Raphael Diaz: "NHL présente ou pas, ça reste les JO"

Après 2 médailles d'argent au Mondial, 214 matches en NHL -dont un en finale de la Coupe Stanley 2014 avec les New York Rangers-, et un titre de champion suisse obtenu en 2021 avec Zoug, son club formateur, Raphael Diaz pourrait se reposer sur ses lauriers. Mais ce n'est pas le genre de la maison. "Ce qui me motive, c'est de me projeter dans le futur", affirme ainsi au bout du fil le défenseur zougois de 36 ans, tout juste revenu de blessure et de quarantaine.

Très impliqué dans son nouveau rôle à Fribourg-Gottéron, où il n'hésite pas à prendre son temps pour enseigner ses meilleures astuces aux plus jeunes après un entraînement, celui qui porte le "C" sur le maillot de l'équipe nationale depuis 2016 fait partie des monuments du hockey helvétique.

La Russie sera favorite de notre groupe à Pékin

RTSsport: Vous êtes à quelques jours de vos quatrièmes Jeux olympiques. La joie est-elle la même qu'à vos premiers, en 2010?

RAPHAEL DIAZ: Oui, absolument. Chaque sportif se réjouit d'un tel événement! C'est toujours exceptionnel de pouvoir y participer, peu importe si c'est la 3e ou la 4e fois.

RTSsport.ch: Même en ces temps de pandémie?

RAPHAEL DIAZ: A Riga, au dernier Mondial, on a retiré le positif de cette situation. Puisque nous ne pouvions pas quitter l'hôtel, nous en avons profité pour passer du temps en équipe, en jouant au ping-pong ou à des jeux vidéo. Nous étions toujours ensemble.

RTSsport.ch: Il n'y aura pas de public...

RAPHAEL DIAZ: Rappelez-vous les JO de PyeongChang en 2018: le hockey n'étant pas la discipline favorite des Sud-Coréens, les patinoires n'étaient pas beaucoup remplies. Nous y sommes donc habitués. Cela n'aura évidemment rien à voir avec les JO de Vancouver en 2010. Là, avec tous ces gens dans les rues, c'était une vraie fête du hockey.

RTSsport.ch: Que pensez-vous de votre groupe, où la Suisse affrontera la Russie, la République tchèque et le Danemark?

RAPHAEL DIAZ: C'est un très bon groupe. La Russie, qui sera favorite, a un tel réservoir qu'elle constitue toujours une équipe dangereuse. C'est un peu pareil pour les Tchèques, qui étaient venus à Riga avec seulement 6 joueurs de NHL. Quant au Danemark, il n'est pas à sous-estimer non plus. Ce sera passionnant.

L'absence de la NHL? Nous n'avons pas toutes les données

RTSsport.ch: Un tournoi olympique sans joueurs de NHL, ça n'aura quand même pas la même saveur...

RAPHAEL DIAZ: Nous sommes tous du même avis: ç'aurait été mieux qu'ils soient de la partie. Mais on ne doit pas oublier que ça reste les Jeux olympiques. Des médailles seront en jeu.

RTSsport.ch: La NHL estime que la situation est potentiellement périlleuse pour ses membres. N'avez-vous pas, du coup, le sentiment de prendre des risques à leur place?

RAPHAEL DIAZ: Je ne sais pas si on peut nous qualifier de bouche-trous. D'autres raisons que la sécurité des joueurs de NHL sont en jeu. Celles-ci appartiennent aux propriétaires des clubs de cette ligue, et nous échappent.

RTSsport.ch: La NHL se moque complètement de l'essor du hockey international. Depuis 2014 et les JO de Sotchi, il n'y a en effet eu aucune compétition régie par l'IIHF regroupant tous les meilleurs joueurs...

RAPHAEL DIAZ: Pour le bien de notre sport, on devrait vraiment changer cette donne. Il faudrait un meilleur dialogue entre les différents championnats. Mais je n'ai pas de solution toute faite à ce problème. Après tout, je ne suis qu'un simple joueur...

Dommage, mais on doit accepter le choix de Hofmann

RTSsport.ch: Un mot sur la décision de Grégory Hofmann de quitter Columbus pour Zoug?

RAPHAEL DIAZ: Sportivement parlant, c'est évidemment dommage. Je le connais, c'est quelqu'un d'obstiné, qui aime le hockey. Mais la famille a toujours la priorité. Il nous faut accepter son choix.

RTSsport.ch: Vous vivez d'ailleurs une 1re saison en National League hors de Zoug. Comment vous sentez-vous à Fribourg?

RAPHAEL DIAZ: Je ressens beaucoup de plaisir. J'ai bien sûr eu besoin d'un temps d'adaptation. Mais nous avons du succès, c'est positif.

RTSsport.ch: La campagne européenne de Gottéron a tout de même fini en eau de boudin, en 8es de finale de la Ligue des champions, face à Munich (7-4 au total des 2 parties).

RAPHAEL DIAZ: Les matches contre les meilleures équipes allemandes, tchèques ou suédoises sont toujours serrés. Après avoir mené 2-0 contre Munich au retour, de petits détails ont encore une fois fait la différence en notre défaveur. Le style pratiqué au niveau international est différent de celui dont nous avons l'habitude.

Propos recueillis par Michaël Taillard