés en faillite au début des années 2000, Lausanne-Sport et Servette seront ainsi de retour dans l'élite, opérant un recentrage du championnat vers la Romandie, désormais représentée par quatre clubs. Les deux formations lémaniques ont vécu une saison incroyable, passant de l'euphorie de la fin de l'été à une épopée européenne (LS), puis au doute et à la crise début 2011, avant de terminer en apothéose fin mai, grâce surtout aux effondrements de Lugano et Vaduz en tête du classement (2e plus faible total de points d'un promu après Thoune l'an dernier). Avec Lausanne et Servette, ce sont deux riches palmarès qui retrouveront l'élite: 24 titres (7 vaudois/17 genevois) et 16 Coupes (9/7).
Les malheurs de Challandes
Le FC Sion a également réussi sa saison. S'ils ont dû s'avouer vaincus devant les Young Boys dans la lutte pour une place sur le podium du championnat, les Valaisans ont quand même étoffé leur légende d'un nouveau sacre en Coupe, le 12e en autant de finale. Pour y parvenir, le président Christian Constantin a estimé nécessaire d'actionner le couperet début 2011 sur la tête de Bernard Challandes, remplacé par le Français Laurent Roussey. Le boss de Tourbillon nourrit maintenant d'autres ambitions élevées pour les deux saisons à venir.
Challandes a occupé une place importante dans la vie du football romand cette saison, malheureusement pour lui le plus souvent à son détriment. Viré par Sion, il a tenté de rebondir chez lui, à Neuchâtel, en reprenant un Xamax menacé de relégation. Si le Neuchâtelois a accompli sa mission sauvetage, il a en revanche échoué en finale de Coupe et n'a pas été prolongé par le nouveau propriétaire du club.
L'arrivée "fracassante" de Chagaev
Bulat Chagaev est lui aussi une figure centrale de cet exercice. L'homme d'affaire russe, qui a racheté Xamax à Sylvio Bernasconi, a fait irruption dans le football suisse avec fracas. Entre opacité autour du personnage et méthode pour le moins musclée, M. Chagaev suscite bien des interrogations, voire des craintes. Avec un tel patron, le club connaîtra certainement encore bien des péripéties à l'avenir.
En dépit de cette "année romande", il est impossible de contester la suprématie de Bâle et de Zurich. Les deux meilleurs clubs du pays, tant sur le terrain que dans leur organisation et le travail effectué avec la relève,
ont littéralement survolé la Super League, terminant avec 16 et 15 points d'avance sur YB. Champion pour la deuxième fois de suite, le FCB doit une fière chandelle à Alexander Frei, auteur de 27 buts cette saison. Depuis 2005/06, seul le prodige des Young Boys Seydou Doumbia a fait mieux, l'an dernier, avec 30 réalisations.
Le temps des regrets pour Saint-Gall
Lucerne, champion d'automne, a été parasité lors du 2e tour par des conflits internes qui ont débouché sur le renvoi de l'entraîneur Rolf Fringer. Sixièmes, les coéquipiers de Hakan Yakin, qui sera dirigé par son frère Murat la saison prochaine, ont été coiffés par Thoune pour la 5e place qualificative pour l'Europa League. Le club bernois a lui réalisé un exercice régulier, sans faire de vague, dirigé de main de maître par l'aîné des Yakin. Comme Lucerne, Thoune évoluera dès cet été dans un stade flambant neuf.
Les cancres de la saison ont été St-Gall et Bellinzone, relégués en Challenge League. Si la chute de l'ACB ne fera pas beaucoup de malheureux hors du Tessin, celle de St-Gall donne l'impression d'un beau gâchis. Malgré un stade moderne, un public fervent et plusieurs joueurs de talent Fabian Frei, Alberto Regazzoni, Ezequiel Scarione -, les Brodeurs ne se sont jamais remis de la lutte de pouvoir et des problèmes financiers rencontrés durant l'automne, où il ont échappé de peu à la faillite. Ils seront à n'en pas douter une valeur sûre l'an prochain en Challenge League.
si/lper