Fabio Celestini: "il faut s'accrocher, cela va être très dur"

RTSsport.ch: Votre LS a montré du spectacle lors de la première moitié de championnat. Au niveau comptable, vous restez cependant à 2 points de la dernière place...

FABIO CELESTINI: Il faut comprendre que les résultats sont un ensemble de détails. C'est un poteau intérieur ou extérieur, des énormes bêtises individuelles de mes joueurs, des fois c'est la qualité incroyable des joueurs adverses, des fois c'est peut-être l'arbitre qui n'est pas dans un jour excellent...  On ne peut pas influencer le résultat.

Nous on doit regarder le contenu que l'on livre. C'est de savoir si l'on a fait un très bon match ou un mauvais match... Parfois on a disputé de très mauvaises parties mais on a gagné, parfois on en a joué de bonnes mais on a perdu. A mon avis, si le coach ne se fie qu'au résultat c'est le meilleur moyen de se tromper sur le travail.

RTSsport.ch: Quelle est donc la clé?

FABIO CELESTINI: Garder une ligne et une philosophie toute l'année, à savoir jouer au football sur tous les terrains en essayant de maîtriser les événements avec le ballon. Parfois on y arrive, parfois pas. J'ai dit que notre défaite 7-2 contre Young Boys était ma plus belle défaite en tant qu'entraîneur. Il y a eu des victoires, comme celle de St-Gall à la Pontaise, où je n'étais pas l'entraîneur le plus heureux.

Je veux que les spectateurs aient du plaisir mais surtout que mes joueurs se régalent sur le terrain

RTSsport.ch: Votre philosophie c'est donc du beau jeu d'abord et la victoire après?

FABIO CELESTINI: Non, non, non... Je veux gagner tous les matches. Simplement il y a de nombreuses façons de les remporter. Bien jouer, cela veut aussi dire bien défendre tous ensemble, comme une vraie équipe. Ce sont 11 joueurs sur le terrain qui se battent les uns pour les autres en procédant à des décalages magnifiques. C'est aussi beau à voir.

C'est peut-être moins spectaculaire mais c'est un état d'esprit. C'est ce que fait l'Atlético Madrid de Simeone. C'est peut-être un peu moins fun, mais voir un Griezmann effectuer ce travail défensif c'est absolument incroyable. Chacun a sa définition de la beauté. Ce qui est sûr c'est que je veux gagner tous les matches. Je veux que les spectateurs aient du plaisir mais surtout que mes joueurs se régalent sur le terrain.

RTSsport.ch: La première moitié de saison du LS est somme toute assez bizarre... A mettre sur le compte du manque d'expérience?

FABIO CELESTINI: Il y a eu des phases pendant lesquelles nous avons manqué d'expérience, mais elles étaient aussi là lorsque nous avons gagné. Je pense simplement qu'on a vécu des épisodes incroyables. On a vécu en 8 matches ce qu'une équipe traverse normalement en 5 ans. Passer de 2-0 à 3-2 contre Lucerne, un penalty à la 94e, le penalty à Vaduz, les 2 buts dans les arrêts de jeu à Bâle... On a tout eu. Un peu à cause de notre faute ou de faits de jeu.

Mais nous avons toujours réussi à transmettre quelque chose. Il y a eu très peu de matches où l'on est vraiment passé à côté. On va essayer de faire la même chose dans ces 3e et 4e tours en espérant gagner le plus de matches possible. On sait qu'on a des limites. Elles sont réelles.

A un moment donné il faudra forcément se mettre minable en défendant

RTSsport.ch: On ne va donc pas voir un LS fermer pendant 90 minutes?

FABIO CELESTINI: Si on me garantit qu'en jouant derrière et en balançant les ballons dans les tribunes je gagne tous les matches de ce 2e tour et qu'on se sauve, je le fais. Le problème c'est que personne ne va me le garantir (rires). Donc, je vais continuer dans ma ligne, dans ce que je crois éperdument, c'est-à-dire que si on a des joueurs heureux ils arriveront à donner 110%. Un joueur pas heureux n'y arrive pas.

Un joueur heureux a le ballon dans les pieds et arrive à faire quelque chose avec. Je veux qu'il se sente footballeur, qu'il croit qu'il peut gagner à Bâle en jouant au foot. Mais il doit être conscient qu'à un moment donné il faudra forcément se mettre minable en défendant. L'idée est d'aller là-bas et de les bousculer. Si on y arrive, on y arrive, si ce n'est pas le cas, tant pis.

RTSsport.ch: Au classement, ça commence à être chaud. Parlez-vous de cette situation à l'équipe?

FABIO CELESTINI: On est néo-promu. On savait qu'on allait se battre jusqu'en juin pour ne pas être relégué. Le problème c'est qu'à un moment donné on a été les dauphins de Bâle et puis nous n'avons récolté qu'un point en 8 matches, dans des circonstances un peu particulières.

Il y a ces 2 extrêmes qui viennent fausser cette première moitié de saison. Mais je pense que nous sommes à notre place. Avoir pu rivaliser lors de tous nos matches contre n'importe quelle équipe, sur n'importe quel terrain, c'est déjà une immense réussite pour le Lausanne-Sport.

On peut être fier de notre première moitié de saison. Maintenant, il faut s'accrocher, cela va être très dur. On va essayer de ne rien lâcher lors de tous les matches pour se sauver le plus vite possible. Même si cela doit se faire à la dernière seconde du dernier match...

Je m'adapte complètement à mes joueurs. La seule chose qui ne peut pas changer, c'est qu'on doit jouer au ballon

RTSsport.ch: Un mot sur vos 2 renforts Taye Taiwo et Xavier Tomas?

FABIO CELESTINI:  Taiwo est un joueur que je connais assez bien et qui peut nous apporter sur les couloirs une puissance athlétique. Il a un magnifique pied gauche et tire très bien les balles arrêtées. Il nous permettra de rivaliser au niveau athlétique et il nous amènera des centres dans les 20-25m adverses qui arriveront je l'espère sur la tête d'un joueur bleu.

Xavier Tomas je le connaissais un peu moins. C'est la cellule de recrutement du club qui nous a aiguillé sur ce joueur. Il est très athlétique et il nous apportera aussi son expérience dans les 20 derniers mètres défensifs. Avec son gabarit, il pourra nous sortir de certaines tempêtes.

RTSsport.ch: Comment est l'entraîneur Fabio Celestini?

FABIO CELESTINI: Je m'adapte complètement à mes joueurs. La seule chose qui ne peut pas changer, c'est qu'on doit jouer au ballon. J'essaie de les étudier. C'est pour cela que je suis très proche d'eux. Je parle à ceux qui jouent et ceux qui ne jouent pas, afin de comprendre comment ils sont.

Ce sont des êtres humains qui ont des sentiments différents, des cultures et des religions différentes. Je dois les comprendre le mieux possible pour pouvoir essayer de toucher le bon bouton lorsque je veux qu'ils donnent le 110%. Il y a des règles pour tout le monde, mais je pense que l'on ne peut pas traiter tous les joueurs de la même manière.

Propos recueillis par Miguel Bao - Twitter @migbao