Félicien Du Bois: "Ces défaites sont le prix à payer pour apprendre à jouer dans la cour des grands"
Vaut-il mieux gagner contre des formations moins fortes ou perdre contre de bonnes équipes? Cette question, entendue dans les travées de la splendide Arena de Zurich, résume tout le dilemme que vit l'équipe de Suisse depuis son intégration à l'Euro Hockey Tour en 2022.
Habituée à disputer des tournois sans réelle valeur par le passé, la sélection à croix blanche se retrouve désormais confrontée aux meilleures équipes européennes lors de chaque rassemblement. Corollaire, les Helvètes enchaînent les défaites et une forme de scepticisme s'instaure autour de la formation de Patrick Fischer.
Si l'on veut des victoires régulières, on va jouer contre la Slovaquie, la Lettonie, la France et l'Autriche
Pour Félicien Du Bois, ancien international et consultant pour RTSsport, "ces défaites sont le prix à payer pour apprendre à jouer dans la cour des grands". Le Chaux-de-Fonnier de 40 ans explique qu'elles font partie d'un processus qui doit permettre à la Suisse de progresser.
"Si l'on veut des victoires régulières, on va jouer contre la Slovaquie, la Lettonie, la France et l'Autriche. Là, dans cette phase d'apprentissage, il faut apprendre à perdre, à gérer ces matches avant de pouvoir les gagner. Malheureusement, c'est un peu la réalité du moment", reconnait-il.
Un manque de constance rédhibitoire
Lors de ses 3 rencontres à Zurich, la Suisse a systématiquement été menée 2-0. Elle a pourtant disputé plusieurs tiers de bonne, si ce n'est très bonne facture, mais n'a pas réussi à maintenir ce niveau de jeu durant 60 minutes. Ce manque de constance lui a coûté cher.
Ils ont été bons en power-play, mais sur ceux où ils pouvaient faire la différence, ils n'ont pas réussi à marquer
La gestion des moments-clés a aussi été difficile pour les Helvètes. "Ils ont été bons en power-play sur l'ensemble du tournoi, mais sur ceux où ils pouvaient faire la différence, ils n'ont pas réussi à marquer. Et il n'y a pas que de la malchance sur le fait de prendre un surnombre en prolongation", estime Félicien Du Bois.
Une force de caractère qui renverse des montagnes
La troupe de Patrick Fischer n'a donc jamais eu l'avantage au score, mais elle a à chaque fois su trouver les ressources pour revenir dans la partie. Cette capacité de réaction fait partie de l'ADN de l'équipe, comme l'ont martelé les joueurs à l'interview tout au long de la semaine.
Si l'on prend un peu de distance et que l'on dépasse la frustration des défaites, il y avait du mieux sur ce tournoi
"Honnêtement, j'ai trouvé que la rencontre contre la Finlande était un assez bon match, apprécie le Neuchâtelois. Il y a eu de l'intensité physique, de grosses charges et beaucoup de duels à la bande. Dans ce registre, la Suisse n'a rien eu à envier à son adversaire", poursuit-il. "Si l'on prend un peu de distance et que l'on dépasse la frustration des défaites, il y avait du mieux sur ce tournoi par rapport au mois de novembre", juge-t-il.
Une série de défaites qui se prolonge
Si la Suisse se rapproche petit-à-petit du niveau des meilleures nations mondiales, elle reste toutefois sur une série de 8 défaites (2 au Mondial, 3 en Finlande et 3 à Zurich). Au contraire d'un club, la sélection a cela de particulier qu'entre les matches, les joueurs rentrent dans leurs formations respectives et connaissent des dynamiques complètement différentes. Une série négative a donc un impact bien moindre sur leur moral.
Beaucoup de travail sera fait dans l'ombre par le staff jusqu'en février pour essayer d'inverser la tendance
"Pour Patrick Fischer en revanche, c'est plus gênant à gérer. C'est sûr qu'il signerait volontiers pour un succès. Beaucoup de travail sera fait dans l'ombre par le staff de l'équipe de Suisse jusqu'en février pour essayer d'inverser la tendance", souligne Félicien Du Bois.
Le bilan de ces Swiss Ice Hockey Games n'est donc pas aussi sombre que les résultats bruts peuvent le laisser penser. Mais malgré des scores serrés et une indéniable progression, il est également difficile d'être positif alors que la Suisse n'a plus connu les joies de la victoire depuis le mois de mai. A Zurich, les Helvètes obtiennent donc en quelque sorte la moyenne, guère mieux.
Zurich, Bastien Trottet - @BastienTrottet
Beaucoup d'inconnues pour février
Il est difficile d'anticiper à quoi ressemblera l'équipe de Suisse lors du prochain rassemblement. Les clubs sont en effet souvent plus réticents à libérer leurs joueurs juste avant le sprint final vers les playoffs. La Fédération devra donc oeuvrer en coulisses pour tenter d'aligner la meilleure équipe possible en Suède.
"Il faudra faire avec les joueurs qui seront là, mais ce sera aussi pour eux une chance d'apprendre, ce qui est bénéfique à moyen terme. Une chose est sûre: la Suisse entrera dans le tournoi avec pour objectif d'interrompre cette série négative", conclut l'ancien joueur de Kloten.
La sélection suisse
Gardiens (2): Leonardo Genoni (Zoug), Joren van Pottelberghe (Bienne).
Défenseurs (10): David Aebischer (Rapperswil), Tim Berni (Genève), Michael Fora (Davos), Lukas Frick (Lausanne), Tobias Geisser (Zoug), Andrea Glauser (Lausanne), Fabian Heldner (Lausanne), Dean Kukan (Zurich), Romain Loeffel (Berne), Christian Marti (Zurich).
Attaquants (14): Sven Andrighetto (Zurich), Christoph Bertschy (Fribourg), Attilio Biasca (Zoug), Enzo Corvi (Davos), Gaëtan Haas (Bienne), Fabrice Herzog (Zoug), Ken Jäger (Lausanne), Mike Künzle (Bienne), Denis Malgin (Zurich), Tyler Moy (Rapperswil), Damien Riat (Lausanne), Tanner Richard (Genève), Tristan Scherwey (Berne), Calvin Thürkauf (Lugano).
Sélectionneur: Patrick Fischer.