Stéphane Grichting: "La cerise sur le gâteau"

Six points: c'est l'écart qui sépare GC du FC Bâle, leader de Super League. A l'approche du sprint final, les Sauterelles ont encore les moyens de tutoyer les sommets et même d'ajouter une 19e Coupe de Suisse à leur beau palmarès. La finale du 20 mai à Berne face aux Rhénans sera la première des quatre dernières échéances de GC. Les joueurs d'Uli Forte accueilleront ensuite le FCB, avant d'aller à St-Gall et de recevoir le LS. Quatre duels, trois chocs.

Avant d'entrer dans ce "rush" décisif, le défenseur valaisan de GC Stéphane Grichting (34 ans) s'est confié à RTSsport.ch avec simplicité et humilité.

"Dix mois merveilleux"

RTSsport.ch:GC fait une belle saison, mais le sprint final s'annonce tendu. Comment l'équipe l'aborde-t-elle?

STEPHANE GRICHTING: Nous pouvons déjà être satisfaits de notre saison, mais le plus dur reste à faire. Nous avons derrière nous dix mois merveilleux, il s'agit maintenant de ne pas tout gâcher et de concrétiser.  Ce sera délicat en championnat après notre défaite dans le derby face au FC Zurich (0-1), mais il y aura aussi la Coupe de Suisse.

RTSsport.ch: Vous vous attendiez à une telle saison en vous engageant en juin 2012?

STEPHANE GRICHTING: Absolument pas. L'année dernière, le club se trouvait dans une spirale négative. Il y a eu beaucoup de changements, un nouveau président, un nouvel entraîneur. Je m'attendais à un grand travail de redressement. Les résultats vont au-delà de nos attentes. Mais nous marquons un peu le pas ces derniers temps. C'est là que nous voyons nos limites, celle de l'effectif pour rivaliser avec Bâle par exemple sur toute une saison.

RTSsport.ch: Comment expliquez-vous cette réussite des Sauterelles?

STEPHANE GRICHTING: L'effectif est équilibré. Avant il y avait trop de jeunesse, pas assez d'expérience. Avec les arrivées de Salatic, de Gashi, de Vilotic et la mienne, l'équipe a gagné en maturité. Les plus anciens canalisent, encadrent les jeunes et l'alchimie fonctionne. Le mérite en revient aussi à notre coach (Uli Forte), qui est très dynamique, très généreux, très proche des joueurs.

"Nous avons du coeur"

RTSsport.ch: Et lundi vous attend une finale de Coupe face au FC Bâle à Berne.

STEPHANE GRICHTING:

Oui, nous sommes très concentrés sur cet objectif. Nous tombons contre... l'ogre, j'ai envie de dire (rires). Nous ne serons pas favoris. Mais nous avons du coeur et beaucoup de bonne volonté. Sur 36 matches, il est difficile de régater avec Bâle.

Mais sur un match, nous avons nos chances. Nous allons tout donner, sans calcul. Personnellement, ce serait la cerise sur le gâteau de soulever encore un trophée avant la fin de ma carrière. C'est peut-être la dernière occasion.

RTSsport.ch: Vous avez l'air de vous sentir bien avec GC. Vous auriez pu rejoindre le FC Sion, où vous avez débuté, en quittant l'AJ Auxerre. On imagine que vous n'avez pas trop de regrets au vu de ce qui se passe?

STEPHANE GRICHTING: Je pense que j'ai fait le bon choix en venant ici. J'ai pris un risque, c'était un challenge relevé, mais cela m'a permis de vivre d'excellents moments. Et vous savez, tous ces changements, cette agitation au FC Sion, je pense que je les aurais mal vécu à mon âge. Je cherche plutôt de la stabilité.

RTSsport.ch: Ce n'est justement pas vraiment le fort des clubs romands tant sur le terrain qu'au-dehors. Votre avis?

STEPHANE GRICHTING: Il y a malheureusement un fossé entre la Suisse allemande et la Suisse romande. A Sion, il y a l'apport de Constantin, mais le LS et Servette peinent à boucler leur budget, cela s'en ressent sur l'effectif. Cela oblige malheureusement aussi à voir ses ambitions à la baisse.

"J'aime la stabilité"

RTSsport.ch: Vous n'avez connu que trois clubs: Sion (1996/2002), Auxerre (2002/12) et GC (2012/...). On peut parler de vous comme d'un clubiste, une denrée rare.

STEPHANE GRICHTING:

C'est vrai qu'aujourd'hui, on change parfois de club pour un rien. Mais ce n'est pas ma philosophie, ma façon de voir les choses. Cela vient sans doute de mes origines, de mon éducation.

J'aime aller au bout des choses et je prends du plaisir à m'investir pour un club sur du long terme. J'aime la stabilité et elle est importante aussi pour ma famille. J'ai eu aussi la chance de pouvoir aller au bout, que tous les critères soient réunis pour que je puisse travailler dans la stabilité.

RTSsport.ch: Nous parlions du "clubisme" comme d'une denrée rare. Pourquoi cela se perd justement aujourd'hui?

STEPHANE GRICHTING: Les gens de ma génération devaient prouver leur valeur sur plusieurs saisons avant d'avoir une chance de percer à l'étranger. Aujourd'hui, il suffit parfois d'une bonne demi-saison pour les jeunes. Les recruteurs, les agents sont à l'affût et l'argent devient rapidement l'objet des différentes discussions. Le résultat est que malheureusement les jeunes se brûlent parfois les ailes.

RTSsport.ch: Vous avez 34 ans désormais, est-ce que vous songez déjà à la suite, à ce que vous ferez après votre carrière?

STEPHANE GRICHTING: Je ne suis pas forcément certain de rester dans le foot. Je suis dans le milieu depuis longtemps et devenir entraîneur, avec le stress que cela implique, ne m'intéresse pas vraiment. Il me reste encore une année, deux ans (il est sous contrat avec Grasshopper jusqu'en 2014) pour y réfléchir. Je prendrai en tous les cas le temps de profiter de ma famille.

Propos recueillis par Ludovic Perruchoud