"J'adore jouer en Suisse, donc je ne me vois pas repartir en NHL plus tard", affirme Austin Czarnik

Si le CP Berne connaît un exercice 2024/25 brillant jusqu'ici, il le doit en bonne partie à Austin Czarnik. Cet été, l'Américain de 32 ans était pourtant arrivé dans la capitale en catimini. Et ce en remplacement du Finlandais Kalle Kossila, qui n'avait pas passé les tests médicaux.

Or, l'ex-attaquant des Detroit Red Wings constitue bien plus qu'une solution de rechange: il est tout simplement devenu l'une des pièces maîtresses du coach Jussi Tapola! Jeudi matin, Czarnik pointe en effet au 4e rang du classement des compteurs de National League, avec ses 35 points (11 buts et 24 passes décisives).

Même gabarit, même rôle et même talent: le sympathique joueur de 1m75 n'est d'ailleurs pas sans rappeler un certain Ivo Rüthemann, qui a marqué l'histoire des Ours entre 1999 et 2014 avec 3 titres de champion à son actif.

Quoi qu'il en soit, le natif de Detroit s'en ira déjà sous d'autres cieux à l'issue de la saison, faute d'être parvenu à un accord satisfaisant avec les dirigeants du "SCB". Ce sera, comme le veut la rumeur, probablement à Lausanne. Où officie d'ailleurs Geoff Ward, son ancien entraîneur aux Calgary Flames.

Mon asthme? La plupart du temps, c'est gérable

RTSsport.ch: Vous ne marquiez plus depuis le 1er décembre. Ce but aux Vernets vous a assurément fait plaisir?

AUSTIN CZARNIK: Oh oui, c'était super! Victor Ejdsell (ndlr: le Suédois joue sur le même trio que lui) a marqué lors du match précédent (ndlr: succès 5-4 à Kloten le 4 janvier), et là c'était mon tour. Espérons qu'on va surfer sur cette vague positive. Le plus important, c'est de trouver le moyen de gagner. Avant mon arrivée ici, je savais en tout cas que je pouvais bien jouer dans cette ligue.

RTSsport.ch: Votre départ de Berne en fin de saison a déjà été rendu public. Resterez-vous en Suisse?

AUSTIN CZARNIK: Oui. Mais je ne peux rien dire avant que cela soit officialisé. Je ne me fixe pas une date limite pour mettre un terme à ma carrière. Jusqu'ici, j'adore mon expérience dans ce pays. Mes enfants, une fille et un fils en bas âge, grandissent. Donc je ne me vois pas retourner en NHL plus tard. Car c'est un privilège de pouvoir passer du temps avec eux chaque jour à la maison.

RTSsport.ch: Vous alignez les bonnes performances. Et ce malgré que vous soyez asthmatique! Cela ne vous perturbe jamais lorsque vous patinez?

AUSTIN CZARNIK: J'y suis habitué depuis que j'ai 4 ou 5 ans. Mais j'ai appris à gérer ce problème et j'ai un inhalateur qui facilite ma respiration. En fait, cela me dérange surtout lorsque je suis malade: là, j'ai la sensation de davantage ressentir mes poumons. Sinon, la plupart du temps, c'est gérable.

Je ne peux même pas imaginer ce que la femme de Johnny Gaudreau a traversé

RTSsport.ch: Vous avez côtoyé de nombreuses stars en NHL, dont Patrice Bergeron à Boston et le regretté Johnny Gaudreau à Calgary. Avez-vous une anecdote à nous partager?

AUSTIN CZARNIK: Un jour, j'avais fait découvrir une boisson spéciale à Johnny dans une fameuse chaîne de cafés américaine. On avait ensuite pris l'habitude de s'envoyer des selfies chaque fois qu'on la buvait. On avait même continué cette petite tradition lorsque nous ne jouions plus ensemble. C'était notre manière amusante de garder le contact, en dehors des fois où on se recroisait sur la glace en NHL. Ca restera un joli souvenir. Son épouse et la mienne s'entendent bien, d'ailleurs. Etant parent moi aussi, je ne peux même pas imaginer ce qu'elle a dû traverser depuis le décès de Johnny l'été dernier. C'est si triste...

RTSsport.ch: Votre meilleure saison dans la meilleure ligue du monde, vous l'avez vécue en 2018/19 avec les Flames: 55 parties, 18 points et votre unique rencontre en séries à la clé.

AUSTIN CZARNIK: Nous étions la meilleure équipe de la Conférence ouest après la saison régulière. C'était une année incroyable, un peu folle. Nous étions souvent menés au score, mais nous étions toujours capables de sortir le grand jeu en 3e période pour passer l'épaule. Mais au 1er tour des playoffs, on s'est fait éliminer par Colorado et un grand Nathan MacKinnon...

Durant mon enfance, j'ai toujours eu une relation d'amour-haine avec les Detroit Red Wings

RTSsport.ch: Ces 2 dernières années, vous avez porté les couleurs du club de Detroit, votre ville. Avec sans doute une certaine fierté?

AUSTIN CZARNIK: En réalité, j'ai toujours eu une relation d'amour-haine avec les Red Wings durant mon enfance. J'avais un petit côté provocateur et hypocrite qui rendait fous mes camarades d'école: je supportais toujours l'équipe adverse! Vers la fin des années 90 et au début des années 2000, je trouvais qu'il y avait beaucoup de Russes dans l'effectif. Et en tant qu'Américain, je n'arrivais pas, du coup, à m'identifier à cette équipe. Bon, en même temps, j'avais paradoxalement des posters des Red Wings dans ma chambre... Mais quand je regarde dans le rétro, je suis quand même fier d'avoir évolué avec le club de ma ville natale. C'était une expérience incroyable.

RTSsport.ch: Durant votre 1re saison dans l'auto-proclamée "Hockeytown", vous avez évolué avec le Zurichois Pius Suter.

AUSTIN CZARNIK: C'était un excellent coéquipier, l'un de mes plus proches amis dans le vestiaire. Il m'a toujours accueilli chaleureusement, alors que je faisais des allers-retours entre Grand Rapids en AHL et Detroit. Puis, quand j'ai signé à Berne, il m'a appelé pour me donner 2-3 conseils sur le championnat suisse et sur les lieux à visiter.

Propos recueillis par Michaël Taillard