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Les étoiles étaient pourtant alignées, mais la Suisse a encore failli à sa tâche

Hischier (no13) et les Helvètes avaient de quoi être abattus après la défaite. [Salvatore Di Nolfi]
Hischier (no13) et les Helvètes avaient de quoi être abattus après la défaite. - [Salvatore Di Nolfi]
"Stopp Schwiiz", avaient ironisé jeudi des supporters allemands sur les réseaux sociaux, avant le quart de finale perdu par la Suisse contre la "Mannschaft" (3-1). Malgré les épopées argentées de 2013 et de 2018, malgré leurs stars en NHL, ce stade de la compétition reste effectivement un obstacle conséquent pour les Helvètes. L'heure est au bilan du Mondial à Riga.

Les médias du pays, les supporters, l'équipe elle-même. Tout le monde avait de quoi bomber le torse durant la phase de poules. Domination totale ou presque face aux 6 premiers adversaires de l'équipe de Suisse, 1re place du groupe B, présence de plusieurs "stars" helvétiques de NHL. On pouvait se dire que c'était l'année ou jamais pour un 1er titre mondial.

Et pourtant, la troupe de Patrick Fischer s'est encore arrêtée au stade des quarts de finale, pour une 4e année de rang... Avait-on vue cette sélection plus belle qu'elle ne l'était en réalité? "Non. Tous les signaux étaient au vert. Je ne sais pas si c'est demain la veille qu'on se retrouvera avec une si belle équipe sur le papier", regrette Félicien Du Bois.

"Cette défaite contre l'Allemagne est dure à expliquer. Il aurait fallu marquer dans les premières minutes. Menés 1-0, les Suisses sont parvenus à égaliser. Mais ensuite, ils n'ont pas réussi à passer la vitesse supérieure", poursuit le consultant de RTSsport.

Mayer titulaire? Le 1-0 a donné raison aux gens qui doutaient de ce choix

Félicien Du Bois

Le sélectionneur Patrick Fischer ne peut pas être blâmé pour le manque d'efficacité de ses joueurs dans les moments-clés. En revanche, le Zougois a opéré plusieurs choix douteux. Tout d'abord avec la titularisation de Robert Mayer (33 ans), inexpérimenté à ce stade de la compétition et moins bon statistiquement dans le tournoi que Leonardo Genoni (96,61% d'arrêts en 3 parties). Un coup de poker qui s'est avéré perdant...

"Le 1-0 a donné raison aux gens -et même à certains joueurs peut-être- qui doutaient de ce choix. Celui-ci était pourtant en partie justifié. Mayer est champion de Suisse avec GE-Servette et Genoni n'avait pas fait mieux ces dernières années en quarts", relativise Du Bois.

Actuellement, je ne vois personne apte à remplacer Fischer

Félicien Du Bois

Mais Fischer est-il vraiment toujours l'homme de la situation? En poste depuis le 3 décembre 2015, l'ex-entraîneur de Lugano n'a passé les quarts de finale qu'à une seule reprise, en 2018. Si l'on se penche uniquement sur les résultats, force est de constater que "Fischi" a épuisé tout son crédit. La "Swissness" voulue par la Fédération derrière le banc a peut-être atteint ses limites.

Du Bois n'est pas tout à fait de cet avis. "Analyser uniquement les résultats, ce n'est pas une bonne idée. Un autre coach peut-il faire davantage progresser l'équipe nationale? Actuellement, je ne vois personne apte à le remplacer", estime, pour sa part, l'ex-défenseur international de 39 ans.

Fischer, proche de ses joueurs, a en outre laissé beaucoup de liberté à ces derniers. Trop? A Riga, de nombreux entraînements étaient ainsi facultatifs. Même celui de la veille du quart de finale! Un peu curieux, au vu du manque d'efficacité du power-play face à l'Allemagne, par exemple.

Hischier n'est pas le seul à blâmer. Cela a surtout été une faillite collective

Félicien Du Bois

Les stars offensives suisses de NHL, elles, n'ont en tous les cas pas profité de ces largesses pour justifier leur flatteuse réputation. Volonté de systématiquement trop vouloir en faire pour Kevin Fiala, absence curieuse de Denis Malgin sur les 2 dernières parties (l'attaquant de Colorado était-il vraiment malade? Y a-t-il eu clash avec le staff?), ou encore implication défensive minimale de Nico Hischier par moments: la déception est à la hauteur des attentes suscitées par ces "messies" avares en miracles.

"C'est certain qu'on attendait d'un Hischier qu'il puisse faire la différence dans une partie à élimination directe, admet notre consultant neuchâtelois. Mais il n'est pas le seul à blâmer. Cela a surtout été une faillite collective".

En fin de compte, les seuls joueurs de NHL à avoir livré la marchandise conformément à leurs capacités sont donc Jonas Siegenthaler et, dans une moindre mesure, Janis Moser et Nino Niederreiter. Mais les 2 derniers nommés ont baissé d'un cran dans leurs prestations en fin de tournoi.

Bref, il faudra encore attendre un an de plus avant de potentiellement voir l'équipe de Suisse soulever le trophée au Championnat du monde. L'espoir fait vivre...

De Riga, Michaël Taillard

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Mondial 2023, les quarts de finale (25.05)

La sélection de Patrick Fischer pour le Mondial à Riga (12-28.05)

Gardiens (3): Leonardo Genoni (Zoug), Robert Mayer (Genève), Joren Van Pottelberghe (Bienne).

Défenseurs (8): Michael Fora (Davos), Tobias Geisser (Zoug), Andrea Glauser (Lausanne), Dean Kukan (Zurich), Romain Loeffel (Berne), Christian Marti (Zurich), Janis Moser (Arizona/NHL), Jonas Siegenthaler (New Jersey/NHL)

Attaquants (14): Andres Ambühl (Davos), Christoph Bertschy (Fribourg), Enzo Corvi (Davos), Kevin Fiala (Los Angeles/NHL), Gaëtan Haas (Bienne), Fabrice Herzog (Zoug), Nico Hischier (New Jersey/NHL), Denis Malgin (Colorado/NHL), Marco Miranda (Genève), Nino Niederreiter (Winnipeg/NHL), Damien Riat (Lausanne), Tanner Richard (Genève), Sven Senteler (Zoug), Dario Simion (Zoug).