Ajoie (14e/-)
Cette saison 2023-2024 restera dans les annales comme particulièrement paradoxale pour Ajoie. Les Jurassiens ont en effet signé leur 2e meilleur total de points dans l’élite (39) malgré plusieurs longues séries de défaites (9 en octobre et en février). Ils ont aussi démontré une véritable progression dans le jeu en rivalisant chaque soir avec leur adversaire et en ne concédant "que" 11 défaites (sur 40) avec plus de 2 buts d’écart. Le système défensif prôné par Christian Wohlwend leur a en outre permis de décrocher un blanchissage, ce qui ni Kloten ni Genève n’ont par exemple réussi.
Malgré ces performances plutôt satisfaisantes, les Ajoulots ont rapidement été distancés et condamnés à disputer un playout contre Kloten sans l’avantage de la glace. Les Aviateurs ne partiront néanmoins pas favoris, tant leur saison, disputée pratiquement en intégralité à 5 étrangers, s’est avérée cauchemardesque. Les Zurichois apparaissent tout à fait à la mesure d’un HCA qui a laissé une bien meilleure impression tout au long de l’exercice. S'imposer dans cette série (qui pourrait toutefois être annulée en cas d'élimination de Viège et d'Olten des playoffs de Swiss League) confirmerait le pas en avant observé jusqu'ici.
Bienne (9e/-)
Les Biennois ont réussi leur mission de rattrapage après un début de saison pour le moins compliqué. Ils se sont même offerts le luxe de terminer devant Genève, leur adversaire en play-in, avec qui ils se classent au coude-à-coude pour la 4e fois en 5 ans. Il s’en est pourtant fallu de peu, mais les dirigeants biennois ont réagi au bon moment en se débarrassant d’un entraîneur qui n’avait plus guère de crédit auprès de quiconque (voir encadré). Onzièmes à 3 rencontres du terme, les Seelandais ont décroché 7 points sur 9 possibles pour terminer in extremis à la 9e place.
Vainqueur de ses deux derniers duels contre les Genevois, Bienne peut voir dans ce play-in l’occasion de se venger de la finale de l’an dernier. Si le chemin vers la gloire semble particulièrement compliqué pour les Seelandais, qui devraient encore affronter Lugano ou Ambri au 2e tour avant de retrouver Zurich en playoffs, nul doute qu’une simple présence en quarts constituerait déjà une satisfaction au vu de leur exercice rocambolesque (voir épisodes précédents).
Fribourg (2e/-)
Les Dragons ont achevé en fanfare l’une des plus belles saisons régulières de leur histoire. Avec 102 unités, ils ont en effet battu le record de 2012-2013 (99 points) et n’avaient plus autant marqué de buts (175) depuis 1994-1995 (177, mais en 36 matches seulement). Ils se sont en outre trouvé en Marcus Sörensen une locomotive offensive qui les a porté soir après soir (voir encadré). Le niveau stratosphérique de Reto Berra (2 buts encaissés par rencontre, seul le Zurichois Simon Hrubec a fait mieux) à l’autre bout de la glace explique également l’excellent exercice des Fribourgeois.
Les joueurs de Christian Dubé se retrouvent désormais à un moment de vérité. Ils affronteront Lugano ou Ambri en quarts avec "l’obligation" de se qualifier pour éviter une deuxième déception majeure d’affilée. Une situation difficile à gérer et similaire à celle vécue l’an dernier par Genève, qui avait longtemps souffert contre les Bianconeri. Les Fribourgeois réaliseront-ils le même parcours que les Grenat et décrocheront-ils à leur tour un premier titre?
Genève (10e/-2)
Les Aigles ont connu une fin de saison régulière compliquée avec 4 défaites consécutives et seulement 3 victoires sur leurs 8 dernières parties. Les champions de Suisse et d’Europe en titre ont terminé hors du top-8 pour la première fois depuis 2011-2012 et signé leur second plus mauvais classement depuis leur retour dans l’élite (en 2002) après un 11e rang en 2005-2006. Les efforts consentis pour remporter la Ligue des champions (13 matches supplémentaires) et les absences prolongées de certains cadres justifient toutefois cette contre-performance.
La disette offensive de Teemu Hartikainen constitue une autre piste d’explication. Le Finlandais de 33 ans, auteur de 27 buts l’an dernier, n’en a inscrit que 8 cette saison. Pire, il n’a pas marqué à 5 contre 5 entre le 29 septembre et le 4 mars, soit un gouffre de 44 (!) matches. Sa réussite lors de la dernière journée contre… Bienne pourrait toutefois lui servir de déclic. Il le faudra si les Grenat ne veulent pas se retrouver en vacances un mois et demi plus tôt qu’en 2023.
Lausanne (3e/+1)
Les Lions ont profité de la déroute de Zoug (voir encadré) pour s’installer sur le podium, égalant ainsi le meilleur classement de leur histoire moderne obtenu en 2018-2019. Les Lausannois n’auront finalement connu qu’un seul creux sur tout l’exercice, lorsqu’ils ont concédé 7 défaites en 9 matches en octobre, immédiatement compensé avec une série de 7 victoires. La saison des Vaudois s’est ensuite déroulée dans le calme et la sérénité avec une offensive protéiforme (7 joueurs à plus de 10 buts, seul Berne en compte autant).
La tâche qui attend désormais le LHC s’annonce toutefois ardue. Ils affronteront en quarts un Davos qu’ils ont certes battu à 3 reprises, mais qui n’est autre que la 2e meilleure équipe de NL en 2024 avec 1,95 point par match. Une qualification face aux Grisons aurait en outre une portée historique pour les Lausannois, puisqu’il ne s’agirait que de la 2e série de playoffs qu’ils remporteraient dans l’élite. Seule certitude: après plusieurs années de tourments, Lausanne a dans tous les cas réussi son retour au premier plan.
Tous les chiffres sont tirés du site de la Fédération suisse de hockey sur glace et de nlicedata.com.
Bastien Trottet - @BastienTrottet
Tuto: les play-in, qu’est-ce que c’est?
Introduits cette saison pour éviter une élimination brutale des équipes les mieux classées, les play-in donnent une deuxième chance au 7e et au 8e. Lugano (7e) et Ambri (8e) vont s’affronter d’un côté, Bienne (9e) et Genève (10e) de l’autre. Le perdant du derby tessinois devra ensuite batailler contre le gagnant du derby romand pour disputer les playoffs.
Chaque "série" se dispute sur 2 rencontres dont le vainqueur est déterminé aux points. Le match nul est donc possible et la différence de buts ne joue aucun rôle. Le classement de la saison régulière détermine ensuite l’adversaire en playoffs.
L'info de la quinzaine: Bienne se sépare de Petri Matikainen
L’aventure tumultueuse entre Petri Matikainen et le HC Bienne s’est logiquement terminée le 25 février après une claque 5-0 à Rapperswil qui avait fait glisser les Seelandais à la 11e place. Cette décision était devenue inéluctable, tant le courant ne semblait plus passer entre l’ancien policier et ses joueurs. Le directeur sportif Martin Steinegger a donc pris ses responsabilités en se séparant du Finlandais et en assurant lui-même l’intérim en compagnie d’Anders Olsson, ancien assistant à Bienne (2017-2021) qui officiait cette saison à Martigny.
Le chiffre à retenir
8
Zoug (3e) a connu un mois de février désastreux avec 8 défaites consécutives. Le club de Suisse centrale n’a plus remporté les 3 points depuis le 27 janvier (11 matches) et ne compte qu’une victoire sur ses 9 dernières sorties. Minés par les blessures, les Taureaux ont disputé le sprint final sans leurs 3 meilleurs défenseurs et 2 de leurs principaux attaquants, ce qui explique ces résultats inhabituels. Le EVZ espère sans doute que la pause avant les playoffs lui permette de récupérer certains absents, sans quoi il lui sera très difficile de lutter pour le titre.
Le joueur marquant: Marcus Sörensen
Après une lutte acharnée avec le Luganais Calvin Thürkauf (60 points), c’est Marcus Sörensen (63 points) qui a décroché le titre honorifique de meilleur pointeur de NL. Buteur d’exception (31 réussites), le Suédois de 31 ans n’a pas non plus rechigné à transmettre la rondelle avec 32 assists (5e de la ligue). L’attaquant a en outre prolongé son bail jusqu’en 2027 avec les Dragons, tout comme ses compatriotes Lucas Wallmark (47 points) et Jacob De la Rose (31 points). Un premier très gros coup réussi par Gerd Zenhäusern, le nouveau directeur sportif des Dragons.