AJOIE: L'embellie se poursuit pour les Jurassiens. Les victoires de fin décembre ont enlevé un poids conséquent des épaules des Bruntrutains, qui ont retrouvé le fil de leur hockey. En 4 rencontres en 2023, ils ont cependant alterné le chaud et le froid, avec 2 succès 3-2 (à Zurich et contre Davos) et 2 claques (8-1 contre Zoug et 7-2 à Fribourg). Ces déroutes ont une explication commune: l'inefficacité du box-play ajoulot (6 buts encaissés). Avec encore un but inscrit par Zurich, l'efficacité du jeu en infériorité numérique du HCA dépasse à peine les 50% depuis le début de l'année (53,3%). Sous la 2e ère Julien Vauclair (7 matches), Ajoie n'a pour l’instant effacé que 63,3 % des pénalités concédées, alors que l'entraîneur jurassien en avait fait l'une de ses forces lors de son 1er passage (85,3% d’efficacité en 10 rencontres).
Le club à la vouivre peut néanmoins se réjouir sur un point: avec le départ de Filip Pesan, les joueurs suisses ont retrouvé leur sens du but. Sur les 13 réussites inscrites depuis mi-décembre, 9 l'ont été par des patineurs helvétiques. Mention spéciale à Reto Schmutz qui, avec 2 buts et 3 assists, est tout simplement le meilleur compteur du HCA sur le dernier mois. Un motif de satisfaction qui pourrait avoir son importance en fin de saison dans l'hypothèse d’un barrage de promotion-relégation puisqu'Ajoie ne pourrait aligner que 4 étrangers au lieu des 6 actuels, donnant ainsi des responsabilités supplémentaires aux Suisses.
BIENNE: Redémarrage poussif pour les Seelandais puisqu'ils n’ont obtenu qu'un petit succès 5-4 après prolongation contre Kloten, pour 2 défaites à Zurich (2-1 pour la 1re de Mark Crawford avec les Lions) et à Ambri (4-3). Encore privés d’Harri Säteri et Joren Van Pottelberghe, les Biennois ont toujours été menés au score en 2023, malgré une prestation solide de Simon Rytz le jour de l'an (94,6% d’arrêts). Plus inquiétant, lors des 2 dernières rencontres, ils ont dû remonter un déficit de 3 buts grâce à Jesper Olofsson (auteur d’un triplé contre Kloten), Fabio Hofer (3 buts sur le week-end) et Gaëtan Haas (4 assists).
Depuis la blessure de son portier finlandais, Bienne tourne à une moyenne de points par match tout à fait correcte (1,71), soit 12 unités en 7 rencontres, dont 6 disputées par Simon Rytz, qui maintient une fiche honorable de 90% d’arrêts sur cette période. Le vétéran de 39 ans a ainsi évolué autant de fois dans l'élite en un mois que depuis le début de la saison 2016-2017. S'il rentrera dans l'ombre dès le retour au jeu de ses 2 collègues, Simon Rytz aura montré dans l'intervalle que Martin Steinegger a eu raison de lui faire confiance en l'engageant pour la saison puisque les Seelandais sont parvenus à conserver sans encombre leur 2e place au classement.
Si on gagne cinq fois d’affilée et qu’on en perd une, ce n’est pas un problème
FRIBOURG: Attention, Dragons en feu! Les Fribourgeois ont débuté l'année comme ils ont terminé la précédente: en enchaînant les victoires. Ils campent désormais sur 6 succès en 7 rencontres - seul Lausanne les ayant fait chuter (défaite 5-3 à Malley) - et pointent à la 5e place de National League, ou même à la 4e aux points par match (1,73). Si la défense reste une valeur sûre à Fribourg avec 2,5 buts accordés par rencontre en 2023 (4e meilleure moyenne sur cette période), l'offensive tourne (enfin) à plein régime avec 4,75 réussites par partie (3e de la ligue en 2023). Un duo personnifie à lui seul ce renouveau: Jacob De La Rose, auteur d'un triplé lors de la victoire 6-1 contre Ambri, et Marcus Sörensen (10 points en 4 sorties). Les Suédois ont inscrit 8 des 19 buts de Fribourg cette année (47,4%) alors qu'ils ne cumulaient que 6 réussites en 2022. Dans leur sillage, c’est toute la légion étrangère des Dragons qui s’est mise en avant lors des dernières rencontres (12 buts sur 19 marqués). Ce réveil permet aux hommes de Christian Dubé de (re)devenir des candidats sérieux au top-6 cette saison, si ce n'est au top-4.
David Desharnais, qui vit ses derniers mois de hockeyeur professionnel, s'est d'ailleurs montré très optimiste sur le potentiel des Dragons: "On commence à bien jouer ensemble en tant qu'équipe. Les choses sont en train de se mettre en place et les points vont venir si l’on continue comme cela. Notre but est clairement d’être dans le top-6". Le centre québécois de 36 ans affirmait après la défaite à Lausanne que "si on gagne cinq fois d’affilée et qu’on en perd une, ce n’est pas un problème, c’est normal de perdre des matches à un moment ou l’autre". La réaction montrée dans le match suivant (victoire 7-2 contre Ajoie) tend à lui donner raison.
Bienne n’était pas loin derrière, ça nous a donné une petite motivation supplémentaire
GENÈVE: Les Aigles ont débuté l’année 2023 à égalité de points avec Bienne. Une dizaine de jours plus tard, ils ont retrouvé 4 unités d’avance sur les Seelandais et 10 sur Zurich. Désormais pratiquement assurés de terminer la saison régulière dans le top-4 (Berne, 5e, compte 15 longueurs de retard), les Servettiens connaissent toutefois un début d’année animé. Hors glace tout d’abord, avec l’annonce de plusieurs blessures d’importance (Teemu Hartikainen notamment) et de mouvements dans l’effectif. Ces absences défensives ont été compensées provisoirement par l’arrivée du Français Yohann Auvitu, discret mais intéressant pour ses premiers coups de patin. Genève a en outre dû encaisser le choc du départ de son maître à jouer Henrik Tömmernes en fin de saison (voir encadré).
Sur la glace également, la reprise des Genevois n'a pas été de tout repos avec une défaite 4-3 à Davos et une victoire 4-2 arrachée de haute lutte dans le derby contre Lausanne. C’est surtout le déplacement à Berne le lendemain qui a marqué les esprits, avec une improbable victoire 7-5 sur la glace des Ours. Pour Benjamin Antonietti, "c’était sans doute un joli match à regarder, mais le plan n’était pas de gagner 7-5. On devait faire un match solide défensivement et donner le moins possible… On va donc retenir les trois points". Sur ces 3 rencontres, Daniel Winnik et Josh Jooris se sont distingués. Avec 6 points chacun depuis le début de l’année, ils ont largement contribué au bon bilan des Genevois (7 unités récoltées sur 9 possibles). Benjamin Antonietti, également auteur d’un but, l’explique par le caractère de l’équipe: "La première place nous donne de la confiance, la confiance nous amène des bons résultats, et les bons résultats nous portent à la première place. On est dans un cercle positif. Bienne n’était pas loin derrière, ça nous a donné une petite motivation supplémentaire de ne pas vouloir lâcher cette place". Un solide leader.
LAUSANNE: Après une période intéressante entre mi-novembre et mi-décembre, les Lions peinent à matérialiser leur potentiel depuis la 2e pause internationale. Ils ont débuté 2023 par 3 défaites, portant leur série à 4 revers. Les Vaudois ont toutefois fait tomber Fribourg samedi dernier (victoire 5-3) après avoir sérieusement fait vaciller le leader genevois chez lui la veille (défaite 4-2). Deux performances de choix, dont une victoire qui a soulagé les Lausannois, selon Tim Bozon: "C’était un bon match. Notre gardien nous fait encore des arrêts qui nous sauvent et on a réussi à marquer plus de 2-3 buts donc on se devait de le gagner. Contre Genève aussi, nous avons fait un bon match, mais on a moins de confiance, donc on marque moins. Mentalement, c’est dur pour nous offensivement. On ne marque pas beaucoup de buts, tout le monde sous-performe à cause du manque de confiance. C’est un match qui peut nous faire du bien parce qu’on marque 5 fois contre une grosse équipe". Lausanne n’est effectivement que la 11e attaque de la ligue avec un maigre 2,6 réussites par rencontre.
Les Lions ont aussi été actifs en dehors de la glace depuis le début de l’année. Ils ont tout d’abord engagé Eetu Laurikainen pour seconder Ivars Punnenovs jusqu’à la fin de la saison. Le portier finlandais remplace Tobias Stephan, blessé pour une durée indéterminée. Lausanne s’est surtout débarrassé de manière définitive de Petr Svoboda. Ancien homme à-tout-faire à Malley, le Tchèque avait perdu toute influence sur les aspects opérationnels, mais était encore actionnaire minoritaire du club. Ce n’est désormais plus le cas, l’entrepreneur Grégory Finger, qui détenait le reste des actions, lui ayant racheté ses parts afin de pouvoir restaurer un climat plus serein à tous les niveaux de l’organisation. Les traces du passage désastreux de Svoboda prendront du temps à être effacées, mais le LHC peut maintenant envisager de se reconstruire de manière pérenne. Dans la situation actuelle, il s’agit déjà d’un grand pas en avant.
Bastien Trottet - @BastienTrottet
Toutes les citations proviennent de l'émission Sport Première (tous les samedis dès 19h00 sur RTS La 1ère).
Les chiffres sont tirés du site de la Fédération suisse de hockey sur glace et de nlicedata.com.
L'info de la quinzaine
Une page va se tourner aux Vernets: Henrik Tömmernes retournera dans son ancien club de Frölunda, quadruple vainqueur de la Ligue des champions, la saison prochaine après avoir porté le maillot des Grenat pendant 6 ans. Élu à 3 reprises meilleur défenseur de National League, le Suédois de 32 ans a privilégié un choix familial. Auteur jusqu’ici de 220 points en 274 rencontres avec les Aigles, le natif de Karlstad va laisser un vide immense dans l’arrière-garde genevoise, lui qui est en outre l’un des joueurs les plus utilisés du championnat (26’07 par match de moyenne).
Le chiffre à retenir
8
Après moins de 2 semaines, 8 triplés ont déjà été réussis en National League en 2023, soit un de plus que sur les 3 premiers mois de la saison. Parmi ces 8 coups du chapeau, 2 l’ont été par des joueurs évoluant en Suisse romande (Jacob De La Rose avec Fribourg contre Ambri et Jesper Olofsson avec Bienne contre Kloten) et 3 l’ont été à l’insu des Romands (Jan Kovar et Lino Martschini avec Zoug à Porrentruy, André Heim avec Ambri contre Bienne). Cette impressionnante liste est complétée par les 2 triplés consécutifs de l’inusable Roman Cervenka (Rapperswil) et celui du défenseur Ramon Untersander (Berne).
Le joueur marquant
Lors des victoires ajoulotes contre Zurich et Davos, le portier Damiano Ciaccio a réussi 88 arrêts sur les 92 tirs qui lui ont été adressés, soit 95.7% d'arrêts sur une moyenne de 46 lancers par rencontre. A titre de comparaison, un gardien reçoit en général une trentaine de tirs par match et en repousse environ 90 à 92%. La performance réalisée par le gardien neuchâtelois de Porrentruy constitue donc un véritable exploit qui a largement contribué aux succès des Jurassiens.