HC Bienne: "Je voulais que ce soit ma décision", explique Etienne Froidevaux
"C'est le moment de tenter quelque chose de différent". Telles sont les paroles d'Etienne Froidevaux. Comme annoncé il y a un mois, ce dernier rangera ses patins à la fin de l'exercice en cours, 16 ans après ses débuts en National League avec le CP Berne. Et ce afin de devenir enseignant à l'école secondaire.
Originaire du Noirmont -il ne s'est toutefois jamais rendu dans ce charmant village jurassien-, le sympathique attaquant se sent avant tout Bernois et Alémanique. Ce qui ne l'a pas empêché d'avoir laissé une certaine empreinte au Lausanne HC, dont il a été le capitaine de 2018 à 2020.
Evoluant au HC Bienne depuis 2021, fera-t-il ses adieux au hockey professionnel en partant sur son 2e titre national, après celui glané en 2010?
Au final, les statistiques sont quand même importantes
RTSsport.ch: Pourquoi arrêter, si jeune?
ETIENNE FROIDEVAUX: A 33 ans, je fais en réalité déjà partie des plus vieux. Il y a tous ces jeunes qui poussent, et davantage de joueurs étrangers qu'auparavant. Ce qui fait qu'il y a moins de places disponibles dans les effectifs. Mais cette concurrence est positive, le hockey suisse en a besoin.
RTSsport.ch: Depuis 3 ans, votre production offensive a baissé (1 but en 2021/22, toujours 0 cette saison). Cela a-t-il joué un rôle dans votre décision de mettre fin à votre carrière?
ETIENNE FROIDEVAUX: Oui, bien sûr. Car au final, les statistiques sont quand même importantes. Si j'avais un rôle plus offensif, j'aurais peut-être fait un autre choix. Je ne connaissais pas les plans du HC Bienne à mon égard, mais je voulais que ce soit ma décision.
RTSsport.ch: Votre reconversion est déjà toute tracée, ce qui facilite également les choses.
ETIENNE FROIDEVAUX: J'ai de la chance d'être hockeyeur, et il n'est pas facile de trouver un métier tout aussi plaisant pour la suite. Ce ne sera donc pas facile de raccrocher, et je resterai connecté avec le sport. Mais j'ai toujours eu d'autres centres d'intérêts à côté, j'ai beaucoup étudié.
RTSsport.ch: Vous êtes né à Bienne, donc la boucle est bien bouclée.
ETIENNE FROIDEVAUX: Ce n'était pas planifié. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à évoluer avec 3 clubs bernois, et avec le LHC.
RTSsport.ch: Quel est votre meilleur souvenir?
ETIENNE FROIDEVAUX: Les rencontres avec des personnes qui sont restées importantes dans ma vie. Mais il y a aussi évidemment le titre en 2010 avec le CP Berne. Ca me marquera à jamais. En général, j'ai bien aimé disputer les playoffs, que ce soit avec Berne, Lausanne ou Bienne. Et j'espère que le meilleur reste encore à venir!
RTSsport.ch: En 2010, le SCB avait fière allure, avec notamment un certain Roman Josi dans ses rangs.
ETIENNE FROIDEVAUX: A 20 ans, j'ai pu profiter de ces moments, dans cette équipe remplie de stars. Josi est d'ailleurs un de mes meilleurs copains. Quand je recroise Ivo Rüthemann, ou d'autres joueurs de cette épopée, on rigole. Ca fait plaisir: même 12 ans après, on reste connecté.
J'ai passé de superbes années à Lausanne
RTSsport.ch: Durant vos 8 saisons au LHC (2013-2021), vous assumiez souvent l'interview d'après-match sur nos antennes. Cela ne vous manquera-t-il pas, une fois votre carrière terminée?
ETIENNE FROIDEVAUX: Non, même si j'en profitais pour améliorer mon français (rires). Quand j'ai signé à Lausanne, les gens se demandaient d'où je venais, et pourquoi j'avais un accent alémanique alors que je porte un nom 100% francophone. Bon, j'ai toujours un accent, mais c'est moins grave qu'avant (rires). Donner des interviews, ça fait partie du métier. Et ce même si l'équipe a mal joué. Prendre mes responsabilités devant les médias ne m'a donc jamais posé de problème. Bien au contraire.
RTSsport.ch: Regrettez-vous de ne jamais avoir été sacré avec Lausanne?
ETIENNE FROIDEVAUX: Regretter, ce n'est pas le bon mot. On a joué les playoffs à 5 reprises. Ce qui était plutôt positif pour un petit club qui ne faisait pas partie, comme le LHC de maintenant, des plus gros budgets de la ligue. J'ai vraiment passé de superbes années à Lausanne. Signer là-bas en 2013, après avoir connu la relégation avec Langnau, a été le meilleur choix de ma carrière. Au LHC, j'ai tout de suite obtenu un temps de jeu conséquent.
RTSsport.ch: Votre belle 1re saison au LHC vous a d'ailleurs valu une convocation pour le Championnat du monde 2014, au Bélarus.
ETIENNE FROIDEVAUX: Ca reste un joli souvenir, même si l'équipe de Suisse n'était alors pas aussi forte qu'en d'autres occasions (réd: 10e rang final). Mais pour un jeune joueur, c'était une superbe expérience, très motivante. J'ai marqué un but face au Bélarus, lors de mon 2e shift (réd: défaite 4-3 au final), après avoir été surnuméraire en début de tournoi. Ce n'était pas si mal.
RTSsport.ch: Un mot sur la saison de Bienne?
ETIENNE FROIDEVAUX: On est en bonne posture, mais il ne faut rien lâcher. Car le vent peut vite tourner. L'échec subi en quarts de finale face à Zurich (réd: défaite 4-3 dans la série après avoir mené 3-2) nous reste toujours en travers de la gorge, et cet état d'esprit pourrait nous aider. Il faudra être "en feu" au bon moment, durant les playoffs. De toute façon, les supporters biennois peuvent se réjouir du futur. Car il se passe beaucoup de choses positives dans le mouvement juniors.
Propos recueillis par Michaël Taillard / Vidéo réalisée par Miguel Bao
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"Törmänen n'est pas comme les autres entraîneurs"
RTSsport.ch: Sauf cataclysme, Antti Törmänen sera donc votre dernier coach.
ETIENNE FROIDEVAUX: Antti n'est pas comme les autres entraîneurs que j'ai connus. Il voit des choses que les autres ne voient pas. Il est aussi très exigeant, c'est pourquoi nous avons du succès. Son objectif est de nous amener à notre meilleur niveau lorsque ça compte. Les résultats lui donnent raison.
"Langenthal? Ca fait mal"
RTSsport.ch: Vous aviez disputé un match en 2006/07 à Langenthal, alors partenaire du CP Berne. Etes-vous triste de voir ce club quitter la Swiss League à la fin de la saison?
ETIENNE FROIDEVAUX: C'est une petite défaite pour le hockey suisse, ça fait mal. Je comprends les raisons, financières, qui expliquent la décision de Langenthal. La Swiss League tient un rôle important pour le développement des jeunes, et j'ai peur pour l'avenir de ce championnat.