"Ketkeo", la bonne affaire du FC Sion

Le millésime 2011/2012 s'annonce particulièrement savoureux dans les travées du Stade de Tourbillon. Une 12e Coupe de Suisse dans la vitrine, un groupe équilibré, renforcé par une campagne de transferts intelligente, un entraîneur en place depuis février 2011: le FC Sion a les armes pour viser haut.

Si a priori aucun nuage ne se présente à l'horizon, plusieurs doutes subsistent: le club valaisan renouera-t-il avec la régularité et l'efficacité? Sera-t-il capable de jongler entre la Super League,la Coupe et l'Europa League?

Premiers éléments de réponse samedi face à Zurich en ouverture de la SL.

Les questions Gabri et Feindouno

Se pose également la question des renforts. Toujours en attente d'une décision du TAS dans le litige qui l'oppose à la FIFA à la suite de l'affaire "El-Hadary",

le FC Sion ne sait pas encore s'il pourra aligner ses nouvelles recrues dès ce week-end.

De surcroît, les talentueux Gabri et Feindouno ont traversé quelques saisons dans "l'anonymat". Leur engagement est une sorte de pari, qui pourrait s'avérer payant comme le fut celui du routinier Emile Mpenza en 2009/2010 (2e marqueur de la saison avec 21 buts) ou non.

Reste que s'ils répondent aux attentes, Sion bénéficiera de solides arguments.

Continuité et solidité

Outre ces noms prestigieux, l'équipe valaisanne, en quête de ses troisièmes lauriers de champion de Suisse depuis 1997, s'appuie sur la continuité. Le président Christian Constantin et l'entraîneur Laurent Roussey ont maintenu leur confiance au corps du groupe qui a terminé quatrième de la dernière saison.

Figure de proue du club, Goran Obradovic a ainsi prolongé pour ce qui sera selon toute vraisemblance son ultime année avant de prendre sa retraite.

Les arrivées de Mutsch, Glarner, entre autres, ajouteront à la solidité d'un FC Sion qui se fera un devoir de titiller les ténors de Bâle, YB ou Zurich.

La bonne affaire des Sédunois

S'il est une recrue qui pourrait surprendre cette saison, c'est bien Billy Ketkeophomphone. Une bonne affaire, car le joueur, laissé libre de contrat par Strasbourg, n'a rien coûté au club valaisan, hormis sa prime d'engagement.

L'attaquant français d'origine laotienne, qui a signé pour cinq ans, possède un grand potentiel. Habile des deux pieds, rapide, le buteur de 21 ans a déjà fait trembler les filets en amical face à NE Xamax (1-1) et distribué deux passes décisives contre Yverdon (4-0).

Formé à Strasbourg, "Ketkeo" a tous les atouts en main pour devenir plus qu'un joker de luxe à Tourbillon. La tête bien posée sur les épaules, il a fait du travail son maître mot. Interview.

"J'ai aimé le ballon depuis tout petit"

tsrsport.ch: Est-ce à votre oncle Rémi Savejvong (ndlr: ancien pro) que vous devez votre passion et votre entrée dans le monde de football?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Oui, j'ai aimé le ballon depuis tout petit. J'ai joué avec mon frère, mon oncle et mon papa. Quand j'avais 13 ans, il m'a inscrit au test d'entrée de l'Institut National du football à Clairfontaine. C'est donc entre autres grâce à lui que j'ai pu accédé à l'INF.

tsrsport.ch: Votre oncle est également passé par l'INF?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Il y était effectivement avec la promotion de Thierry Henry. Il a signé pro après à Lorient et à Montpellier.  Mais il n'a pas eu trop de chance. Et il a fait ensuite quelques petits clubs de National ou de CFA (ndlr: divisions 3 et 4).

tsrsport.ch:

C'est sans doute un grand plus d'avoir dans sa famille une personne qui connaît le monde du football...

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Oui, il a eu en plus quelques mauvaises expériences, donc il me donne des conseils, demeure toujours ouvert et m'écoute. Ca permet de faire des bons choix.

tsrsport.ch: Comment se passe ces années à l'INF, vous étiez déjà convaincu de devenir professionnel?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Non, je ne savais encore si j'allais devenir professionnel. Mais c'est vrai que c'est le but principal de tous les jeunes qui y entrent. De faire tout mon possible pour signer pro est entré dans ma tête dès mon arrivée là-bas. Après c'est venu petit à petit. Maintenant, je suis très content d'avoir déjà pu atteindre cet objectif.

"Sans aucun regret"

tsrsport.ch: Après trois ans à Clairefontaine, vous rejoignez Strasbourg. Le PSG et Auxerre sont aussi intéressés. Pourquoi avoir choisi de rejoindre l'Alsace?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Strasbourg était encore en Ligue 1 à l'époque (ndlr: saison 2005/2006), c'était un gros club pour moi. Je suis allé visiter les infrastructures, la ville. J'ai aimé cet environnement-là et ma décision a été prise rapidement. Strasbourg est aussi un excellent club formateur. A Auxerre, au PSG, il y a beaucoup de concurrence, beaucoup de joueurs. Cela a aussi pesé au moment de faire mon choix.

tsrsport.ch: Sans regret?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Sans aucun regret. Ma formation s'est globalement très bien déroulée.

tsrsport.ch: Avec en 2008 notamment une demi-finale en Coupe Gambardella, un trophée particulier en France...

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Quand on est jeune la Coupe Gambardella, c'est la Coupe qu'il faut jouer, qu'il faut essayer de remporter. C'est aussi très regardé par nombre de clubs. Oui, ça fait vraiment rêver de la gagner. Dommage qu'on ait échoué contre Rennes, qui s'était imposé cette année-là.

tsrsport.ch: Si la formation se passe bien, le club lui commence une longue descente aux enfers, qui s'est terminée avec la relégation administrative en CFA. Comment vit-on cela de l'intérieur?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Quand on est jeune et qu'on fait face à une telle situation, on a un peu peur. Après si le club descend, c'est vrai que c'est peut-être plus facile de jouer et de se faire une place dans l'équipe première. Moi, j'ai fait le choix de partir. Et je pense que c'était le bon choix et le bon moment surtout. Sur le terrain et dans les vestiaires, l'ambiance allait bien. On essayait de ne pas trop y penser, même si au fond de la tête...

tsrsport.ch: Et le club, dont la gestion des jeunes joueurs n'a pas été bonne, ne vous a proposé de prolongation de contrat. Comment vous l'avez vécu?

BILLY KETKEOPHOMPHONE:

Quand j'ai eu ma première proposition de contrat pro, j'ai été étonné, car je pensais qu'il y aurait plus qu'une seule année. J'ai même été un peu déçu, mais j'ai essayé de faire mes preuves, de me faire une place. Puis, j'ai attendu une offre de prolongation, mais ça ne s'est pas fait.

"J'avais assisté à la finale de la Coupe à Bâle"

tsrsport.ch: Neuchâtel, Monaco, Saint-Etienne: pourquoi avoir choisi le FC Sion?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Oui, c'est vrai qu'il y a eu des propositions à droite, à gauche, surtout celle de Monaco. Mais il y a eu quelques complications et Monaco a retiré son offre. Ensuite, le FC Sion est rentré dans la course avec une proposition sportive intéressante, de grands objectifs pour les prochaines saisons. Il y a aussi l'Europa League, la Coupe de Suisse...

tsrsport.ch: Vous en avez déjà entendu parler?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: (rires) Oui, j'ai pu discuter avec quelques supporters, ils m'ont dit que c'était vraiment quelque chose d'important pour eux. Le président me l'a également dit. J'avais assisté à la finale à Bâle, j'ai pu voir l'ambiance qu'il y avait dans le stade, c'était vraiment quelque chose d'énorme.

tsrsport.ch: Vous avez inscrit votre premier but chez les pros en Coupe de France (ndlr: en novembre 2009, au 7e tour face à Biesheim). La saison dernière, vous marquez six fois en Coupe à nouveau. Vous êtes un joueur de Coupe?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Non, ce n'est pas cela, j'ai la chance de marquer dans ces matches-là et voilà...

tsrsport.ch: La Coupe, ça reste toutefois particulier, non?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Oui. C'est vrai que ça me plaît et ce qui me ferait rêver serait de jouer une finale. C'est un de mes objectifs, car je n'ai pas encore eu l'occasion de soulever une Coupe.

"C'est un des avantages d'avoir signé à Sion"

tsrsport.ch: Selon "L'Alsace", vous touchiez près de 2500 euros et en signant à Sion vous auriez quadruplé ce salaire. C'est un ordre de grandeur réaliste?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Oui à peu près. Je ne vais pas dire que cela a pesé dans mes choix, mais c'est un des avantages d'avoir signé à Sion.

tsrsport.ch: Cela assure un certain confort sans doute important pour un jeune...

BILLY KETKEOPHOMPHONE:

Oui, c'est sûr. Je vais essayer de mettre à l'abri ma famille, ma compagne aussi qui arrivera dès demain (ndlr: mercredi 6 juillet). J'ai déjà pu trouver un appartement.

tsrsport.ch: Vous avez eu quelques garanties en ce qui concerne votre temps de jeu?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: J'en ai un peu parlé au président, au coach. Ils m'ont dit que ce serait à moi de le gagner aux entraînements... Je vais travailler pour cela.

tsrsport.ch: La concurrence en attaque ne sera pas un vain mot cette saison à Sion...

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Cela ne change rien à ma motivation, à mon envie, je vais faire comme j'ai fait tout le temps. Travailler tous les jours pour progresser et pouvoir me faire une place dans l'équipe. La concurrence va amener un plus pour le groupe.

"C'est vraiment bien d'avoir un coach comme lui"

tsrsport.ch: Votre entraîneur Laurent Roussey a souvent pointé du doigt le manque d'efficacité devant le but la saison dernière. Est-ce qu'il y a un travail particulier là-dessus?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: Pratiquement tous les deux jours à la fin de l'entraînement, il prend les attaquants à part et nous fait travailler. C'est vraiment bien d'avoir un coach comme lui. Il a une très grande expérience d'attaquant. C'est enrichissant. Il nous apprend beaucoup tous les jours. C'est vraiment très intéressant.

tsrsport.ch: Quelles sont vos attentes pour cette saison, puis pour la suite? Sion sera-t-il une sorte de tremplin?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: En premier lieu, comme je vous l'ai dit, je veux vraiment travailler pour avoir le plus de temps de jeu possible, aider l'équipe le plus possible. Pour l'instant, je suis ici et j'espère y rester longtemps.

tsrsport.ch: Fait plutôt rare dans le championnat de Suisse, vous avez un site internet personnel. Quel est son objectif?

BILLY KETKEOPHOMPHONE: C'est un proche qui m'avait proposé ce projet. L'idée est de rester disponible, proche de mes supporters, qu'ils puissent suivre régulièrement mes performances.

Propos recueillis par Ludovic Perruchoud