"La Suisse est un pays en pleine progression", selon Milan Lucic

Cette édition 2023 du Mondial est largement boudée par les stars de NHL. Certes, Mikko Rantanen fait le bonheur des spectateurs du groupe A à Tampere. L'attaquant finlandais sort d'une saison régulière à 105 points avec Colorado, excusez du peu.

On peut également citer l'Allemand Moritz Seider. Le défenseur de Detroit, élu meilleur "rookie" de la ligue nord-américaine en 2022, retrouve d'ailleurs en Finlande son coéquipier suédois Lucas Raymond. L'attaquant fait, lui aussi, partie des meilleurs éléments des Red Wings.

Mais en définitive, parmi les nations comptant plusieurs joueurs de premier plan en NHL, seule la Suisse propose une formation très proche de son équipe-type dans ce Championnat du monde. C'est pourquoi, même privée de Roman Josi et de Timo Meier, elle peut a priori être considérée comme favorite pour le titre.

Des allures de "Bossu"

Le Canada ne l'entend, toutefois, évidemment pas de cette oreille. Le pays du hockey aligne quand même des noms fameux à Riga, comme le gardien de Montréal Samuel Montembeault ou l'attaquant de Calgary Tyler Toffoli, titré en NHL en 2014 avec Los Angeles et champion du monde en 2015. Sans oublier le coéquipier de celui-ci aux Flames, Milan Lucic (34 ans).

L'attaquant, qui joue son 1er Mondial, est en effet bien connu des passionnés. Non seulement pour ses allures de Bossu de Notre-Dame -on lui a diagnostiqué la maladie de Scheuermann, qui cause une déformation de la colonne vertébrale, lorsqu'il était ado-, mais aussi et surtout pour sa robustesse (1528 minutes de pénalité amassées dans sa carrière pro) et pour ses exploits offensifs sur la glace.

C'est que Lucic a remporté la Coupe Stanley en 2011, alors avec Boston. Et ce en finale après un 7e match à Vancouver, dans l'antre des Canucks, le club de... sa ville natale. "Ce qui compte en premier, c'est de soulever le trophée, nous dit l'homme aux 1309 matches en NHL. Mais c'était évidemment un feeling spécial. C'était incroyable de triompher dans ma région".

Le tragique destin de son père

Auteur de 661 points au total dans la meilleure ligue du monde, le joueur d'origine serbe est devenu moins productif au fil du temps. La saison écoulée, qui l'a vu inscrire 19 points en 77 parties avec Calgary et accuser un différentiel de -13, constitue d'ailleurs son record négatif.

Le poids des ans sans doute, mais aussi, peut-être, le poids du destin. Son père Dobro, un ex-docker qui avait émigré au Canada en 1984, s'est en effet suicidé en 2015, à 59 ans. Derrière les chiffres bruts, il y a parfois des faits qui doivent être pris en compte par les journalistes et les fans...

On se rappelle toujours de son 1er but, dans n'importe quel tournoi

La transition est difficile mais en Lettonie, l'ex-ailier gauche d'Edmonton compte 1 but et 1 assist en 4 parties. Sa 1re réussite sous le maillot à la feuille d'érable, Lucic l'a d'ailleurs inscrite contre la Slovénie.

"Ca a été un honneur de marquer pour mon pays, évidemment. On se rappelle toujours le 1er but qu'on a inscrit, dans n'importe quel tournoi. Ce match, vous avez raison, était comme un derby pour moi, s'esclaffe-t-il. Je n'avais encore jamais eu l'opportunité de parler en serbe à des adversaires, et c'était amusant. J'ai donc pu plaisanter avec quelques Slovènes sur la glace. C'était assez cool, et je m'en souviendrai toujours", raconte Lucic.

Quel est son avis sur les Helvètes? "La Suisse a bien entamé ce Mondial. C'est un groupe bien emmené par Nino Niederreiter. Année après année, plusieurs de vos compatriotes débarquent en NHL, et ils démontrent de belles qualités. Roman Josi est d'ailleurs l'un des meilleurs défenseurs de la ligue. Et je pourrais aussi citer l'excellent attaquant qu'est Kevin Fiala. C'est un pays en pleine progression au niveau du hockey", conclut Lucic.

De Riga, Michaël Taillard