Sergei Fedorov, star russe de la KHL, à l'interview

Sergei Fedorov (39 ans) a marqué de son empreinte le hockey de
ces vingt dernières années. Formidable buteur, le Russe est l'un
des derniers dinosaures formés du temps de l'Union soviétique. En
1989 et en 1990, à Berne, l'attaquant avait d'ailleurs été sacré
champion du monde avec l'URSS, en compagnie de Slava Bykov et
d'Andrei Khomutov. Fedorov, aussi champion du monde en 2008 et
vainqueur de 3 Coupes Stanley avec Detroit, espère encore obtenir
l'or olympique à Vancouver en 2010 -le seul titre qui lui manque
encore- sous l'égide du sélectionneur Slava Bykov. tsrsport.ch
avait rencontré la star au Sentier en août, où son club de
Magnitogorsk se préparait pour la nouvelle saison de KHL, qui
commence en cette fin de semaine.



tsrsport.ch: Vous avez signé pour deux ans au
Metallurg Magnitogorsk. Et après?



SERGEI FEDOROV: C'est mon dernier contrat. Je
pense avoir assez joué. Tout ce que j'espère, c'est de pouvoir
honorer mes engagements sans subir la moindre blessure, et d'aider
mon nouveau club à gagner le championnat.



tsrsport.ch: Dans l'Oural, vous retrouvez
votre frère Fedor, qui joue aussi en attaque.



SERGEI FEDOROV: Cela faisait si longtemps que je
rêvais d'évoluer à ses côtés, que finalement je n'y pensais même
plus. C'était quasiment impossible, du fait de nos parcours
respectifs. Et Magnitogorsk nous a enfin réunis. Cette expérience
me fait très plaisir.



tsrsport.ch: Vue de Suisse, la KHL est
difficile à suivre pour quelqu'un de non-russophone. La ligue russe
ne devrait-elle pas améliorer sa communication, si elle entend
vraiment concurrencer la NHL?



SERGEI FEDOROV: Je ne pense pas que la KHL doive
rivaliser avec la NHL. Notre championnat n'a pas besoin de copier
tout ce qui se fait en Amérique du Nord. La Russie n'a par exemple
pas de patinoires de 20'000 places, et elle n'en a pas besoin. La
KHL doit prioritairement s'assurer qu'il y ait des écoles pour les
juniors. C'est en développant nos propres talents, en suivant
l'exemple de Manchester United en football, que nous pourrons
prospérer.

"Gerber a été un bon copain"

tsrsport.ch: Un
Suisse va découvrir la KHL cette saison: Martin Gerber (Atlant
Mytischi), le gardien de la Nati. Vous aviez joué avec lui à
Anaheim en 2003/2004.



SERGEI FEDOROV: Martin a été un très bon copain.
On a travaillé dur ensemble. Il apportait une certaine confiance à
l'équipe. Je me sentais en tout cas à l'aise lorsqu'il gardait le
but.



tsrsport.ch: Considérez-vous Alexander
Ovechkin (24 ans) comme votre fils spirituel? Il ressemble
fortement au joueur que vous étiez à son âge.



SERGEI FEDOROV: L'expression est trop forte.
Certes, on a travaillé ensemble un an et demi, en vivant beaucoup
de belles choses, comme le titre mondial en 2008 à Québec, ou les
playoff 2008 et 2009 avec les Washington Capitals. J'espère avoir
aidé Alex à améliorer sa vision de jeu. Je lui souhaite de devenir
encore meilleur.



tsrsport.ch: Votre meilleur souvenir en
NHL?



SERGEI FEDOROV: J'en ai beaucoup, mais c'est
probablement mon premier but. Mon deuxième meilleur souvenir est la
conquête de ma première Coupe Stanley, en 1997.



tsrsport.ch: Votre compteur de buts reste
bloqué à 483 en NHL. Etes-vous déçu de ne pas avoir atteint la
barre mythique des 500?



SERGEI FEDOROV: Vous savez, 500, 501 ou 497, pour
moi c'est du pareil au même. Je n'ai aucun regret par rapport à ça.
Je suis avant tout fier d'avoir pu jouer durant plus de 20 ans au
plus haut niveau mondial.



tsrsport.ch: Quel est le coéquipier qui vous
a fait la plus grande impression au cours de votre brillante
carrière? Sergei Makarov? Slava Bykov? Steve Yzerman?



SERGEI FEDOROV: J'ai eu beaucoup d'excellents
coéquipiers, la plupart très doués. Je suis professionnel depuis
l'âge de 15 ans, j'ai eu l'occasion de côtoyer des joueurs qui ont
marqué l'histoire du hockey aussi bien au CSKA Moscou, à Detroit, à
Anaheim qu'à Washington. Pour moi, chaque coéquipier a été
important car tous les hockeyeurs ont un rôle précis dans leur
club. En fait, j'ai eu de la chance de faire partie d'équipes
brillantes.



Propos recueillis par Michaël Taillard