Modifié

Andres Ambühl: "Un jour, le sélectionneur ne me convoquera plus et il en sera ainsi"

Andres Ambühl a répondu à nos questions en marge du Mondial à Prague. [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
Andres Ambühl a répondu à nos questions en marge du Mondial à Prague. - [KEYSTONE - PETER SCHNEIDER]
Andres Ambühl dispute à Prague son 19e Championnat du monde. A 40 ans, l’attaquant grison évolue notamment cette année sur le power-play en compagnie de quatre joueurs de NHL, signe révélateur de l’importance qu’il conserve en équipe de Suisse. RTSsport a rencontré l'attaquant grison en marge du Mondial pour évoquer son incroyable carrière.

Son nom est ovationné au même titre qu’un Roman Josi ou Nino Niederreiter par le public tchèque avant chaque rencontre de l’équipe de Suisse à l’Arena de Prague. Il ne compte pourtant aucune rencontre de NHL à son actif, mais Andres Ambühl est une véritable star du hockey qui a marqué toute une génération de joueurs et de fans. "C’est vraiment spécial pour moi. C’est aussi pour cela que je pratique ce sport. Ce n’est pas uniquement pour la glace, mais aussi pour ce qu’il y a autour. Je trouve cette appréciation très belle et j’en suis très reconnaissant", se réjouit le natif de Davos, où il a effectué toute sa formation et avec qui il dispose encore d’une année de contrat.

Pour moi, la sélection nationale n’est pas quelque chose que tu choisis

Andres Ambühl

L’attaquant grison a débuté sa carrière avec le HCD lors de la saison 2000-2001, tout en étant le capitaine de l’équipe de Suisse U18. Lors de son premier but chez les professionnels, sur la glace de Zurich, "Bühli" avait pour adversaires des joueurs comme Jan Alston (son actuel directeur sportif), Paolo Duca (directeur sportif d’Ambri) et Ari Sulander (légende des ZSC), alors qu’il évoluait notamment avec Lars Weibel (actuel directeur des équipes nationales) et… Patrick Fischer, sélectionneur de l’équipe de Suisse.

Andres Ambühl a excellé contre le Danemark samedi. [IMAGO - Andrea Branca]
Andres Ambühl a excellé contre le Danemark samedi. [IMAGO - Andrea Branca]

Une précieuse polyvalence

Quelque 22 ans plus tard, Andres Ambühl continue d’enchanter les foules, même si sa production offensive a logiquement commencé à diminuer (22 points en 52 matches de NL cette saison). S’il n’est peut-être plus en mesure de réaliser un solo à travers toute la glace comme il a pu le faire par le passé (voir ci-dessous), le vétéran de 40 ans conserve encore une précieuse qualité de passe. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est aligné en compagnie des joueurs de NHL sur le jeu de puissance helvétique. Son coup d’œil pour offrir le 3-0 à Kevin Fiala contre le Danemark a marqué les esprits.

"J’ai l’avantage de pouvoir jouer un peu partout, que ce soit en power-play, en box-play, sur une première ligne, sur une ligne à vocation défensive… J’essaie d’être toujours prêt, peu importe le rôle qu’on m’attribue, et je crois que je ne m’en sors pas trop mal pour l’instant…", glisse malicieusement le polyvalent attaquant, qui a même parfois dépanné en défense à Davos. Avec 5 points en 6 rencontres et 13’17 de temps de jeu par match depuis le début du Mondial alors qu’il est régulièrement aligné comme 13e attaquant, il est en effet difficile de lui donner tort.

La sélection n'est pas un choix

Il viendra toutefois un jour (le plus lointain possible, espérons-le) où Andres Ambühl n’évoluera plus avec l’équipe de Suisse. Le Grison affirme ne pas s'en préoccuper. "Je pense que cela doit venir naturellement. A un moment donné, le sélectionneur ne me convoquera plus et il en sera ainsi. Pour moi, la sélection nationale n’est pas quelque chose que tu choisis. Tu reçois une convocation, tu y vas et si tu ne reçois pas de convocation, tu n’y vas pas. C’est aussi simple que cela", explique-t-il. Des discussions ont néanmoins eu lieu avec Patrick Fischer. "Nous avons toujours été très ouverts l’un envers l’autre. Nous savons tous les deux que la fin s’approche d’une manière ou d’une autre, mais c’est aussi ok pour moi. C’est le sport", reconnait sobrement "Bühli".

Je crois que si je passais douze semaines en salle de force, ce serait plus difficile pour moi

Andres Ambühl

Ses 19 participations au tournoi planétaire signifient aussi que l’attaquant grison achève régulièrement sa saison fin mai, soit un à deux mois plus tard que la plupart de ses coéquipiers. Les semaines de préparation qu'il manque ne lui pose néanmoins guère de problème. "Cela m’arrange de n’avoir que quatre à cinq semaines d'entraînement estival. Nous nous entraînons à nouveau en août et, avec ma propre préparation physique, cela me suffit. Je crois que si je passais douze semaines en salle de force, ce serait plus difficile pour moi de jouer au hockey", lance le Davosien, visiblement peu féru de ce genre d’exercices.

Une source de motivation

Malgré les années qui défilent, l’équipe de Suisse reste toujours pour lui une véritable source de motivation pour réaliser de bonnes performances durant l’année. "Au début de la saison, c’est un objectif d’être encore convoqué pour le Mondial au terme de celle-ci. Cela me pousse à bien jouer pour décrocher cette possibilité. L’équipe nationale, c’est quelque chose qui m’a toujours plu", affirme le Grison, qui porte le maillot à croix blanche depuis les M16.

L’histoire d’amour entre Andres Ambühl et l’équipe de Suisse "A", qui a débuté en 2003, s’approche inexorablement de sa fin. Nul doute que remporter une médaille à Prague en étant encore décisif à bientôt 41 ans constituerait une récompense à la hauteur de son immense carrière.

De Prague, Bastien Trottet - @BastienTrottet

Publié Modifié

Les JO de Vancouver comme meilleur souvenir

Des 21 ans passés sous le maillot national, que retient-il? Andres Ambühl cite bien évidemment la médaille d’argent de 2013, lui qui a manqué celle de 2018 pour sa seule absence lors d’un Mondial, mais pas uniquement. "Les Jeux olympiques de 2010 à Vancouver était très particuliers. Il y avait tellement de bons joueurs présents et nous avions disputé un bon tournoi", rappelle le Davosien. La Suisse avait en effet été éliminée en quarts de finale par les USA de Patrick Kane, Zach Parisé et autres Joe Pavelski, qui ont été défaits en prolongation contre le Canada en finale.

Peu d’attention aux nombreux records

Détenteur du record international du nombre de matches disputés dans un Mondial (137) et joueur suisse le plus capé de l’histoire (332 sélections), Andres Ambühl ne prête pourtant pas vraiment d’attention à ces chiffres, du moins tant qu’il est encore actif. "Peut-être que quand j’aurai terminé ma carrière et que je regarderai ce que j’ai accompli, j’en prendrai un peu plus conscience et j’en serai peut-être même fier", concède-t-il. Le Grison étant également le meilleur passeur (97) et le meilleur pointeur (151) de sa sélection, il aurait sacrément de quoi l’être.

Andres Ambühl en bref

Né le 14 septembre 1983 (40 ans) à Davos (GR).
Taille et poids: 1m76 pour 84kg.
Poste: attaquant.
Tir: droitier.

Clubs professionnels: HC Davos (2000-2009), Hartford Wolf Pack (AHL/2009-2010), Zurich Lions (2010-2013), HC Davos (depuis 2013, contrat jusqu'en 2025).
Équipe de Suisse: international depuis 2003 (332 sélections). 19 participations au Mondial et 5 aux Jeux Olympiques.

Palmarès: Champion de Suisse (2001, 2005, 2007, 2009, 2012 et 2015). Vice-champion du monde (2013). Multiples distinctions individuelles.