Un 2e tour qui ne fait rêver personne à part Bâle

Les "affaires" ont incontestablement porté préjudice à la crédibilité du championnat. Avec un leader paraissant bien au-dessus de la mêlée (Bâle), une équipe exclue (Xamax), une autre très lourdement pénalisée (Sion), trois clubs qui "vivotent" et font avec les moyens du bord (GC, Thoune et Lausanne), une formation de pointe qui a fait table rase de son proche passé pour se reconstruire (Zurich) et une institution qui, pour fêter son retour dans l'élite, commence d'être prise dans une tourmente financière (Servette), la valeur pure de la Super League a chuté dans des proportions inouïes.

Bâle a tout en mains pour remporter le titre une troisième fois de suite. Structuré comme un grand club d'Europe, porté par la ferveur d'un public fidèle et au bénéfice du contingent le mieux armé (les deux Frei, Shaqiri, Streller, Xhaka, etc.), le FCB devrait selon la logique pouvoir aisément gérer son matelas de 7 points par rapport à son poursuivant direct, le FC Lucerne.

Le vide Hakan Yakin

Le duel Lucerne-Young Boys pour la deuxième place constituera ainsi presque le pôle d'intérêt majeur du 2e tour. Les Lucernois de Murat Yakin entendent ne pas répéter les erreurs de la saison dernière quand, champions d'automne, ils s'étaient effondrés au printemps. Mais le départ de Hakan Yakin à Bellinzone laissera à n'en pas douter un grand vide, le stratège ayant été présent sur 10 des 25 réalisations inscrites par la formation de Suisse centrale (4 buts/6 passes décisives).

Transféré cet hiver du Legia Varsovie, Moshe Ohayon est censé faire oublier la patte gauche de Yakin. Si l'Israélien a montré de belles choses durant la préparation, il n'affiche cependant pas la même virtuosité que son prédécesseur sur balles arrêtées.

A grands frais, YB a voulu se doter l'été dernier d'une équipe enfin capable de remporter le championnat. Mais Christian Gross, pour son retour en Suisse, n'a pas encore trouvé la bonne formule dans la capitale. Il espère sans doute, sur le nouveau gazon du Stade de Suisse qui a remplacé le synthétique, que l'apport de l'ancien buteur de GC Raul Bobadilla, arrivé de Mönchengladbach, sera décisif.

Servette dans le flou

Derrière ce trio se dessine un territoire mouvant, embrumé, difficile à cerner. Servette, tout heureux d'hériter de la 4e place, est resté très calme sur le marché des transferts mais à quand même réussi l'"exploit" de laisser partir à YB, pour une bouchée de pain, Matias Vitkieviez, son meilleur buteur avec Goran Karanovic (5). Nommé en novembre après le licenciement de João Alves - qui a laissé des traces dans les coeurs des joueurs -, João Pereira a pu travailler dans le calme durant deux semaines passées en stage au Portugal. Reste à savoir si les ennuis financiers que connaît le club ne vont pas perturber les Grenat.

La vie est plus paisible à Thoune, où Bernard Challandes oeuvre avec des moyens certes limités mais au coeur d'un club qui tire honnêtement son épingle du jeu. Les Bernois devancent au classement la grande déception du 1er tour, le FC Zurich, qui s'est livré à une véritable braderie en cédant six cadres de ces dernières saisons, dont les extrêmement prometteurs Ricardo Rodriguez (Wolfsburg) et Admir Mehmedi (Dynamo Kiev). Profitant de l'aubaine de ne plus être menacé de relégation après l'exclusion de Xamax et le déclassement de Sion, le président Canepa a fait le grand ménage, a tourné une page afin de préparer une équipe pour l'avenir.

Le come-back de Johann Vogel

Chez les Grasshoppers, le spectre d'une chute en Challenge League semble aussi être dissipé, du moins pour l'instant. Curiosité de cette reprise, le retour à la compétition de Johann Vogel, bientôt 35 ans et parti à la retraite en 2009. L'ancien capitaine de l'équipe de Suisse a été appelé à la rescousse par l'entraîneur Ciriaco Sforza, qu'il avait lui-même poussé vers la sortie en sélection...

Au final, le point le plus chaud de ce 2e tour devrait être la lutte entre Lausanne et Sion pour éviter la dernière place, synonyme de barrage contre la relégation. Amputés de 36 points, les Valaisans affichent -5 unités au compteur, soit 16 de moins que le LS. Christian Constantin a fait les choses en grand durant la trêve, en attirant en Valais huit renforts, dont les Xamaxiens Basha, Wüthrich et Tréand, le Zurichois Margairaz ou le Brésilien Danilo, actuel meilleur buteur en Hongrie avec Honved Budapest, désigné successeur de Giovanni Sio (7 buts), parti à Wolfsburg.

Présenté comme le plus petit budget de la Ligue, Lausanne, pas du tout au niveau, a montré des lacunes criardes jusque-là. Les Vaudois ont l'avantage de pouvoir voir venir sans paniquer. Mais il faudrait un sacré saut qualitatif pour que l'équipe de Martin Rueda puisse traverser cette seconde phase sans trembler.

si/alt