Rouage essentiel de la formation de Pierluigi Tami, sur et en dehors du terrain, il sait que sa carrière touche à sa fin. Serein et lucide, il est revenu sur ses 17 saisons passées dans le monde du football professionnel et sur ses ambitions pour les prochaines.
L'ancien joueur de l'Olympique Lyonnais a reçu RTSsport.ch à la mi-mars, au Campus GC, le centre d'entraînement du club zurichois. "Le printemps arrive, ça va faire du bien à tout le monde", glisse-t-il la mine réjouie.
"GC c'est comme une petite famille"
RTSsport.ch: Cela fait maintenant 8 mois que vous êtes arrivés à GC. Comment vous y sentez-vous?
KIM KÄLLSTRÖM: Je m’y sens très bien, je me suis très vite intégré au club, au groupe, ça se passe très bien. Je me sens comme à la maison. Il y a une très bonne ambiance dans le groupe, mais aussi dans le club. C’est comme une petite famille qui travaille ensemble. Je suis content d'être là, des progrès qu’on a fait et de la qualité de jeu qu’on produit jusqu’à maintenant.
RTSsport.ch: Vous êtes le taulier de l'équipe, le joueur expérimenté du vestiaire. Est-ce un rôle qui vous convient?
KIM KÄLLSTRÖM: Oui, bien sûr. Il y a aussi Philippe Senderos qui possède une grosse expérience. C’est sûr qu’il existe un décalage entre ce que j’ai fait dans ma carrière et les jeunes de l’équipe. Mais c’est bien d’avoir ce rôle, d’aider les jeunes. Plein de joueurs ont fait des progrès cette année. Le mérite leur revient car ils ont travaillé très dur tous les jours à l’entraînement. J’essaie de les aider le mieux possible.
RTSsport.ch: Votre entraîneur Pierluigi Tami loue en tout cas votre professionnalisme...
KIM KÄLLSTRÖM: Je travaille beaucoup, mais c’est un travail différent par rapport à avant. Avant c’était pour progresser, maintenant c’est plus pour conserver une bonne condition physique. Mais j’ai toujours aimé m’entraîner, faire 2-3 trucs de plus pour être prêt pour les matches. Mais tout le monde est professionnel aujourd’hui. J’ai rencontré des joueurs qui bossaient plus que moi et étaient meilleurs, alors je me suis dit que c'était à moi d’en faire plus. Si eux pouvaient le faire, moi aussi.
"Les stades ne sont pas pleins"
RTSsport.ch: Vous êtes passé par la Suède, la France, la Russie et l'Angleterre. Comment jugez-vous le niveau de la Super League?
KIM KÄLLSTRÖM: Il est très bon, il y a beaucoup de bons joueurs, le jeu est assez ouvert, tout le monde essaie d’attaquer, il y a beaucoup de buts. C’est un jeu positif. Forcément, il y a des championnats de meilleure qualité mais je trouve la Super League pas mal. C’est un bon championnat pour les joueurs comme moi, qui arrivent en fin de carrière et qui ont envie d’une dernière bonne expérience, mais aussi pour les jeunes, et pas seulement Suisses, comme première étape pour se préparer à jouer dans les grands championnats. Après il y a un décalage par rapport à l’Allemagne ou l’Angleterre, mais la Suisse est un petit pays et le football n’est pas partout populaire, les stades ne sont pas pleins.
RTSsport.ch: Vous faites allusion au Letzigrund?
KIM KÄLLSTRÖM: Les gens qui viennent mettent un peu d’ambiance, il faut le reconnaître. On est très contents de ça. Mais le sentiment que ce ne soit pas vraiment notre stade est malheureusement toujours là. Je trouve dommage qu’une aussi belle ville que Zurich, avec deux équipes en première division, n’arrive pas à construire un vrai stade de foot. Je pense que ça aurait déjà dû être fait.
"Un projet où je me sens important"
RTSsport.ch: Pourquoi avoir porté votre choix sur Grasshopper?
KIM KÄLLSTRÖM: J’ai eu quelques offres, mais ça s’est fait au feeling. J’ai rencontré le CEO du club Manuel Huber, j’ai discuté avec Murat Yakin, qui était entraîneur au Spartak et il m’a parlé en bien du club. J’avais envie d’une dernière bonne expérience, dans un projet où je me sentirais important. Je voulais que ma famille profite d’une dernière bonne expérience à l’étranger dans la simplicité et avec une bonne qualité de vie. Ici, on a eu tout ça. Ma famille et moi-même sommes vraiment contents. J’ai été séduit par le discours de Manuel Huber et du coach avec qui j’ai parlé avant de venir, qui m’a conforté dans ma décision. Ils ont tenu leurs promesses, je suis très content de ces premiers mois passés ici.
RTSsport.ch: Souhaiteriez-vous prolonger votre aventure avec GC au-delà de cette saison?
KIM KÄLLSTRÖM: Je pense qu’elle va se prolonger. On m'a proposé 3 ans de contrat. J’ai beaucoup déménagé ces derniers temps. Un peu partout, on me proposait 2 ans. En signant 3 ans, ça nous donnait à moi et ma famille le temps de nous installer, on va passer quelques années ici.
RTSsport.ch: Vous êtes-vous mis au suisse-allemand?
KIM KÄLLSTRÖM: Non, c’est impossible. Je ne suis même pas sûr que c’est une langue (rires). C’est hyper compliqué. Mais j’apprends l'allemand, je le comprends plus ou moins. Tout le monde ici quasiment est bilingue. Je me débrouille bien en français et en anglais, donc il n’y a pas vraiment besoin d’apprendre l’allemand. Mais je fais l’effort car je pense que c’est un respect à avoir vis-à-vis du pays de pouvoir communiquer avec les gens.
Propos recueillis à Zurich par Axel David - @axel_david7
Pierluigi Tami: "Kim est un exemple pour l'équipe"
Je l’ai voulu fortement parce que j’avais tout de suite dit que j’avais besoin d’un leader pour l’équipe et qui, au-delà de sa force individuelle, puisse mettre au service de l’équipe une certaine expérience. Je pense que c’est important pour un entraîneur d’avoir un relais sur le terrain pour transmettre les consignes. Sur le banc, pendant un match, un entraîneur ne peut pas tout faire. Kim accomplit cette tâche. C’est un bon joueur, il fait bien son boulot. Pour moi, c’est clairement l’un des leaders de l’équipe.
C’est un exemple pour l’équipe. Cela fait plusieurs années qu’il vit le football de manière très professionnelle. Je pense que c’est plus facile de montrer Kim à un jeune pour qu’il comprenne ce qu’il faut faire plutôt que de lui expliquer. Tu tournes la tête, tu regardes comment il se prépare, comment il récupère, comment il vit son métier à 100%. C’est plus facile quand tu as des exemples à montrer.
Kim Källström en bref
Né le 24 août 1982 à Sandviken, en Suède
Poste: milieu de terrain
Professionnel depuis 1999
1999-2001: BK Häcken
2001-2004: Djurgardens IF
2004-2006: Stade Rennais
2006-2012: Olympique Lyonnais
2012-2015: Spartak Moscou
2014: Arsenal (prêt)
2015- : Grasshopper
International suédois depuis 2001 (126 sélections/16 buts)