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Philippe Bozon, pionnier français du hockey

Philippe Bozon a pris part à 4 Jeux avec les "Bleus".
Philippe Bozon a pris part à 4 Jeux avec les "Bleus".
Alors que le coup d'envoi du Mondial qui se tiendra en Suisse sera donné dans une centaine de jours, Philippe Bozon revient sur sa carrière bouclée en mars 2006.

Dans une centaine de jours, les meilleures nations de la planète
puck se rencontreront à Berne et à Kloten. La Suisse accueillera le
Championnat du monde de hockey à partir du 24 avril. Lors de cette
première journée, la bande à Ralph Krueger commencera face à la
France. Ancienne figure emblématique de l'équipe tricolore,
Philippe Bozon connaît parfaitement les deux camps.



L'attaquant, ex-joueur du HC La Chaux-de-Fonds, Lausanne HC, HC
Lugano et Genève-Servette, a disputé 4 Jeux olympiques et 12
Championnats du monde avec les "Bleus". Le premier Français à
évoluer en NHL (41 pts en 144 matches avec St-Louis) revient sur sa
carrière et parle du hockey suisse et tricolore.

"Comme un goût d'inachevé en NHL"

tsrsport.ch: Après avoir définitivement mis
fin à votre carrière en mars 2006, quel bilan tirez-vous
aujourd'hui, avec du recul?




PHILIPPE BOZON: Je n'ai pas tiré spécialement un
bilan, mais je suis satisfait de mon parcours. Je suis content
d'avoir connu diverses expériences, en NHL,en France, en Allemagne
ainsi qu'en Suisse, avec plus ou moins de succès...



tsrsport.ch: Avec 3 titres en France, 3 en
DEL ainsi que les promotions avec le HCC et Genève, quel est votre
meilleur moment?




PHILIPPE BOZON: Il n'y a pas un titre que j'ai
préféré plus que les autres. Ce qui me reste surtout en mémoire,
c'est un regret: de n'avoir pas gagné un titre en Suisse (2 finales
avec Lugano).



tsrsport.ch: Vous avez été le premier
Français à évoluer en NHL. Cela reste-t-il une fierté pour vous
aujourd'hui?




PHILIPPE BOZON: C'était une belle expérience.
J'ai beaucoup appris, en ayant évolué dans un rôle plus défensif au
sein des St-Louis Blues. Cependant aujourd'hui, j'ai comme un goût
d'inachevé. Je pense que je suis passé à côté de quelque chose,
d'une plus longue carrière en Amérique du Nord... Au début des
années 90, c'était encore plus difficile pour un Européen de se
faire une place en NHL. Les Américains avaient peur qu'on leur
pique leur job. Nous avons ainsi vécu une dure période
d'intimidation outre-Atlantique.

"Je comprends les anciens qui font leur come-back"

tsrsport.ch:

Et en
tant que joueur tricolore, cela n'était également pas facile de
s'exiler, même en Europe..
.



PHILIPPE BOZON:

Il faut avouer qu'avant il y
avait encore les frontières en Europe, cela n'aidait pas.
Maintenant, c'est de la rigolade! Les joueurs peuvent changer de
club sans problème. En ce qui me concerne, j'ai eu la chance de
jouer en NHL. Et cela donne du crédit au joueur et lui ouvre des
portes.



tsrsport.ch:

Après 22 ans de carrière, vous
avez pris votre retraite définitive en mars 2006. Etait-ce un choix
difficile
?



PHILIPPE BOZON:

C'était effectivement dur. A ce
moment, on n'est jamais sûr de prendre la bonne décision. Tous les
trajets, tous les entraînements, tous les sacrifices... C'était
parfois difficile à vivre. Mais quand tu arrêtes tout cela,
soudainement cela te manque et il te faut du temps pour oublier. Je
comprends toutes les anciennes stars du sport qui font leur
come-back pour retrouver leurs sensations. C'est facile de
critiquer et de dire qu'ils font cela pour l'argent, mais tant
qu'on n'a pas vécu cette situation, on ne peut rien dire.



tsrsport.ch:

Mais pour l'instant, vous
semblez bien gérer votre après carrière..
.



PHILIPPE BOZON:

Bien sûr, j'ai du plaisir à
travailler avec les juniors de Genève et à être consultant à la TV.
Je peux ainsi garder un patin dans le milieu. Mais c'est clair que
de s'occuper des jeunes, cela n'a rien à voir. J'essaie d'ailleurs
de trouver autre chose. Evidemment, j'ai beaucoup appris, surtout
d'un point de vue administratif. Cependant, je suis quelqu'un
d'ambitieux: être une fois entraîneur d'une grande équipe reste un
rêve.

"J'aimerais qu'il y ait plus d'expression offensive"

tsrsport.ch: Quel est votre vision du
hockey?




PHILIPPE BOZON: J'aimerais qu'il y ait plus
d'expression offensive. Les nouvelles règles dictées ces dernières
années apportent plus de spectacle, mais les coaches trouvent
toujours la parade pour pratiquer un jeu plus défensif, qui est la
clé des petites équipes.



tsrsport.ch: La défense est justement la
marque de fabrique de l'équipe de Suisse. Quel est votre avis sur
la bande à Krueger? Peut-elle passer les 1/4 au Mondial?




PHILIPPE BOZON: Si la Suisse ne pratiquait pas
son système actuel, elle ne serait pas au 7e rang mondial. Cette
équipe joue sur ses atouts, c'est-à-dire de bons gardiens et une
solide défense. Après, le groupe manque un peu de talent pour se
hisser en demi-finales d'un Mondial, qui reste une compétition
physiquement très dure, avec beaucoup de matches en peu de temps.
Cette année, le public helvétique peut jouer un grand rôle, mais
cela signifie également plus de pression des médias.

"L'équipe de France va encore souffrir quelques années"

tsrsport.ch: Du côté français, c'est une
toute autre philosophie. Comment voyez-vous l'avenir de la
formation tricolore?




PHILIPPE BOZON: Il faudra gérer ses 2-3
prochaines années pour travailler, reconstruire et former les
jeunes. Si la France se maintient dans le groupe A, ce ne sera que
bénéfique. Mais l'équipe va encore souffrir quelques années. Les
résultats vont beaucoup dépendre de la présence de Huet dans les
buts... En France, on n'a pas la culture du hockey. On manque de
moyens pour faire vivre une équipe nationale:argent,
infrastructures, stages,... Quand on a atteint les 1/4 aux JO 92,
on avait fait plus de 100 stages d'entraînement...



tsrsport.ch: A une centaine de jours du match
Suisse - France au Championnat du monde, quel est votre
sentiment?




PHILIPPE BOZON: C'est trop tôt pour en parler. La
France aura un rendez-vous très important entre-temps: les
pré-qualifications pour les JO de Vancouver. Lors de cette
compétition, on verra ce qu'on peut attendre des "Bleus". Et comme
à chaque Mondial, il faudra voir les joueurs présents. Est-ce que
Huet, Streit, Gerber seront de la partie? Cela sera aussi
déterminant. Mais la Suisse a bien plus de contingent. De plus, les
exploits de Zurich en Ligue des champions peuvent aussi apporter de
la confiance et confirment que les Helvètes sont bien présents dans
l'élite.



Propos recueillis par Sébastien Clément

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Philippe Bozon en chiffres

Matches et points

82-84: Megève, 50 matches/42 buts

84-87: St-Jean/CAN (LHJMQ), 180/126/139 assists

87-89: Mont-Blanc, 61/57/60

89-91: Grenoble, 78/78/65

91-92: Chamonix, 22/30/19

91-95: St-Louis (NHL), 163/18/25

94-95: Grenoble, 21/8/20

95-96: Chaux-de-Fonds, 40/43/38

96-97: Lausanne, 23/17/15

96-99: Mannheim, 145/63/73

99-01: Lugano, 107/47/65

01-06: Genève, 198/83/127

Titres

Champion de France avec Megève en 1984

Champion de France avec Mont-Blanc en 1988

Champion de France avec Grenoble en 1991

Champion de LNB avec La Chaux-de-Fonds en 1996

Champion d'Allemagne avec Mannheim en 1997, 1998 et 1999

Champion de LNB avec GE-Servette en 2002

Intronisé au Temple de la renommée du hockey français en 2008

Intronisé au Temple de la renommée de l'IIHF en 2008

Philippe Bozon express

La première chose que vous faites le matin: je déjeune.

Votre qualité: je suis un travailleur.

Votre défaut: je suis un râleur.

Votre idole: maintenant, c'est fini, je n'en ai plus.

Votre devise: respect et travail.

Le dopage: C'est un phénomène grave. Et je ne suis pas certain qu'on veut se donner les moyens de le faire disparaître. Il y a trop d'enjeu.

Le hockey, c'est: ma vie jusqu'à maintenant. On ne sait pas ce que sera demain.

Si vous n'aviez pas été hockeyeur: je serais resté de toute façon dans le sport. En ce moment, je fais beaucoup de golf. Ca m'aurait plu une carrière!

Votre meilleur souvenir: l'ensemble de ma carrière.

Votre pire souvenir: les deux finales perdues avec Lugano et le fait d'avoir quitté la NHL si vite.

Votre salaire: il est bien...