Lionel Pizzinat, le "grand frère" du Servette FC

Longtemps l'un des fleurons du foot suisse, Servette revient en Super League avec des ambitions plus humbles. Pour l'instant toutefois, car le président Majid Pishyar a clamé que le SFC deviendra champion de Suisse en 2014. Dans un premier temps, il s'agira cependant de se maintenir dans l'élite, retrouvée pour la première fois depuis 2005 et la sombre ère de Marc Roger.

Lionel Pizzinat (34 ans) est, avec Carlos Varela, le dernier vestige de la période flamboyante du SFC. Le milieu, qui va y entamer sa 13e saison, faisait partie de l'équipe qui avait conquis le 17e et dernier titre de champion de Suisse du club genevois, en 1999.

"Je ne vais pas m'enrichir maintenant"

tsrsport.ch: Vous avez renouvelé votre bail avec le SFC d'un an à l'intersaison. Craigniez-vous de ne pas recevoir d'offre de votre club formateur?

LIONEL PIZZINAT: Non, je ne l'ai pas du tout envisagé. Du moment que Joao Alves était maintenu à son poste, il était évident que les cadres allaient aussi être confirmés, tôt ou tard.

tsrsport.ch: Etes-vous déçu de la durée du contrat que le club vous a proposé?

LIONEL PIZZINAT: Non. A mon âge, on prend année après année. Je suis en fin de carrière, ce n'est donc de toute façon pas maintenant que je vais m'enrichir. Pour moi, c'est un aboutissement de pouvoir rejouer en Super League.

tsrsport.ch: Joao Alves est considéré comme une sorte de figure paternelle par plusieurs de vos coéquipiers. Est-ce aussi le cas pour vous?

LIONEL PIZZINAT:

J'ai dû attendre la fin de ma carrière pour trouver une telle entente avec un entraîneur. On se porte une estime réciproque depuis ses débuts à Genève, il y a un an et demi. Les joueurs, lorsqu'ils parlent de lui dans les médias, lui font presque des déclarations d'amour. C'est qu'il doit avoir quelque chose de spécial (rires). C'est quelqu'un de très humain. Même les remplaçants l'apprécient, cela veut tout dire.

tsrsport.ch: Dans cette famille qu'est le SFC, si Joao Alves est le père, peut-on vous désigner comme le grand frère?

LIONEL PIZZINAT: Oui, en quelque sorte. Avec d'autres anciens, comme Carlos Varela, Matias Vitkieviez ou Tibert Pont, on connaît bien le club et on est là pour encadrer les plus jeunes. Mais on veut nous aussi avoir du temps de jeu.

tsrsport.ch: En tant que leader du groupe, quels conseils donnerez-vous à vos coéquipiers, maintenant que vous évoluez dans l'élite?

LIONEL PIZZINAT: Je n'aurai pas à les motiver. Ce qui nous arrive maintenant, ce n'est que du bonus. Ce qui est nouveau, c'est que nous n'aurons plus une étiquette de favoris.

tsrsport.ch: L'effectif actuel est-il suffisant pour viser le maintien en Super League?

LIONEL PIZZINAT: Je pense qu'il nous manque encore un, voire deux renforts.

"Nos renforts? Ils ne valent pas rien!"

tsrsport.ch: Que pouvez-vous nous dire sur les nouvelles recrues, Joao Barroca (réd: gardien), Ishmael Yartey, Issaga Diallo et Abdoulaye Fall?

LIONEL PIZZINAT: Ce ne sont pas des noms, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne valent rien. Diallo et Fall sont de bons joueurs. Au début de la saison dernière, les gens grinçaient des dents avec les arrivées de Patrik Baumann et Oliver Maric. Ils se sont révélés d'excellentes surprises au final. En fin de compte, c'est donc le terrain qui décidera.

tsrsport.ch: Quels seront vos adversaires dans la lutte pour le maintien, selon vous?

LIONEL PIZZINAT: Bâle, YB et Zurich sont au-dessus du lot. Après, c'est ouvert. Franchement, aucune idée...

"Je me réjouis de rejouer contre Sion"

tsrsport.ch: Etes-vous impatient de revivre le derby du Rhône contre Sion?

LIONEL PIZZINAT: Oui, je me réjouis! J'ai déjà joué contre Sion à l'époque, et je me souviens aussi avoir toujours suivi ce derby avec passion aux Charmilles quand j'étais enfant. Ca reste quelque chose de particulier.

tsrsport.ch: Il y avait 23'000 personnes au Stade de Genève lors du barrage retour face à Bellinzone. Mais le public genevois, souvent opportuniste, risque de rapidement déserter au cas où votre retour dans l'élite prendrait une mauvaise tournure...

LIONEL PIZZINAT: J'en suis conscient, j'ai déjà vécu ça dans le temps. Si on continue à pratiquer du beau football, comme le système de Joao Alves le préconise, on attirera les gens au stade. A nous joueurs de faire le maximum de bons résultats pour remplir les travées de la Praille.

tsrsport.ch: Si on vous avait dit, le soir où vous célébriez le titre en 1999, que vous joueriez 12 ans plus tard au sein d'un Servette FC néo-promu... L'auriez-vous cru?

LIONEL PIZZINAT: Non. A ce moment-là, penser que Servette serait un jour relégué était inimaginable. Je suis fier de mon parcours dans ce club. J'ai commencé au SFC chez les juniors, à 5 ans, j'y ai fait toutes mes classes et j'y ai gagné le titre. J'ai ensuite eu la chance de vivre deux promotions, c'est unique. La tempête a fait rage pendant les 6 dernières années, place maintenant au soleil!

Propos recueillis par Michaël Taillard