"Je voudrais atteindre la marque des 1000 matches en NHL", lâche Nino Niederreiter

Les supporters helvétiques les plus pessimistes vous diront que sans Roman Josi, l'équipe de Suisse ne peut pas décrocher le titre mondial. C'est oublier que lors des épopées argentées en 2013 à Stockholm et en 2018 à Copenhague, un autre grand monsieur avait fait office de locomotive pour la sélection rouge à croix blanche: Nino Niederreiter (30 ans).

Le Grison, qui porte le "C" sur la poitrine pour la 1re fois en équipe nationale "A", est reparti sur de bonnes bases pour son 7e Championnat du monde. L'attaquant de Winnipeg a en effet marqué 3 buts en 3 matches à Riga. A quelques heures du duel contre la Slovaquie (à suivre dès 19h10 sur RTS 2), "El Nino", meilleur attaquant helvétique de l'histoire en NHL (409 points en saison régulière), a notamment évoqué pour nous son départ forcé de Nashville en février, ainsi que sa régularité à trouver le chemin des filets.

On a pris un bon départ, mais ces 3 victoires étaient impératives

RTSsport.ch: Le match contre les Slovaques s'apparente à un 1er test sérieux dans ce tournoi. Est-ce également votre avis?

NINO NIEDERREITER: La 1re rencontre face à la Slovénie était tout aussi importante, car il s'agissait de réussir nos débuts. Mais en effet, je m'attends à ce que le match contre la Slovaquie soit notre partie la plus difficile jusqu'à présent. C'est une très bonne équipe, qui se donne à fond. Nous devrons être prêts. Car ils ont démontré de très belles choses face à la Tchéquie et au Canada.

RTSsport.ch: Dans ce Mondial, vous avez inscrit un but par match jusqu'à présent. Un joli rythme!

NINO NIEDERREITER: Oui... A titre personnel, c'est un bon départ. Mais je reste tout de même critique sur ma performance lors des 2 premiers matches. Face au Kazakhstan, j'étais davantage satisfait de mon timing et de mon forechecking. J'ai en fait eu besoin d'un temps d'adaptation. Comme la glace est plus grande ici qu'en NHL, il est un peu plus difficile pour moi de faire étalage de mes qualités physiques. Denis Malgin ou Kevin Fiala, qui sont des joueurs plus doués techniquement que moi, n'ont pas le même souci.

RTSsport.ch: La Suisse version 2023 est-elle aussi forte, voire meilleure qu'en 2013 et en 2018?

NINO NIEDERREITER: Question difficile... Chaque championnat du monde a son histoire. En 2013, nous avions aligné 9 succès. C'était unique, comme dans un film. En 2018, c'était différent, ça ressemblait à des montagnes russes: nous avions connu des hauts et des bas. Cette année, nous avons pris un très bon départ. Mais ces 3 victoires étaient impératives. Nous avons eu quand même plus de facilité à les obtenir qu'autrefois, face à ces mêmes adversaires.

Avec Josi, on a pleuré durant quelques minutes

RTSsport.ch: En NHL, votre saison a été marquée par l'échange vous faisant quitter Roman Josi et Nashville pour Winnipeg. Un moment difficile dans un premier temps. Car après avoir appris la nouvelle, vous avez versé quelques larmes.

NINO NIEDERREITER: Oui, ça a été très dur pour Roman et moi. Nous étions alors à Phoenix. Nous avions joué la veille au golf avec l'équipe, et nous étions sortis le soir. On avait vraiment passé un bon moment, et il était impensable que je m'en aille le lendemain. Mais là, après l'entraînement, le general manager m'a soudain appelé pour m'informer de mon échange. Dans la foulée, je suis donc monté dans le bus pour dire adieu à mes coéquipiers des Predators. Avec Josi, nous avons ensuite pleuré ensemble durant quelques minutes dans ma chambre. C'était d'autant plus difficile que je m'entendais très bien avec lui et avec sa famille, en particulier avec son fils Luca.

RTSsport.ch: Vous ne vous êtes pourtant pas laissé abattre, puisque vous vous êtes vite adapté à votre nouveau club en NHL. Avec les Jets, vous avez inscrit 17 points en 27 rencontres, playoffs inclus.

NINO NIEDERREITER: Je me sens très bien à Winnipeg. La ville est bien sûr différente de Nashville. Mais en 2 mois, je n'ai pas tellement eu le temps de la visiter, donc je ne peux pas vous en dire grand-chose. On passe tout de même beaucoup de temps à voyager... C'est la première fois que j'évolue dans un club canadien en NHL, c'est plutôt cool. Les supporters des Jets sont nombreux et passionnés. Me concernant, je suis le type de personne qui a besoin de s'acclimater le plus rapidement possible. Je n'ai pas envie d'être une distraction à ce niveau, donc j'aime vite me fondre dans un collectif.

A Winnipeg, le hockey est la seule chose qui compte

RTSsport.ch: Vous évoquez la passion des fans au Manitoba. Vous arrêtent-ils pour discuter avec eux, lorsqu'ils vous croisent dans la rue?

NINO NIEDERREITER: Oui, de plus en plus. Un jour, dans un restaurant, certaines personnes m'ont même proposé de payer mon repas. C'est très spécial. Par rapport aux autres lieux où j'ai évolué, on se rend compte qu'à Winnipeg, le hockey est la seule chose qui compte. C'est agréable à vivre.

RTSsport.ch: Vous comptez 7 exercices avec 20 buts ou plus durant votre carrière dans la meilleure ligue du monde. Etes-vous fier de cette statistique?

NINO NIEDERREITER: Chaque saison, je me fixe l'objectif de marquer 20 buts. En fin de compte, j'évolue en NHL plus ou moins en raison de ma constance. Mais, année après année, je me dis toujours que j'aurais pu en marquer plus. Je n'ai pas encore atteint mes limites. Je voudrais connaître un exercice parfait, où tout me réussirait. Je suis convaincu que ça viendra.

RTSsport.ch: Comme nous le rappelait notre consultant Félicien Du Bois avant ce Mondial, vous avez su vous réinventer ces dernières années, afin de prolonger votre aventure outre-Atlantique. Et ce notamment en perdant plusieurs kilos, pour gagner en vitesse. Combien d'années pensez-vous encore jouer en NHL?

NINO NIEDERREITER: Dur à dire. J'aimerais y jouer aussi longtemps que possible. En étant capable d'y faire la différence, de marquer des buts. Au moment où je serai cantonné au 4e bloc offensif, avec un temps de jeu limité et un horizon bouché, je me résignerai peut-être. Je ne me fixe cependant pas de date limite. Je voudrais atteindre la marque des 1000 matches en NHL, ce serait incroyable (réd: il en compte 897 à ce jour, séries incluses).

De Riga, Michaël Taillard