"Pourquoi le hockey? J'étais attiré par ce qui était différent", explique Pierre-Edouard Bellemare

Le 31 octobre dernier, plus d'un suiveur de la National League a sans doute été surpris par la nouvelle. Petit Poucet du championnat helvétique, le HC Ajoie s'offrait en effet les services de Pierre-Edouard Bellemare, 785 matches et 2 finales de NHL au compteur!

Arrivé à la fin d'un joli parcours -entamé à l'âge vénérable de 29 ans- long de 10 saisons outre-Atlantique, le capitaine de l'équipe de France s'est notamment laissé convaincre par Boris Gellé. Le chef matériel du HCA, qui occupe ce même poste avec les Bleus, a en effet facilité les contacts entre le club jurassien et l'attaquant de 39 ans. Lequel sortait d'un essai infructueux à Colorado.

Habiter dans une petite ville comme Porrentruy ne me fait pas peur

"Après 10 ans en NHL, je voulais être le plus possible à la maison. Avec ma femme, on aime bien ce type de région, car on vit à Skelleftea, en Suède, pendant l'été. Habiter dans une petite ville comme Porrentruy ne nous fait donc pas peur", explique le natif de Paris.

"D'autres clubs suisses me désiraient tel quel, avec mon caractère, mon agressivité et ma grande gueule dans le vestiaire. Ajoie, au contraire, me voulait en tant qu'attaquant dominant dans plusieurs domaines. Or, cela faisait très longtemps que je n'avais pas eu de rôle offensif. Cela correspondait très bien avec ma volonté de toujours apprendre", poursuit l'ex-joueur de Seattle.

Le hockey n'est de loin pas le sport le plus médiatisé dans l'Hexagone. Pourtant, Bellemare a décidé de chausser des patins à l'âge de 6 ans et demi... à Montpellier. Pourquoi? "Parce que je n'aimais pas courir et que j'étais attiré par ce qui était différent", répond-il. Le début d'une belle aventure qui, par la suite, l'a conduit de Rouen aux clubs suédois de Leksands et de Skelleftea, jusqu'à la sacro-sainte NHL.

En 2018, la scène est devenue trop grande pour de nombreux joueurs de Vegas en finale

"Pi-Ed" a, ainsi, fait ses débuts dans la meilleure ligue du monde en 2014, avec les Philadelphia Flyers. "La NHL, c'est un monde où tu n'as rien d'autre à penser que jouer au hockey. Tout est démesuré. Certes, le côté humain est moins mis en avant. Mais ça reste une expérience géniale à vivre", estime-t-il.

De ses 2 finales perdues en Amérique du Nord, Bellemare regrette le plus amèrement la première, avec Vegas en 2018. Les Golden Knights avaient déjoué les pronostics en atteignant la dernière marche lors de leur saison inaugurale. "Notre plus grande star était le gardien Marc-André Fleury, et il était aussi le joueur le plus humble de l'effectif. Dans ces conditions, on ne pouvait qu'avoir une équipe en or", se souvient le Français, alors coéquipier du défenseur zougois Luca Sbisa.

"Les experts, qui nous étaient défavorables tout au long des playoffs, ont changé leur chanson avant la finale face à Washington. La scène est du coup devenue trop grande pour de nombreux joueurs", déplore le Tricolore.

Avec Tampa Bay en 2022, le contexte était tout autre contre Colorado. "Là, en revanche, on était fracassé. Il nous manquait nos 2 meilleurs joueurs et 5 d'entre nous étaient passés sur le billard au lendemain du dernier match. On se demandait presque ce qu'on faisait à ce stade de la compétition".

Terminer sur des JO, ce serait une fin parfaite pour moi

Outre le maintien avec le HC Ajoie, un dernier grand défi se profile à l'horizon pour Bellemare: les JO 2026. L'équipe de France n'a certes pas validé sa présence à Milan lors du tournoi de qualification en septembre. Mais elle devrait néanmoins sans doute être de la partie en remplacement de la Russie, toujours bannie à cause de la guerre en Ukraine. L'IIHF prendra une décision à ce sujet en février prochain.

"Cela fait 22 ans que la France est absente du tournoi olympique de hockey. Je rêve d'y participer depuis toujours, aussi pour imiter ma soeur (réd: ex-gymnaste, Rose-Eliandre Bellemare avait pris part aux JO d'été de Pékin en 2008). J'ai hâte que le vote ait lieu pour en avoir la confirmation. Terminer sur des JO, ce serait une fin parfaite pour moi", clame Bellemare.

Interview de Pascal Thurnherr, en collaboration avec Michaël Taillard