HC Ajoie: "On va tout donner contre Langnau", promet le futur retraité Jordane Hauert

Le clubiste est une espèce en voie de disparition. Jordane Hauert (36 ans), qui a passé l'intégralité de sa carrière au HC Ajoie, en est l'un des derniers spécimens. Et rien que pour sa fidélité, le défenseur aux plus de 1000 matches dans les 2 plus grandes catégories de jeu helvétiques mériterait vraiment de terminer sa carrière sur un maintien.

Titres en Swiss League en 2016 et en 2021, Coupe de Suisse en 2020, promotion en National League en 2021: l'enfant du pays a en effet été de tous les bons coups récents des Jaune et Noir. "Des souvenirs magnifiques", selon lui.

Capitaine du club jurassien depuis 2012, Hauert se consacrera ensuite uniquement à l'entreprise familiale, spécialisée dans la fabrication de boîtes de montres. Avant peut-être de devenir un jour, comme son père Patrick actuellement, président du HCA?

Si je ne prenais pas de plaisir, ma place ne serait pas dans ce vestiaire

RTSsport.ch: Dans quel état d'esprit abordez-vous les playout?

JORDANE HAUERT: On a nos chances, on va tout donner. Notre public, qui sera l'une des clefs de cette série, s'identifie à nous. Et à l'entraînement, nous sommes encore plus sérieux que d'habitude. Ca joue par exemple plus physique depuis quelques jours, et on a passé beaucoup de temps à la salle de sport. Nous sommes positifs.

RTSsport.ch: Langnau, est-ce une formation largement à votre portée?

JORDANE HAUERT: Largement, je ne dirais pas ça. C'est quand même une équipe qui a fait 60 points cette saison. Ce n'est pas facile de jouer à l'Ilfis, une patinoire bruyante et bien remplie, même si on a remporté 3 de nos 4 duels contre eux cette saison. Mais gare à leur power-play, leurs étrangers sont très performants.

RTSsport.ch: Est-ce que la notion de plaisir est quand même présente en playout?

JORDANE HAUERT: Etant donné que ce sont mes derniers matches, bien sûr. Je pratique un des plus beaux métiers du monde, on est des privilégiés. Ici, nous sommes toujours applaudis, quel que soit le résultat. Si je ne prenais pas de plaisir, ma place ne serait pas dans ce vestiaire. Même dans cette situation.

J'ai beaucoup pensé à la fin de ma carrière ces dernières semaines

RTSsport.ch: Réussissez-vous à faire abstraction de la fin imminente de votre carrière?

JORDANE HAUERT: Oui, je n'ai pas trop le choix. Je ne vous cache pas que j'y ai beaucoup pensé ces dernières semaines, notamment lors des derniers matches de saison régulière. Mais tant que nous ne serons pas sauvés, je ne ferai pas le deuil de ma carrière. En ce moment, j'ai aussi pas mal de choses à préparer pour la suite, au sein de l'entreprise familiale.

RTSsport.ch: Justement, est-ce devenu trop difficile de concilier votre travail au sein de cette dernière avec le hockey en National League?

JORDANE HAUERT: Cela explique en partie pourquoi je vais arrêter en fin de saison. J'ai 2 enfants, et lorsqu'on est hockeyeur, on n'est pas souvent à la maison. A 64 ans, mon père est proche de la retraite, même si je pense qu'il ne la prendra jamais (rires). Il est comme ça. Mais c'est le bon moment pour lui donner un coup de main, de prendre davantage de responsabilités dans l'entreprise afin de lui permettre de se reposer.

RTSsport.ch: Vous savourez sans doute vos dernières heures en tant que hockeyeur de haut niveau. Mais paradoxalement, il faut que la saison se termine le plus vite possible pour Ajoie.

JORDANE HAUERT: Je profite des moments avec les gars dans le vestiaire. Car on ne retrouve pas une telle ambiance ailleurs. Ici, on est quand même une bande de potes. L'équipe est soudée et ce club possède un esprit familial. Il faut finir le plus rapidement possible, mais si on ne passera pas au 1er tour, alors ce sera au 2e (réd: en barrage contre le champion de Swiss League).

RTSsport.ch: Jadis défenseur prolifique en Swiss League, vous n'avez pas encore inscrit le moindre but en National League. Vous attendiez cette série face aux Tigers pour débloquer votre compteur?

JORDANE HAUERT: Si je pouvais vous dire oui et en mettre quelques-uns pour aider mon équipe à gagner, je le ferais (rires). Marquer un but me ferait énormément plaisir. Mais à choisir entre ça ou finir la saison le plus vite possible, je ne réfléchirais pas 2 secondes. Si je ne faisais pas trembler les filets, je devrais l'accepter.

Propos recueillis par Michaël Taillard, vidéo réalisée par Miguel Bao